Israël a mené, jeudi, une série de frappes sur le sud du Liban après avoir appelé des habitants de trois villages à les évacuer, disant viser des cibles du Hezbollah qu'il accuse de vouloir se réarmer. Le président de la République, Joseph Aoun, ainsi que le commandement de l’armée ont fermement condamné cette recrudescence des violences.
L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir «lancé une série de frappes contre des cibles militaires du Hezbollah dans le sud du Liban».
En fin d’après-midi, la localité de Kfardounine (Bint Jbeil) a été ciblée après un avertissement adressé par l’armée israélienne aux résidents se trouvant à proximité du bâtiment visé, situé à une dizaine de mètres d’un poste de l’armée libanaise.
Elle avait appelé plus tôt des habitants de trois villages du sud du Liban: Aïta el-Jabal, Taybé et Teir Debba, à évacuer leurs logements, en prévenant qu'elle allait frapper des infrastructures militaires du Hezbollah dans cette région. Un blessé a été signalé à Teir Debba selon le ministère de la Santé.
Un peu plus tard, un porte-parole a appelé aussi à évacuer un bâtiment et ses environs du village de Zaoutar El Charkiyé, dans la même zone.
Raid israélien sur la localité de Zaoutar el-Charkiyé (Nabatiyé). pic.twitter.com/5NKTx5ulNb
— Ici Beyrouth (@Icibeyrouthnews) November 6, 2025
L'Agence nationale d'information (ANI) a fait état de frappes sur Aïta el-Jabal, Taybé et Teir Debba, alors que des drones survolent intensivement Beyrouth.
Les frappes ont provoqué un important mouvement de déplacement depuis plusieurs villages du caza de Tyr, alors que des habitants paniqués quittaient les zones perçues comme menacées par une possible escalade.
Plus tôt dans la journée de jeudi, une personne a été tuée et trois autres blessées lors d’une frappe israélienne visant la zone située entre Bourj Rahhal et Abbassiyé, également dans le caza de Tyr. La victime a ensuite été identifiée comme étant Ahmad Mohammad Jaafar, connu sous le nom d’Abou Ali. Le raid a semé la panique parmi les élèves de Maaraké, Abbassiyé, Toura et Tyr, tandis que des ambulances se précipitaient sur les lieux.
À la suite de la frappe, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a indiqué que la cible était une installation exploitée par le Hezbollah, la décrivant comme «une infrastructure utilisée pour produire du matériel destiné à la reconstruction de sites détruits pendant la guerre».
Un drone israélien a également visé une moto à Aïn Qana et largué une bombe le long du littoral de Ras el-Naqoura.
Par ailleurs, des avions de chasse israéliens ont été signalés au-dessus de Hermel et de plusieurs villages du nord de la Békaa, tandis que la région de Tyr a connu d’intenses survols de reconnaissance tout au long de la matinée.
En raison de l’intensification des frappes israéliennes dont plusieurs ont visé des zones proches d’établissements scolaires publics et privés dans les cazas de Tyr et de Nabatiyé, la plupart des établissements scolaires et universitaires de la région de Nabatiyé, ainsi que des villages touchés par les raids dans la région de Tyr ont annoncé la suspension des cours pour la journée de vendredi.
Le président Aoun condamne l’escalade
Face à cette escalade, le président de la République, Joseph Aoun, a fermement condamné ce qu’il a qualifié de «crime à part entière», soulignant qu’il s’agit non seulement d’une violation du droit international humanitaire, qui proscrit le fait de cibler et de terroriser des civils, mais aussi d’un «crime politique odieux».
«Chaque fois que le Liban manifeste son ouverture à une démarche de négociation pacifique pour régler les différends en suspens avec Israël, ce dernier redouble d’agressions contre la souveraineté libanaise, méprise ouvertement la résolution 1701 du Conseil de sécurité et persiste à violer l’accord de cessez-le-feu», a-t-il indiqué. Près d’un an après l’entrée en vigueur de cet accord, «Israël n’a cessé de démontrer son refus de toute solution négociée entre les deux pays», selon le chef de l’État.
«Votre message est bien arrivé», a-t-il conclu.
Pour sa part, le commandement de l’armée a déclaré, dans un communiqué, que les frappes israéliennes «condamnables s’inscrivent dans la continuité de la politique destructrice de l’ennemi, qui cherche à saper la stabilité du Liban, à étendre la destruction dans le Sud, à prolonger la guerre et à maintenir la menace pesant sur les Libanais, tout en empêchant le déploiement complet de l’armée conformément à l’accord de cessez-le-feu».
«Par ailleurs, le commandement confirme que l’armée poursuit une coordination étroite avec la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), et que le partenariat entre les deux parties demeure fondé sur un haut degré de confiance et de coopération», selon le texte.
La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a également condamné les dernières frappes israéliennes, les qualifiant de «violations flagrantes de la résolution 1701 du Conseil de sécurité». La mission a indiqué que ces attaques surviennent alors que «l’armée libanaise mène des opérations visant à contrôler les armes et les infrastructures non autorisées dans la zone située au sud du Litani».
La Finul a averti que «toute action militaire, surtout d’une ampleur aussi destructrice, menace la sécurité des civils et compromet les progrès réalisés vers une solution politique et diplomatique». Les Casques bleus, a-t-elle ajouté, «continuent d’appuyer le Liban et Israël dans la mise en œuvre de la résolution 1701» et demeurent «sur le terrain aux côtés des soldats libanais, œuvrant à rétablir la stabilité dans le sud du pays».
Appelant Israël à «cesser immédiatement ces attaques et toute violation de la résolution 1701», la Finul a également exhorté «les acteurs libanais à s’abstenir de toute riposte susceptible d’enflammer davantage la situation». La mission a souligné que les deux parties doivent «respecter leurs obligations en vertu de la résolution 1701 et de l’accord conclu en novembre», avertissant qu’un manquement à ces engagements pourrait «mettre en péril les progrès durement acquis».



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