Pour de nombreux Syriens, la visite de Chareh à Washington marque «un nouveau départ»
Un homme brandit un drapeau syrien en face de la Maison-Blanche après la rencontre du président syrien Ahmed al-Sharaa avec le président américain Donald Trump à Washington, DC, le 10 novembre 2025. ©Brendan Smialowski / AFP

Dans les rues de Damas, des Syriens estiment mardi que la visite historique de leur président à la Maison Blanche marque un point de bascule pour leur pays, désormais en mesure de s'amarrer à l'Occident et d'émerger du marasme économique.

«Si Dieu le veut, cette visite constituera un nouveau départ pour la Syrie et une ouverture sur le monde après des années d'isolement», affirme Bouchra Abdel Bari, une étudiante en quatrième année de droit.

«Nous espérons que cette visite (..) facilitera la reconstruction de la Syrie avec les États-Unis et le reste du monde», ajoute-t-elle.

Donald Trump a reçu lundi Ahmed el-Chareh, une première pour un chef d'État syrien et une consécration pour l'ancien jihadiste dont la tête était mise à prix par Washington.

Le département d'État a dans le même temps annoncé une nouvelle pause des sanctions américaines de la loi César, en attendant leur possible levée par le Congrès.

Cette loi imposait des sanctions américaines drastiques contre le pouvoir de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Dès sa prise de pouvoir après avoir renversé Bachar al-Assad en décembre 2024, le président intérimaire syrien a multiplié les ouvertures vers l'Occident et les États de la région, dont les riches monarchies du Golfe, mais s'est gardé de couper les ponts avec Moscou.

«Nouveau Moyen-Orient»

Historiquement, la Syrie a toujours évolué dans l'orbite de l'Union soviétique, puis de la Russie, qui fut la principale alliée de Bachar al-Assad pendant plus de 13 ans de guerre civile.

Pour Bouchra Abdel Bari, cette intervention russe «n'a apporté que ruine et destruction».

Omar Nassar, un imprimeur de 36 ans, se félicite également d'une bascule de son pays dans le camp occidental.

«La Syrie a payé le prix de son alignement  aux côtés du camp socialiste par le passé (..) et a été isolée de son environnement arabe et international», estime-t-il.

«Nous sommes très optimistes après cette visite (..) Nous nous attendons à des retombées positives dans les domaines économique et diplomatique», ajoute M. Nassar.

Saddam Hajjar, qui tient un kiosque à café, estime lui aussi que «les choses vont vers le mieux».

«Nous espérons faire partie à l'avenir du nouveau Moyen-Orient», ajoute-t-il, estimant que «le peuple syrien a droit à une vie meilleure après avoir fait tant de sacrifices».

Conclue par la chute de Bachar al-Assad, la guerre civile, déclenchée en 2011 par la répression d'un soulèvement pacifique pro-démocratie a fait plus d'un demi-million de morts. Elle a déplacé ou exilé des millions de Syriens, et mis l'économie à genoux.

Layal Kaddour, une employée d'une ONG âgée de 25 ans, salue dans la visite de M. Chareh à Washington «une démarche politique audacieuse, qui brise un long isolement». Elle en espère «un allègement des sanctions et l'ouverture de perspectives économiques».

Mais elle se demande aussi si la Syrie sera désormais «soumise à des pressions internationales qui influeraient sur la prise de décisions politiques» indépendantes, dans une référence aux pressions américaines sur la Syrie pour qu'elle normalise ses relations avec Israël.

AFP

 

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