La sortie japonaise du documentaire de Shiori Ito, Black Boxes Diaries, marque un tournant dans un pays où les affaires de violences sexuelles sont rarement exposées publiquement. Sa diffusion, longtemps retardée pour des raisons juridiques, relance les débats sur la transparence et la protection des victimes.
Le documentaire de la journaliste nippone Shiori Ito, qui retrace son combat pour obtenir justice contre l’homme qu’elle accuse de viol, sortira en décembre au Japon, où sa diffusion avait été bloquée jusque-là pour des raisons juridiques.
Black Box Diaries, déjà sorti dans le reste du monde et nommé au début de l’année aux Oscars dans la catégorie du meilleur documentaire, a fait de son autrice une rare voix du mouvement #MeToo au Japon.
Le film raconte la lutte de la journaliste, aujourd’hui âgée de 36 ans, contre Noriyuki Yamaguchi, un ancien journaliste de télévision qu’elle accuse de l’avoir violée en 2015 après un dîner destiné à discuter d’une offre d’emploi.
Ses accusations ont d’abord été ignorées par la police, les procureurs et même une grande partie des médias. Elle a finalement remporté en 2019 un procès civil contre son agresseur présumé, après avoir échoué à obtenir des poursuites au pénal.
Son combat, également raconté dans un livre sorti en 2017, avait contribué à la libération de la parole sur les violences sexuelles au Japon, avec une réforme qui a clarifié et élargi la définition du viol dans le code pénal, pour faciliter les poursuites.
Mais le documentaire restait invisible dans l’archipel en raison de certaines scènes incluses sans l’autorisation de personnes filmées ou ayant fourni les images, les anciens avocats de Mme Ito soulevant des questions juridiques et éthiques.
Shiori Ito a présenté des excuses notamment à un chauffeur de taxi, qui l’avait amenée avec M. Yamaguchi à l’hôtel où se sont déroulés les faits qu’elle dénonce, pour avoir inclus son interview dans le film sans autorisation.
Black Box Diaries sortira finalement le 12 décembre dans une seule salle à Tokyo, selon un communiqué de l’un des distributeurs au Japon, Toei Advertising.
La version du documentaire qui sera diffusée au Japon «a été finalisée après avoir apporté certaines modifications et ajustements, en tenant compte des remarques des personnes concernées», indique sobrement le document.
«J’espère que la conversation suscitée après la projection contribuera à briser le silence, à protéger la prochaine personne (touchée par une situation similaire) et à faire bouger la société, pas à pas», a déclaré Mme Ito, citée dans le communiqué.
Avec AFP



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