Plumes, paillettes et talons hauts au Châtelet: La Cage aux folles, comédie musicale emblématique des droits LGBT, investit le Théâtre du Châtelet à Paris jusqu’au 10 janvier 2026, quarante ans après sa création à Broadway en 1983. Mise en scène par Olivier Py et interprétée par Laurent Lafitte dans le rôle de «Zaza», cette production spectaculaire célèbre la liberté, l’égalité et la tolérance à travers un cabaret flamboyant, tout en faisant écho aux enjeux contemporains de lutte contre les discriminations.
Plumes, talons hauts, paillettes: la comédie musicale La Cage aux folles investit, en français, le Théâtre du Châtelet à Paris, une œuvre toujours actuelle sur l'égalité des droits, «meilleure des réponses aux discours de haine».
Quarante ans après sa création à Broadway, l'œuvre, traduite et mise en scène par le directeur du Châtelet Olivier Py, est à l'affiche jusqu'au 10 janvier, avec Laurent Lafitte dans le rôle de «Zaza», vedette d'un spectacle de cabaret de travestis.
Un succès outre-Atlantique
Avant le «musical» américain, en 1976, Jean Poiret, en France, imagine une pièce de boulevard qui met en scène l'histoire de Georges et Albin, couple d'hommes artistes de cabaret à Saint-Tropez, dont le second se travestit en «Zaza» dans son numéro. Ils ont un fils, Jean-Michel, qui veut se marier avec la fille d'un député d'extrême droite homophobe.
Cette pièce avant-gardiste, en France le «délit d'homosexualité» est dépénalisé en 1982, est suivie deux ans plus tard par un premier film signé Édouard Molinaro, avec Michel Serrault dans le rôle d'Albin/Zaza, lui aussi succès commercial.
Aux États-Unis, Jerry Herman, compositeur de la comédie musicale Hello, Dolly! et le librettiste Harvey Fierstein, défenseurs de la cause gay s'en saisissent, créant en 1983 une adaptation musicale. Elle rafle de nombreux prix, devient le porte-étendard des communautés LGBT, et s'exporte dans le monde… Mais elle reste peu connue dans l'Hexagone, où une version française a été donnée, au théâtre du Mogador en 1999, mais sans gros moyens.
«Hymne à la joie»
Au Châtelet, où l'AFP a pu assister à la répétition générale jeudi soir, la production d'Olivier Py est fidèle au «musical» et plonge le spectateur au cœur d'une revue de cabaret. Zaza et ses douze «cagelles» évoluent sur un grand escalier, sur fond de rideaux brillants et de miroirs, tandis qu'un plateau scénique tournant permet de voir les loges ou l'intérieur de Georges et Albin.
Selon le théâtre, cette création utilise «plus de 155 costumes, 370 mètres carrés de tissu à paillettes, 195 mètres de strass, 3 986 plumes d'autruche».
En 2025, cette comédie musicale dirigée à la musique par Christophe Grapperon et Stéphane Petitjean «est on ne peut plus actuelle, surtout dans l'ère trumpienne, au moment où l'extrême droite, la droite réactionnaire, utilisent la lutte contre les droits LGBT dans leurs arguments politiques», raconte à l'AFP Olivier Py.
C'est avant tout «un hymne à la joie» qui dit «la vie est courte, vivez librement, aimez qui vous aimez, soyez qui vous êtes», présente-t-il, assurant que le théâtre «est là pour émouvoir, c'est la meilleure réponse qu'on puisse donner aux discours de haine».
La mise en scène comprend des clins d'œil à l'actualité récente, à l'instar de ce moment où des comédiens interprétant des membres de la «Manif pour tous», raillent leur slogan «Un papa, une maman».
Le tube I am what I am a aussi été traduit par J'ai le droit d'être moi, pour garder l'idée «d'appel à la tolérance», poursuit Olivier Py.
Plus difficile qu'Hamlet
L'ancien pensionnaire de la Comédie-Française et acteur de cinéma Laurent Lafitte, a dû, pour le rôle de Zaza, apprendre à jouer en chantant, marchant, dansant sur des talons hauts. La salle est conquise quand, au milieu d'un rang du public, costumé, aigrette sur la tête, battant des (faux) cils, il demande «Y'a des hétéros dans la salle? Ça fait quoi d'être minoritaires?»
«La difficulté, pour Laurent comme pour moi, c'est que la partition est large», raconte Damien Bigourdan, qui interprète «Georges». «Physiquement et vocalement». Mais jouer avec lui, «c'est le pied, on rigole beaucoup».
Pour Olivier Py, «son rôle est énorme, il y a toute la palette de l'acteur, avec des scènes presque de stand-up. C'est plus dur que jouer Hamlet».
Par Karine PERRET / AFP



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