Aya Nakamura dévoile Destinée, un cinquième album pensé comme une réaffirmation artistique après l’exposition médiatique des JO de Paris 2024. L’opus marque un retour maîtrisé d’une artiste devenue incontournable sur la scène musicale francophone et internationale.
Une sortie minimaliste pour une star mondiale: Aya Nakamura revient vendredi avec Destinée, un cinquième album à travers lequel elle signe un retour soigné, loin du tumulte qui avait accompagné sa participation à l'ouverture des Jeux olympiques de Paris en juillet 2024.
«No stress, en détente»: ces paroles composent le refrain de l'un des 18 titres de ce nouvel opus très attendu, mais peuvent aussi s'appliquer à l'état d'esprit d'une artiste qui n'a plus rien à prouver depuis Nakamura (2018) et ses tubes Djadja, Pookie et Copines.
La chanteuse franco-malienne, devenue à 30 ans l'une des voix francophones les plus écoutées au monde, apparaît «sereine en son royaume», titre de la une que lui consacre l’hebdomadaire culturel Télérama, publié mercredi.
Aya Nakamura soigne ses apparitions. Elle a ainsi choisi de se rendre à la Star Academy, pour la quotidienne de l’émission de la chaîne de télévision française TF1 diffusée mardi, afin de partager ses conseils avec les élèves du château.
Quelques jours plus tôt, elle avait accepté de revenir en longueur sur sa trajectoire de femme noire née au Mali et ayant grandi en banlieue parisienne, son indépendance artistique ou encore sa vie de mère de famille dans OuiHustle, une émission diffusée sur YouTube et en podcast.
«Grande maîtrise»
«Les gens, la plupart du temps, se projettent sur moi: des fois on me dit: tu aurais dû faire ça, tu serais mieux comme ci, tu serais mieux comme ça. Mais on n'a pas les mêmes chaussures, on n'a pas le même vécu, tu peux pas venir me dire que ce que je fais c'est n'importe quoi», a-t-elle notamment estimé à ce micro.
D'une grande chaîne de télé à une émission de niche sur internet, la chanteuse, par ailleurs égérie d’une marque de luxe, réussit un grand écart pour s'adresser à différents publics.
«Aujourd'hui, plus personne ne peut questionner sa légitimité et elle n'a pas besoin d'en faire plus», analyse pour l'AFP Narjes Bahhar, responsable éditoriale rap et R&B France de la plateforme de streaming musical Deezer.
«Tu as l'impression qu'elle a une nonchalance mais elle a une grande maîtrise», souligne-t-elle, notant que cette «artiste instinctive» a «toujours su saisir les opportunités» pour construire sa carrière.
Avec Destinée, Aya Nakamura élargit encore davantage sa palette musicale, qui mêle déjà RnB, pop et sonorités afro-caribéennes.
Cyberharcèlement
L'opus renferme cinq duos dont un avec Kali Uchis, surnommée «la reine du RnB latino-américain», ou encore avec l’artiste franco-haïtien Joé Dwèt Filé avec Baddies, déjà paru et qui a inondé les playlists estivales.
«C'est elle la capitaine depuis pas mal de temps avec sa structure, Nakamura Industrie», explique Narjes Bahhar.
«Classée dans les charts de plus de 40 pays» selon son tourneur Live Nation, Aya Nakamura sait aussi que ses moindres faits et gestes sont scrutés, autant par ses fans que par ses contempteurs.
En 2024, Aya Danioko, son nom civil, a subi une campagne de dénigrement en partie raciste et de cyberharcèlement autour de sa participation à l'ouverture des Jeux olympiques de Paris. Sa prestation dans un medley avec la Garde républicaine française avait pourtant été un des moments les plus suivis de la cérémonie.
«Je ne suis pas une politicienne, mais j'ai appris de cette période que mon public est en grande partie de gauche», a-t-elle glissé dans Télérama.
Mais qu'importe les critiques pour celle que les fans surnomment «la Queen», tête d'affiche de festivals majeurs en 2026.
Les 240.000 places de ses trois concerts au Stade de France, près de Paris, en mai prochain se sont écoulées en un temps record: avec ce triplé, Aya Nakamura rejoint le cercle fermé des artistes féminines programmées en solo dans la plus grande enceinte de France, aux côtés de Beyoncé, Madonna et Mylène Farmer.
Par Fanny LATTACH / AFP
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