Les habitants du Sud et les Libanais ne voient pas les choses de la même façon que le Hezbollah, à savoir de poursuivre la guerre et les combats. Ils veulent que cesse l’hémorragie, de vies et de destructions. L’entêtement n’arrêtera pas ce saignement; seule une décision rationnelle, prouvant que le Hezbollah a bien assimilé les nouvelles réalités, peut y mettre fin.
Le Hezbollah refuse que l’État libanais engage des négociations avec Israël, sans pour autant proposer la moindre alternative pour libérer les zones occupées et les prisonniers ou régler les points litigieux le long de la Ligne bleue. Il ne veut ni négocier, ni combattre directement Israël: il souhaite maintenir le statu quo, bloquant ainsi toute solution permettant la reconstruction, le retour des habitants dans leurs villages et le rétablissement du calme et de la stabilité. La réponse d’Israël ne s’est pas fait attendre: engager des négociations directes ou faire face à une escalade militaire.
Le Hezbollah s’est trompé en affirmant dans sa lettre ouverte que les négociations sur le cessez-le-feu se sont faites indirectement entre l’État et Israël. En réalité, c’est bien entre le Hezbollah et Israël qu’elles ont eu lieu. Tout comme le Hezbollah a imposé la guerre au Liban, le cessez-le-feu a également été imposé. Son discours sur l’unité nationale, la coordination entre les composantes libanaises et la préservation du vivre-ensemble et de la paix civile est incohérent: c’est lui qui, le premier, a fait fi de tous ces principes.
Autre aberration dans la lettre: l’interprétation erronée par le Hezbollah de l’accord de cessez-le-feu; une lecture qui ne s’appuie sur aucun texte ni quelconque logique. On croirait comprendre que, selon lui, la mission confiée auxdifférents appareils sécuritaires (6) autorisés à porter des armes serait limitée au sud du Litani, alors qu’au nord du fleuve, ces mêmes forces, ainsi que le Hezbollah et d’autres groupes, pourraient librement porter les armes et former des unités armées en attendant l’ennemi.
Il est une réalité que le Hezbollah n’a pas encore intégrée: la question de son armement n’est plus négociable. Elle a été tranchée par la décision du Conseil des ministres du 5 août, qui stipule que les armes doivent être exclusivement sous l’autorité de l’État. Cette décision, tardive mais nécessaire, met fin à toute prétendue légitimité concernant ces armes. Elles sont désormais dépourvues de tout cadre légal ou légitime, et il n’y a pas lieu d’en débattre. Le Hezbollah doit simplement appliquer sans délai la décision gouvernementale visant à placer définitivement toutes les armes sous l’autorité de l’État d’ici à la fin de l’année.
En résumé, que le Hezbollah l’accepte ou non, les négociations sont en cours et il n’existe aucune autre alternative. Ne voulant sans doute pas paraître politiquement fragilisé aux yeux de sa base, il publie donc ce texte pour afficher une opposition de façade, sachant qu’il n’a pas les moyens de bloquer le processus. Il l’a d’ailleurs déjà fait auparavant: il avait, avec le mouvement Amal, attaqué le cadre des négociations frontalières maritimes avant de présenter plus tard le résultat comme une victoire.
Les habitants du Sud et les Libanais ne veulent pas ce que veut le Hezbollah, c’est-à-dire la poursuite de la guerre et des combats. Ils veulent mettre fin à l’hémorragie, aux morts et aux destructions. L’entêtement n’y changera rien: une décision rationnelle est nécessaire, qui montre que le Hezbollah a compris les nouvelles réalités, que son rôle militaire et sécuritaire est désormais dépassé, et que d’autres options, plus bénéfiques pour lui et pour sa base, sont à sa portée.




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