Arabie saoudite–Liban : le grand dégel commercial en marche
©Ici Beyrouth

Les signaux d’un réchauffement entre le Liban et l’Arabie saoudite se multiplient. Pour beaucoup, il était temps que le pays du Cèdre retrouve sa place au sein de son environnement naturel : le monde arabe.

Lundi, le prince Zayed Ben Farhane, conseiller du ministre saoudien des Affaires étrangères, accompagné d’une délégation technique, a effectué une visite officielle à Beyrouth. Objectif : examiner les conditions d’une levée des obstacles qui paralysent les échanges commerciaux entre les deux pays depuis avril 2021. Une décrispation qui pourrait, à terme, redonner un souffle nouveau non seulement aux relations bilatérales, mais aussi au commerce entre le Liban et l’ensemble des pays du Golfe.

Sécurité renforcée : la condition essentielle

Cette visite intervient après que le Liban a démontré, au cours des derniers mois, une réelle efficacité dans la lutte contre le trafic de stupéfiants à destination du royaume. Une évolution saluée par un responsable saoudien cité par l’agence Reuters, affirmant que « Riyad s’apprête à prendre des mesures imminentes pour renforcer les relations commerciales avec le Liban ».

Pour rappel, l’élément déclencheur remonte à avril 2021, lorsque l’Arabie saoudite avait interdit l’entrée et le transit des fruits et légumes libanais après la découverte de 2,4 millions de comprimés d’amphétamine dissimulés dans une cargaison de grenades. Depuis, plusieurs secteurs libanais essuient de lourdes pertes.

Pourtant, malgré ces restrictions, le Liban n’a jamais interrompu ses importations de produits saoudiens, signe de bonne volonté, de coopération et de respect des liens historiques entre les deux pays.

Une chute brutale des exportations libanaises

Selon les données des douanes libanaises, les exportations vers l’Arabie saoudite dépassaient les 200 millions de dollars par an entre 2016 et 2020. Mais après l’interdiction, elles se sont effondrées à 124 millions en 2021, avant de frôler le zéro entre 2022 et 2025.

En 2020, elles s’élevaient encore à 220 millions de dollars, réparties entre : 92 millions pour les produits agricoles, 97 millions pour l’industrie, 10 millions pour les produits pharmaceutiques.

Quant au tourisme, pilier de l’économie libanaise longtemps porté par les visiteurs du Golfe, il a été frappé de plein fouet dès 2015, lorsque ces derniers ont été invités à éviter le Liban pour des raisons sécuritaires. À lui seul, le touriste saoudien représentait alors 16 % du total des dépenses touristiques dans le pays.

Le marché saoudien, poumon naturel de l’agriculture libanaise

Pour le ministre de l’Agriculture, Nizar Hani, la réouverture du marché saoudien représenterait « un facteur de stabilité » pour l’agriculture libanaise, largement dépendante des débouchés du Golfe. Les chiffres sont éloquents : avant 2020, 45 % des exportations agricoles libanaises étaient destinées aux pays du Golfe, dont : 13 % vers l’Arabie saoudite, 12,5 % vers le Koweït, 7,6 % vers le Qatar, 7,5 % vers les Émirats arabes unis, 3 % vers Oman, 1,5 % vers Bahreïn.

Le président de la Fédération des agriculteurs libanais, Ibrahim Tarchichi, espère désormais l’adoption rapide d’un calendrier clair pour une reprise effective des exportations vers Riyad.

Quels produits pourraient repartir en premier ?

Les agrumes — citrons, clémentines et autres variétés — figurent en tête de liste des produits prêts à retrouver le marché saoudien. Le raisin, très recherché en Arabie saoudite, conserve, lui aussi, un fort potentiel d’exportation.

La reprise progressive de ces filières représenterait un signal majeur pour l’ensemble de l’économie libanaise.

 

 
Commentaires
  • Aucun commentaire