C'est une question épineuse qui tracasse les autorités françaises depuis la chute du "califat" de l'État Islamique à Baghouz en mars 2019: le retour des femmes de djihadistes et de leurs enfants - parfois orphelins - détenus dans des camps kurdes, à l'instar de celui d'al-Hol. L'État français avait adopté la règle du "cas par cas" pour ces "revenants". Le débat est relancé avec le rapatriement d'une femme et de ses deux enfants lundi en France.
Une femme et ses deux enfants, qui étaient retenus dans un camp en Syrie pour avoir fait partie de l'État islamique, ont été rapatriés lundi en France, une décision à la fois saluée et critiquée alors que plusieurs enfants malades ou orphelins attendent encore de pouvoir revenir. "Hier soir, une femme et ses deux enfants se trouvant dans un camp du nord-est de la Syrie sont rentrés sur le territoire national", a indiqué à l'AFP le parquet national antiterroriste (Pnat), confirmant une information de plusieurs sources proches du dossier.
Situation en octobre 2019 des détenus djihadistes après la chute du "califat" de l'État islamique après la bataille de Baghouz. (AFP)
Ils ont atterri lundi soir à l'aéroport du Bourget à bord d'un avion médicalisé, a précisé pour sa part une source aéroportuaire. L'un des enfants est en effet malade. La mère, de nationalité franco-marocaine, a été interpellée à son arrivée et présentée à un juge d'instruction parisien en vue d'une mise en examen, selon le Pnat. Elle était visée par un mandat d'arrêt pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et soustraction par un parent à ses obligations légales.
Ses enfants ont quant à eux été pris en charge dans le cadre d'une procédure d'assistance éducative. Sollicité, le ministère des Affaires étrangères n'a pas fait de commentaires. Il s'agit du premier rapatriement depuis le 5 juillet, quand la France avait fait revenir 35 mineurs et 16 mères des camps de prisonniers jihadistes.
Le camp de réfugiés d'al-Hol est un Camp de réfugiés situé à la périphérie sud de la ville d'Al-Hol, dans le nord de la Syrie, près de la frontière syro-irakienne, qui abrite des personnes déplacées de l'État islamique d'Irak et du Levant.
À l'époque, cette opération, la plus importante depuis la chute en 2019 du "califat" de l'État islamique, avait laissé penser que la doctrine du "cas par cas", privilégiée jusqu'alors par les autorités françaises, était abandonnée, et que d'autres retours massifs de « revenants » suivraient rapidement. "Je me réjouis que deux enfants, dont un très malade, aient été rapatriés avec leur mère et échappent au pire", a réagi l'avocate de cette femme, Me Marie Dosé, sollicitée par l'AFP.
"Mais l'arbitraire bat son plein : pourquoi eux et pas d'autres? Tant d'enfants sont aussi malades que ce petit garçon, et certains plus encore", a-t-elle toutefois déploré. "l'Elysée explique que la doctrine du cas par cas est terminée et persiste à trier les enfants et à agir dans la plus grande opacité. Et les orphelins restés dans les camps dont je demande le rapatriement depuis plus de trois ans? La France vient d'être condamnée par la Cour européenne des droits de l'Homme et demeure butée dans son inhumanité", a-t-elle ajouté.
"Une centaine de femmes et près de 250 enfants sont toujours sur zone" dans des camps de prisonniers jihadistes en Syrie, détaille Laurent Nunez, le coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, alors que la France a rapatrié dans la nuit de lundi à mardi 35 enfants et 16 femmes retenus dans des camps du nord de la Syrie. (AFP)
Le 14 septembre, la CEDH, saisie par les parents de deux jeunes compagnes de jihadistes qui avaient demandé en vain aux autorités françaises leur rapatriement, a en effet condamné la France pour ne pas avoir étudié de manière appropriée ces demandes. Le ministère des Affaires étrangères avait alors pris acte de cette décision et s'était dit prêt à "envisager" de nouveaux rapatriements "chaque fois que les conditions le permettraient". "On passe de la politique du cas par cas à celle du tirage au sort, c'est incompréhensible et scandaleux", a pour sa part réagi le Collectif des familles unies, qui regroupe des familles de Français partis en zone irako-syrienne.
En mars 2019, les milices arabo-kurdes soutenues par les États-Unis ont livré la bataille finale en Syrie contre les djihadistes de l'Organisation État islamique, qu'ils avaient encerclé dans leur dernier réduit à Baghouz, près de la frontière irakienne.
"Alors qu'il y a des orphelins, alors qu'il y a des enfants plus ou autant malades que ceux rapatriés, on ne comprend absolument pas ce que signifie ce rapatriement sec de trois personnes dont on aurait pu se réjouir s'il s'agissait du premier", a-t-il ajouté. "Mais après le rapatriement de juillet et après la condamnation de la Cour européenne, on attendait plus: le rapatriement des près de 200 enfants encore là-bas". En juillet, Laurent Nunez, qui était encore à l'époque coordinateur du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, avait indiqué qu'il restait encore une centaine de femmes et près de 250 enfants dans les camps syriens.
Avec AFP
Une femme et ses deux enfants, qui étaient retenus dans un camp en Syrie pour avoir fait partie de l'État islamique, ont été rapatriés lundi en France, une décision à la fois saluée et critiquée alors que plusieurs enfants malades ou orphelins attendent encore de pouvoir revenir. "Hier soir, une femme et ses deux enfants se trouvant dans un camp du nord-est de la Syrie sont rentrés sur le territoire national", a indiqué à l'AFP le parquet national antiterroriste (Pnat), confirmant une information de plusieurs sources proches du dossier.
Situation en octobre 2019 des détenus djihadistes après la chute du "califat" de l'État islamique après la bataille de Baghouz. (AFP)
Doctrine du "cas par cas"
Ils ont atterri lundi soir à l'aéroport du Bourget à bord d'un avion médicalisé, a précisé pour sa part une source aéroportuaire. L'un des enfants est en effet malade. La mère, de nationalité franco-marocaine, a été interpellée à son arrivée et présentée à un juge d'instruction parisien en vue d'une mise en examen, selon le Pnat. Elle était visée par un mandat d'arrêt pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et soustraction par un parent à ses obligations légales.
Ses enfants ont quant à eux été pris en charge dans le cadre d'une procédure d'assistance éducative. Sollicité, le ministère des Affaires étrangères n'a pas fait de commentaires. Il s'agit du premier rapatriement depuis le 5 juillet, quand la France avait fait revenir 35 mineurs et 16 mères des camps de prisonniers jihadistes.
Le camp de réfugiés d'al-Hol est un Camp de réfugiés situé à la périphérie sud de la ville d'Al-Hol, dans le nord de la Syrie, près de la frontière syro-irakienne, qui abrite des personnes déplacées de l'État islamique d'Irak et du Levant.
À l'époque, cette opération, la plus importante depuis la chute en 2019 du "califat" de l'État islamique, avait laissé penser que la doctrine du "cas par cas", privilégiée jusqu'alors par les autorités françaises, était abandonnée, et que d'autres retours massifs de « revenants » suivraient rapidement. "Je me réjouis que deux enfants, dont un très malade, aient été rapatriés avec leur mère et échappent au pire", a réagi l'avocate de cette femme, Me Marie Dosé, sollicitée par l'AFP.
Opacité
"Mais l'arbitraire bat son plein : pourquoi eux et pas d'autres? Tant d'enfants sont aussi malades que ce petit garçon, et certains plus encore", a-t-elle toutefois déploré. "l'Elysée explique que la doctrine du cas par cas est terminée et persiste à trier les enfants et à agir dans la plus grande opacité. Et les orphelins restés dans les camps dont je demande le rapatriement depuis plus de trois ans? La France vient d'être condamnée par la Cour européenne des droits de l'Homme et demeure butée dans son inhumanité", a-t-elle ajouté.
"Une centaine de femmes et près de 250 enfants sont toujours sur zone" dans des camps de prisonniers jihadistes en Syrie, détaille Laurent Nunez, le coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, alors que la France a rapatrié dans la nuit de lundi à mardi 35 enfants et 16 femmes retenus dans des camps du nord de la Syrie. (AFP)
Le 14 septembre, la CEDH, saisie par les parents de deux jeunes compagnes de jihadistes qui avaient demandé en vain aux autorités françaises leur rapatriement, a en effet condamné la France pour ne pas avoir étudié de manière appropriée ces demandes. Le ministère des Affaires étrangères avait alors pris acte de cette décision et s'était dit prêt à "envisager" de nouveaux rapatriements "chaque fois que les conditions le permettraient". "On passe de la politique du cas par cas à celle du tirage au sort, c'est incompréhensible et scandaleux", a pour sa part réagi le Collectif des familles unies, qui regroupe des familles de Français partis en zone irako-syrienne.
En mars 2019, les milices arabo-kurdes soutenues par les États-Unis ont livré la bataille finale en Syrie contre les djihadistes de l'Organisation État islamique, qu'ils avaient encerclé dans leur dernier réduit à Baghouz, près de la frontière irakienne.
"Alors qu'il y a des orphelins, alors qu'il y a des enfants plus ou autant malades que ceux rapatriés, on ne comprend absolument pas ce que signifie ce rapatriement sec de trois personnes dont on aurait pu se réjouir s'il s'agissait du premier", a-t-il ajouté. "Mais après le rapatriement de juillet et après la condamnation de la Cour européenne, on attendait plus: le rapatriement des près de 200 enfants encore là-bas". En juillet, Laurent Nunez, qui était encore à l'époque coordinateur du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, avait indiqué qu'il restait encore une centaine de femmes et près de 250 enfants dans les camps syriens.
Avec AFP
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