Pape Léon XVI au Liban: une visite porteuse de joie, d’unité et de paix
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Trois jours d’émotions intenses: le pape Léon XIV a laissé une empreinte profonde auprès des Libanais. Entre prière silencieuse sur le port de Beyrouth, messages de réconciliation et rassemblements de jeunes, la capitale a vibré d’un souffle d’espoir et de cohésion. Pour les Libanais, toutes confessions confondues, cette visite est bien plus qu’un événement religieux: elle symbolise un nouvel élan vers la fraternité, la fierté nationale et la sérénité.

Au lendemain du départ du pape Léon XIV, après une visite historique de trois jours, les Libanais semblent avoir retrouvé un souffle d’espérance et de solidarité, bien loin des douleurs des années de guerre et de crise. En très peu de temps, ce pape de proximité, au sourire salué par tous, a insufflé un vent de sérénité au cœur de la capitale et au-delà, en particulier après les traumatismes causés par la double explosion du port de Beyrouth, survenue en 2020.

Dans les rues de Beyrouth, les témoignages recueillis au fil du hasard traduisent une émotion palpable chez chaque personne rencontrée. Ce qu’on ressent en parlant aux habitants, c’est que cette visite papale a permis de recréer un lien entre les Libanais, quelles que soient leur religion ou leurs convictions politiques.

Maguy, une passante, se souvient avec émotion de l’image du pape priant silencieusement sur le lieu de la double explosion du port, un moment particulièrement marquant, symbole de la quête de justice pour les victimes et leurs familles. «Cette prière silencieuse valait tous les discours», confie-t-elle, émue.

Pour Abdo, plombier, la visite du pape représentait un message de réconciliation. «Que Dieu le bénisse, lui et ses prières, et que la guerre se termine enfin», espère-t-il.

Zeinab raconte: «Si Dieu le veut, tout ira bien. Sa venue au Liban nous a permis de vivre des journées exceptionnelles. Je me suis sentie en sécurité… et ses paroles m’ont profondément touchée». Son témoignage reflète l’émotion ressentie par de nombreux Libanais qui ont retrouvé un souffle de paix grâce à cette visite.

Tatiana, étudiante de 23 ans, évoque l’atmosphère de fraternité qui régnait: «Musulmans, chrétiens, tout le monde était là, heureux et accueillant». Son amie Mira ajoute: «Tous les Libanais se sont rassemblés, c’était si beau à voir».

Ce sentiment d’union s’est fait ressentir partout: à Baabda, à l’hôpital de la Croix, à Bkerké, sur les places publiques, derrière les téléviseurs et surtout dans les cœurs de chacun.

Sandra, graphiste, partage son émerveillement: «J’ai eu la chance d’apercevoir le pape quelques secondes à l’église Mar Yaacoub, avec mes enfants. C’était magnifique. Mes enfants m’ont dit que le Pape est l’espoir du Liban».

«Ce que je retiendrai surtout, c’est son visage rayonnant de bonheur. Le pape est si proche des gens, et cela a été ressenti par tous», témoigne Gaby, à son tour.

Des moments forts gravés dans les mémoires

Au-delà des émotions collectives, certains moments précis ont marqué les esprits.

Pour Joyce, quadragénaire et mère de famille, ce sont les scènes de joie et d’espoir vécues au cours des trois jours qui resteront inoubliables. «J’ai eu la chance de l’accueillir à Baabda et de ressentir l’entrain et l’espérance qui régnaient. Sur le terrain, c’est mille fois plus intense que de regarder cela à la télé», souligne-t-elle, faisant référence aux foules enthousiastes venues accueillir le pape.

Simone, une Franco-Libanaise de plus de 70 ans, garde en mémoire un autre moment fort: «L’image la plus poignante reste sa prise de parole avant son départ sur le tarmac de l’aéroport, disant qu’il était plus difficile de partir que d’arriver au Liban. Il a sûrement été marqué par tout ce qu'il a vu, par toute cette ferveur, par tout ce peuple uni du nord au sud. Cela prouve l’intensité de son séjour et l’empreinte qu’il a laissée».

Pour d’autres, ce sont les rassemblements de jeunes qui ont retenu leur attention. Mira se souvient particulièrement du rassemblement à Bkerké, où 15.000 jeunes ont montré leur ferveur et leur espoir pour l’avenir du pays.

Un message d’espoir pour la jeunesse et l’avenir du Liban

«Ce qui m'a beaucoup impressionné, ajoute Joe, c'est la manière dont le pape a écouté les jeunes. Il les a encouragés à rester dans leur pays et à devenir ‘des artisans de paix’, insistant sur le fait qu’ils doivent eux-mêmes s’investir pour construire l’avenir du Liban.»

Selon Simone, «il faut éloigner les ingérences étrangères, se rassembler tous ensemble comme durant ces trois jours, et faire taire les mauvaises langues, c’est cela le plus nocif pour notre pays».

«Une étoile à laquelle les Libanais ont voulu s’accrocher»

Pour d’autres, la venue du pape a permis de revivre des moments d’une rare intensité. Michèle, une grand-mère dynamique, évoque avec ardeur: «Le pape, c’était comme une étoile du ciel à laquelle les Libanais ont voulu s’accrocher. Un moment extraordinaire. Ces Libanais qui ont tant souffert ont voulu s’accrocher à un rêve, celui de la paix, ainsi qu’à l’enthousiasme et à l’union».

Elle se souvient aussi de l’image poignante des Libanais sous la pluie, accrochés «à la corde de l’espoir», comme symbole d’unité face aux épreuves. «Le Liban a été remis sur la scène internationale pour montrer que nous sommes toujours là, que nous existons.»

Abou Ali, un autre témoin, évoque la fierté ressentie par beaucoup: «C’est une source de fierté qu’il ait choisi le Liban pour sa première visite d’État depuis le début de son pontificat».

Milia, secrétaire, résume également la portée de cette visite: «Si Dieu le veut, il apportera la paix à notre pays et la coexistence que nous avons connue lors de son séjour; tout le monde était heureux, espérons que ça dure».

Ce qui semble certain, à l’écoute de ces témoignages, c’est que la visite du pape Léon XIV a une portée bien plus grande qu’un simple événement religieux. C’est un acte symbolique fort, un retour sur la scène internationale d’un pays qui, malgré les épreuves, continue de croire en sa capacité à vivre ensemble et à aller de l’avant. Ce fut surtout l’occasion d’une parenthèse de paix, un moment suspendu dans le temps où les différences se sont estompées au profit d’un objectif commun: retrouver l’espoir, l’unité et la sérénité dont les Libanais avaient tant besoin. Et qui sait, cette paix sera peut-être, enfin, globale et durable, du moins le murmure-t-on tout bas, par peur d’une nouvelle désillusion.

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