L’ailier de 1. FC Köln n’a que 19 ans, mais il coche déjà toutes les cases du crack moderne : grand, rapide, buteur, décisif avec l’Allemagne et désormais suivi de très près par le FC Barcelone, le PSG, Manchester City ou encore le Bayern. Derrière les statistiques flatteuses, l’histoire d’un gamin né à Krefeld de parents libanais, recalé à 14 ans par Mönchengladbach, qui a failli tout arrêter avant de devenir l’une des plus grosses cotes du marché.
Les débuts d’un enfant de Krefeld aux racines libanaises
Said El Mala naît le 26 août 2006 à Krefeld, dans la Ruhr, d’un père libanais, Mohammed, et d’une mère allemande, Sabrina. Tous deux travaillent pour le groupe Henkel à Düsseldorf, loin des projecteurs mais au cœur de la stabilité familiale. Son père, ancien défenseur central du modeste Linner SV, lui transmet très tôt le virus du ballon rond.
Avant de porter le maillot de 1. FC Köln, le jeune Said enchaîne les clubs de la région : Linner SV, KFC Uerdingen 05 puis le prestigieux centre de formation du Borussia Mönchengladbach. À 14 ans, la sanction tombe : Gladbach le remercie. Une claque. Il pense sérieusement ranger les crampons, persuadé d’avoir “raté le train”. C’est son frère aîné, Malek, qui le rattrape au vol et le convainc de repartir au TSV Meerbusch, club formateur où les deux frères retrouvent le plaisir de jouer “comme dans la rue”.
Du rejet de Gladbach à l’explosion avec Viktoria Köln
En 2023, El Mala signe au Viktoria Köln. Là, tout s’accélère. Le 19 février 2024, il paraphe son premier contrat professionnel, puis débute en 3. Liga dans la foulée. Quelques mois plus tard, il est définitivement installé en équipe première. Son prêt prolongé par Köln pour contourner une interdiction de recrutement va se transformer en bénédiction : sur la saison 2024-2025, il empile 13 buts en 32 matches de championnat, sème les défenseurs sur son aile gauche et devient l’un des joueurs les plus redoutés de la division.
La fédération allemande ne s’y trompe pas : El Mala est élu “Newcomer de la saison” en 3. Liga et décroche dans la foulée une médaille d’argent Fritz-Walter chez les U19, trophée qui consacre les plus grands espoirs du pays. C’est à ce moment-là que son nom commence à circuler bien au-delà de Cologne : on parle désormais d’un ailier de 1,87 m, puissant, instinctif, capable de faire basculer un match sur une accélération.
Cologne, la Bundesliga et la porte de la Mannschaft
1. FC Köln avait flairé le bon coup en 2024 en signant le duo Malek–Said El Mala avant de les laisser en prêt une saison supplémentaire à Viktoria. En juillet 2025, le club de Bundesliga bétonne : prolongation jusqu’en 2030 pour les deux frères, message clair envoyé au marché.
Les premiers pas de Said en Bundesliga sont à l’image de sa trajectoire : sans complexe. Pour ses dix premiers matches de championnat, il inscrit déjà quatre buts et délivre deux passes décisives, souvent en sortie de banc, le tout en un peu plus de 300 minutes. Assez pour mettre le RheinEnergieStadion en ébullition… et pousser Julian Nagelsmann à franchir le pas.
Le sélectionneur allemand l’appelle pour la première fois avec la Mannschaft A pour les dernières rencontres de qualification au Mondial 2026 contre le Luxembourg et la Slovaquie. L’histoire retiendra que, le jour où Nagelsmann a essayé de le joindre, El Mala n’a pas répondu, croyant à un numéro inconnu lambda, avant de découvrir le message du coach et de rappeler en urgence. Un clin d’œil à la légèreté d’un garçon qui, malgré le bruit médiatique, reste fidèle à son naturel.
Entre-temps, l’Euro U19 2025 l’a déjà placé sur la carte : co-meilleur buteur de la compétition avec quatre réalisations, plusieurs passes décisives et une Allemagne stoppée seulement en demi-finales. Ces dernières semaines, il a franchi une marche de plus en découvrant la sélection Espoirs, où il continue d’enchaîner les minutes.
Ailier de rue dans un corps de numéro 9
Sur le terrain, Said El Mala est tout sauf un ailier académique. Grand, solide, mais doté d’un centre de gravité étonnamment bas pour sa taille, il aime ralentir son dribble pour endormir le défenseur avant de réaccélérer. Ses stats de Bundesliga en dribbles réussis le placent déjà parmi les joueurs les plus percutants d’Allemagne.
Formé sur les terrains vagues autant que dans les centres de formation, il cultive une vraie mentalité de “street footballer”. Perdre le ballon ne lui fait pas peur, à condition d’aller le récupérer dans la seconde. Ceux qui l’ont vu en 3. Liga racontent ce but traversant le terrain contre 1860 Munich : départ près de sa surface, série de crochets, changement de rythme et conclusion en solitaire.
Capable d’attaquer depuis l’aile gauche, de rentrer intérieur pour frapper pied droit ou de jouer dans l’axe en soutien d’un avant-centre, il offre un profil rare : un faux ailier-créateur avec des statistiques de finisseur. Pas étonnant que les recruteurs voient en lui un candidat naturel aux grandes soirées de Ligue des champions.
Barça, PSG, City, Bayern : l’Europe se bouscule
C’est ici que le dossier prend une dimension XXL. En Allemagne, Bild et la presse spécialisée parlent désormais d’un prix plancher entre 40 et 50 millions d’euros pour le lâcher, alors que sa valeur “officielle” est encore estimée à 18 M€ sur Transfermarkt.
Le Paris Saint-Germain a dégainé le premier en suivant de près ses performances depuis septembre, bientôt rejoint par Manchester City, le Bayern Munich, Manchester United et l’Inter. Mais, ces derniers jours, c’est surtout un nom qui fait vibrer l’imaginaire : FC Barcelona.
Selon plusieurs médias espagnols, Hansi Flick, fraîchement installé sur le banc blaugrana, a coché le nom d’El Mala pour renforcer le poste d’ailier gauche. Sport et d’autres titres évoquent un joueur parfaitement compatible avec le projet catalan : jeune, formé en Allemagne, extrêmement créatif, capable de jouer sur le côté comme entre les lignes.
Dans les bureaux de Cologne, on garde la tête froide : contrat jusqu’en 2030, aucune urgence à vendre et la conviction qu’un cycle complet au RheinEnergieStadion peut encore bonifier la valeur du joueur. Officiellement, le club répète qu’il veut “le développer avec patience”. Officieusement, tout le monde sait qu’un jour ou l’autre, un géant viendra frapper à la porte avec un chèque indécent.
Un symbole discret pour la diaspora libanaise
Pour les supporters libanais, l’histoire a une saveur particulière. Voir un joueur de sang libanais, né en Allemagne, porter le maillot de la Mannschaft et affoler les plus grands clubs européens n’est pas banal. El Mala n’a jamais fait de grandes déclarations identitaires, mais il assume pleinement ses origines, très proches de son père et de sa famille élargie.
À Krefeld, on raconte que les soirs de grands matches, le salon se partage entre maillot de l’Allemagne et drapeau rouge-blanc-rouge frappé du cèdre. Un double ancrage qui se lit aussi dans le jeu de Said : rigueur allemande, pressing constant, volume de course… mais aussi cette pointe de folie offensive qui fait lever les tribunes.
Recalé à 14 ans, propulsé en 3. Liga à 17, révélation de l’Euro U19 à 18, buteur en Bundesliga et appelé par la Mannschaft à 19, maintenant dans le viseur du Barça et des géants du Vieux Continent : la trajectoire de Said El Mala ressemble déjà à une fusée. Que son futur s’écrive au Camp Nou, à Paris ou sous d’autres couleurs, une chose est acquise : dans chaque dribble, dans chaque but, il y aura un peu de Krefeld, un peu de Cologne… et beaucoup de Liban.




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