Le temps des attentes 
©Ici Beyrouth

L’observation de la scène internationale nous renvoie à des attentes et à des échéances aléatoires. Les scénarios de paix mobilisés par l’administration américaine ont le mérite de nous extraire des dynamiques conflictuelles involutives et de suggérer des ouvertures probables. Il a fallu la politique proactive du président Trump pour oser des démarches qu’on croyait impraticables. Ceci étant dit, les scénarios alternatifs butent sur des difficultés d’ordre multiple, à commencer par les entropies sociétales, les extrémismes idéologiques, les mobilisations identitaires, les conflits de culture, les dynamiques de marginalisation socio-économiques et leurs vecteurs stratégiques. Les conflits en cours se font écho en dépit des disparités géopolitiques et leur «grammaire générative» se reproduit à l’identique. 

Le conflit vénézuélien modélise les impasses d’une Amérique latine qui n’arrive pas à casser les verrouillages oligarchiques, à s’affranchir du caudillismo et des dérives du populisme, et à dépasser le piège des sociétés duales où les dynamiques de recomposition et d’intégration sont en état de blocage quasi systémique. Les supercheries idéologiques de ladite «révolution bolivarienne» ne sont que les revers d’une dictature meurtrière où le mensonge, la violence et les mythes creux rendent compte du nihilisme qui enveloppe de part en part ce pays. 

La mort du récit bolchevique est relayée par la brutalité des pratiques répressives, la ténacité des mensonges d’État et la défaite morale d’une société expropriée. Le recours aux politiques de sanctuarisation projetées par les néototalitarismes chinois et russe s’avère illusoire, alors que l’opposition démocratique et libérale retrouve sa dynamique au croisement de son action interne et du ralliement de l’administration américaine à sa contre-dynamique, où le discours de vérité, la lutte contre la criminalité du régime narcotrafiquant et la terreur d’État, et les nouveaux rapports de force servent de leviers aux mutations en perspective.

Loin des «Tristes Tropiques» de l’Amérique du Sud, les rives méditerranéennes sont sujettes aux mêmes dérives où les promesses fallacieuses de l’islamisme, la fossilisation des conflits interétatiques, ethniques et religieux et les blocages systémiques des régimes politiques renvoient à des dynamiques conflictuelles ouvertes et aux mystifications idéologiques qui leur sont corollaires. La politique de subversion pilotée par le régime iranien a fini par perdre les relais régionaux et les «plateformes opérationnelles intégrées» dont elles s’étaient dotées. Son retour intempestif sur la scène moyen-orientale s’opère sur la base d’une nouvelle politique de subversion mettant à profit les fractures libanaises et l’émiettement d’une scène politique palestinienne, où le ravage des conflits ouverts et de leurs doubles idéologiques laissent peu de place à la résolution négociée des conflits. 

Les différences structurelles entre les deux sociétés séparées par des cultures politiques et institutionnelles et des cadres normatifs aux décalages multiples ne les rendent pas moins vulnérables aux soubresauts des idéologies nihilistes et de leurs modulations politiques et opérationnelles. Laissés à leurs dynamiques internes, les deux contextes se prêtent au jeu aveugle des politiques de puissance. L’arbitrage et l’entrée en force des États-Unis dans la mise en place des rapports de force qui devraient enrayer la résurgence de la politique de subversion iranienne sont impératives si l’on veut mettre fin à des conflits nihilistes et hautement délétères. 

Le désengagement du Hezbollah et du Hamas des accords de fin d’hostilités qu’ils ont contresignés, et leur réengagement délibéré en faveur de la politique de déstabilisation iranienne sont de très mauvais augure. Alors que les États-Unis font miroiter les effets bénéfiques des accords abrahamiques et ceux d’une configuration géostratégique et géoéconomique alternative. La question qui demeure en suspens est celle des dates-butoirs et des fins d’échéance alors que les manœuvres de diversion battent leur plein. La reprise des hostilités se traduira cette fois-ci par des mutations géopolitiques qui viendraient sceller les changements géostratégiques opérés par l’État israélien. La position intercalaire des acteurs, autant subie que consentie, ne peut plus s’accommoder des atermoiements indéfinis de l’acteur iranien et de ses tactiques de sabotage différé. Les calendriers américain et israélien vont bientôt se départir et la guerre est en passe de regagner le devant de la scène. 

Les scènes irakienne et syrienne sont des théâtres auxiliaires qu’on ne saurait séparer du reste du canevas stratégique. L’Iraq et la Syrie avec leurs mosaïques ethnoreligieuses et leurs limes stratégiques situées au croisement des lignes de partage israélienne, turque, iranienne et saoudienne, doivent être insérées dans la trame stratégique d’ensemble où vont s’esquisser les nouvelles configurations d’un ordre géopolitique inchoatif qui se prête à tous les remaniements. La remobilisation des mandataires du régime iranien s’effectue cette fois-ci non pas dans le cadre d'un registre géostratégique stabilisé mais à partir d'un scénario où la réactivation des guerres civiles et l'institutionnalisation du chaos forment le pendant. Aucun des pays récapitulés n'échappe à la règle posée par le régime iranien qui mène sa politique de déstabilisation sur la base d'un continuum géostratégique où la subversion, le terrorisme et la criminalité organisée circonscrivent les coordonnées des conflits en cours.

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