Le festival international de la bande dessinée d’Angoulême traverse une crise profonde qui menace son édition 2026. Face au boycott annoncé par de nombreux auteurs, l’association du FIBD tente de rapprocher les deux candidats à son organisation.
Les deux candidats à l'organisation du Festival international de bande dessinée (FIBD) d'Angoulême doivent «envisager un rapprochement», a annoncé samedi l'association propriétaire de l'événement, dont la prochaine édition est menacée de boycott par de nombreux auteurs.
La société privée 9eArt+, délégataire actuel ciblé par de vives critiques au sein de la profession, et la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image ont jusqu'au 20 novembre pour soumettre «un projet commun», a précisé l'association à l'issue d'un appel à projets lancé sur fond de fortes tensions.
Depuis 2007 et jusqu'en 2027, la gestion du festival est confiée à 9eArt+, dont la simple reconduction aurait été fatale au festival créé en 1974, selon des observateurs.
Mi-octobre, la dessinatrice et autrice française Anouk Ricard, lauréate du Grand Prix 2025, avait annoncé qu'elle boycotterait la prochaine édition et l'exposition qui devait lui être consacrée, pour réclamer un «changement» à la tête de l'événement.
En début d'année, le dernier FIBD avait été marqué par une virulente mise en cause de 9eArt+, accusé dans la presse d'opacité financière, de «dérives» mercantiles et d'avoir licencié une salariée en 2024, qui venait de porter plainte pour un viol survenu en marge de l'événement.
Une information judiciaire est ouverte sur ces faits et la jeune femme conteste son licenciement devant les prud’hommes.
Au printemps, sous la pression des financeurs publics du festival (État et collectivités locales) et d'un appel au boycott signé par des auteurs comme Luz ou Fabcaro, l'association du FIBD avait mis fin au contrat de 9eArt+, ouvrant à la concurrence l'organisation de l'événement à partir de 2028.
Puis en juillet, le délégataire historique avait annoncé le retrait, à cet horizon, de son directeur décrié, Franck Bondoux, sans renoncer à candidater à l'appel à projets.
Au final, 9eArt+ figurait parmi les deux structures retenues par l'association du FIBD, en compagnie de la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image d'Angoulême. Cet établissement public de coopération culturelle, subventionné lui aussi par les collectivités locales et l'État, abrite notamment le musée local de la BD.
Un «rapprochement» entre les deux offres «vise à produire» une «plus grande transparence dans la gestion de l'événement», a souligné samedi l'association du FIBD.
Cette potentielle fusion «offre» également «aux financeurs publics de l’événement (...) l’opportunité de prendre une place appropriée dans la structuration de la gouvernance du Festival», a-t-elle ajouté.
Vendredi soir, l'appel à déserter le 53e festival (29 janvier-1er février) avait recueilli en ligne près de 2 300 signatures, dont celles d'autres lauréats récents du Grand Prix comme la Britannique Posy Simmonds, l’Américain Art Spiegelman ou les Français Blutch et Lewis Trondheim.
Avec AFP



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