Ornella Vanoni, une voix éternelle qui a traversé soixante ans de musique italienne
La chanteuse italienne Ornella Vanoni arrive au Teatro alla Scala avant la soirée de gala d’ouverture de la nouvelle saison de l’Opéra de la Scala à Milan, le 7 décembre 2023. ©Piero CRUCIATTI / AFP

Figure majeure de la chanson italienne, Ornella Vanoni s’est éteinte à Milan à 91 ans après plus de six décennies de carrière. Voix singulière, personnalité flamboyante et interprète hors pair, elle laisse un héritage artistique considérable.

Elle avait cette voix de velours qui pouvait se faire souffle ou tempête, caresse ou éclat. Ornella Vanoni, l’une des plus grandes interprètes de la «musica leggera», est morte le 21 novembre 2025 à Milan, la ville où elle était née en 1934. Avec elle disparaît l’une des figures les plus originales, les plus élégantes et les plus prolifiques de la chanson italienne. Avant de devenir chanteuse, Vanoni fut comédienne. Formée au Piccolo Teatro de Milan, elle débute en 1960 sous la direction de Giorgio Strehler, compagnon et mentor, dans des pièces de Brecht. Elle y forge son sens du texte, de la présence et de la nuance, qualités qui marqueront toute sa carrière musicale.

Ses premières chansons puisent dans la tradition populaire milanaise, celles de la malavita, qui révèlent déjà l’expressivité unique de son timbre grave et chaud. Le succès arrive tôt: Senza fine et Che cosa c’è de Gino Paoli, en 1961, lui ouvrent la voie d’une carrière fulgurante. En 1964, elle remporte le Festival de Naples avec Tu si 'na cosa grande. Elle deviendra ensuite une habituée du Festival de Sanremo, où elle interprète certains de ses titres les plus célèbres: Abbracciami forte, La musica è finita, Casa bianca ou encore Eternità. Au tournant des années 1970, Vanoni enchaîne les tubes: Una ragione di più, Domani è un altro giorno et surtout L’appuntamento, adaptation italienne de Sentado à beira do caminho. Des chansons qui s’ancrent durablement dans la mémoire collective.

En 1971, elle prête sa voix au Disertore de Boris Vian, puis entame une collaboration artistique marquante avec Vinicius de Moraes et Toquinho, qui aboutira à l’album La voglia, la pazzia, l’incoscienza e l’allegria en 1976. Dans les années 1980 et 1990, elle continue d’explorer de nouveaux territoires avec des albums audacieux et des partenariats de haut vol: George Benson, Herbie Hancock, Franco Califano, et bien sûr Gino Paoli, compagnon musical de toujours. En 1999, elle devient la première femme de l’histoire du Festival de Sanremo à recevoir un prix honorifique pour l’ensemble de son œuvre.

Actrice de cinéma, animatrice de télévision, femme libre à la chevelure rousse devenue iconique, Ornella Vanoni était aussi une figure médiatique fascinante, n’hésitant jamais à parler de sa vie, de ses amours, de ses tourments. Son dernier album, Diverse (2024), revisitait ses grands succès avec de nouveaux arrangements, preuve de son appétit intact pour la création.

«Grâce à sa voix unique et à son talent d’interprète, elle a marqué l’histoire de la chanson, du théâtre et du spectacle italiens», a salué le ministre italien de la Culture. Un héritage immense, fait de 112 œuvres, plus de 65 millions de disques vendus et surtout d’émotions inaltérables. Ornella Vanoni n’a pas seulement chanté l’Italie. Elle en fut, à elle seule, un chapitre entier.

Avec AFP

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