Maroc : le 50ème anniversaire de la Marche Verte chargé de symbole
Les Marocains célèbrent, dans la soirée du 31 octobre 2025 à Rabat, la décision du Conseil de sécurité de l’ONU exprimant son soutien au plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental. ©ABDEL MAJID BZIOUAT/AFP

Le Maroc célèbre, ce 6 novembre, le cinquantième anniversaire de la Marche verte, une commémoration hautement symbolique cette année quelques jours après l’adoption, le 31 octobre 2025, d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Cette dernière considère le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental comme « une base sérieuse et crédible » pour une solution politique durable.

Le texte, rédigé sous la conduite des États-Unis, appelle les parties concernées à reprendre les discussions sur la base de ce plan présenté par Rabat en 2007, qui propose une autonomie du Sahara occidental sous souveraineté marocaine. Washington, qui a reconnu la marocanité du Sahara en 2020 dans le cadre des accords d’Abraham, estime que ce plan représente la solution la plus réaliste.

Quelques jours après ce vote, le roi Mohammed VI a annoncé que le 31 octobre deviendrait une nouvelle fête nationale, en hommage à ce qu’il a qualifié d’« étape charnière et un tournant décisif dans l’histoire du Maroc moderne ». Une décision qui s’inscrit dans la continuité de celle de son père, le roi Hassan II, qui avait lancé la Marche verte le 6 novembre 1975, aujourd’hui également célébrée comme fête nationale.

Un évènement fondateur de l’histoire du Maroc

À cette époque, le Sahara occidental était sous occupation espagnole depuis plus d’un siècle. Dans le contexte de la décolonisation, l’Espagne envisageait, soutenue par les Nations Unies, d’organiser un référendum d’autodétermination du territoire. Le Maroc, de son côté, revendiquait le Sahara comme faisant partie intégrante de son royaume, en invoquant des liens historiques d’allégeance entre certaines tribus sahraouies et la monarchie chérifienne.

En octobre 1975, à la demande du roi du Maroc, la Cour internationale de justice (CIJ) rend un avis consultatif reconnaissant l’existence de ces liens, mais estimant que « les éléments et renseignements portés à sa connaissance n'établissent l'existence d'aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara occidental d'une part, le Royaume du Maroc ou l'ensemble mauritanien d'autre part ».

 Dans un climat de tension croissante, le roi Hassan II appelle alors à une « croisade pacifique » vers ce territoire pour réaffirmer la marocanité du Sahara occidental. Près de 350 000 Marocains répondent à son appel et marchent jusqu’à la frontière de manière pacifique, armés du Coran et du drapeau national, sous encadrement logistique de l’État et de l’armée marocaine.

Cette démonstration de force conduit le gouvernement espagnol à négocier. Le 14 novembre 1975, Madrid signe avec Rabat et Nouakchott les accords tripartites de Madrid : l’Espagne s’engage à se retirer du territoire, dont deux tiers passent sous administration marocaine et un tiers à la Mauritanie. La marche est toutefois condamnée par la résolution 380 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui appelle au retrait immédiat des participants.

À partir de cette date, le Maroc affirme progressivement son autorité sur le territoire, profitant en 1979 du retrait mauritanien pour en contrôler la quasi-totalité. Rabat fait cependant face à l’opposition du Front Polisario, soutenu par l’Algérie, qui continue de revendiquer l’indépendance du Sahara occidental.

Aujourd’hui, la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara et la récente résolution du Conseil de sécurité renforcent la perception d’un tournant diplomatique favorable à Rabat. Cinquante ans après, la Marche verte demeure un puissant symbole d’unité nationale et de continuité historique, célébré chaque année dans tout le royaume.

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