En l’espace de 24 heures, les deux géants libanais engagés en WASL – West Asia ont connu des fortunes totalement opposées : Riyadi a vu sa longue série d’invincibilité s’effondrer à Astana, tandis que La Sagesse a enfin débloqué son compteur en soufflant Al Wahda à Ghazir. Plus que des résultats, deux signaux forts envoyés au basket libanais.
La scène résume presque tout : à Astana, le “Yellow Castle” baisse la tête, son 15e succès de rang en phase de groupes WASL envolé dans le froid kazakh. À Ghazir, quelques heures plus tard, le “Green Castle” explose enfin de joie après un début de campagne cauchemardesque. Entre un Riyadi qui ne fait plus aussi peur et une Sagesse qui commence à y croire, le curseur de la domination libanaise dans la région semble, sinon bouger, du moins frémir.
Astana refroidit le Yellow Castle
Riyadi arrivait au Saryarka Velodrome avec une étiquette lourde à porter : champion en titre, quatre-peat en ligne de mire, 15 victoires consécutives en phase de groupes depuis 2022-2023, et un statut d’équipe à abattre. Astana n’a pas seulement relevé le défi : le club kazakh a fait sauter le verrou (86-72) avec une adresse extérieure qui a glacé les Jaune et Blanc dans le dernier quart-temps.
Sous l’impulsion d’un Robert Pan dominateur (21 points, 9 rebonds), bien épaulé par Chsherbak et Zhigulin (13 points chacun) et par Day (11 points, 10 passes), les locaux ont allumé la mèche derrière l’arc dès l’entame du quatrième quart. En quelques possessions, l’écart gonfle jusqu’à +18 (76-58), sous les acclamations d’un public bouillant.
Riyadi réagit, bien sûr. Maurice Kemp (23 points, 7 rebonds) tente de sonner la révolte, Ivan Buva (14 points, 9 rebonds) et Perrin Buford (10 points, 7 passes, 3 interceptions) poussent aussi, et l’écart retombe à -7 (77-70) à 1’11 de la fin. Mais Astana ne craque pas. Un lancer de Jusikevicius, un panier de Zhigulin, puis les derniers points de Day et Pan referment la porte.
Au-delà du score, c’est l’impression laissée qui interpelle : pendant longtemps, venir défier Riyadi, même à l’extérieur, relevait du suicide annoncé. Là, Astana a joué libéré, sans complexe, en s’autorisant même le luxe de gérer le money-time. L’aura d’invincibilité s’effrite. Et difficile de ne pas évoquer, en filigrane, le grand absent : Wael Arakji.
Sans son meneur star, Riyadi perd une partie de son agressivité, de sa créativité et de sa capacité à tuer les matchs dans les moments chauds. Le collectif reste solide, l’effectif reste monstrueux sur le papier et Riyadi demeure l’équipe à battre en WASL comme en championnat libanais. Mais les adversaires, eux, ne tremblent plus comme avant : Gorgan, Astana et consorts savent désormais qu’avec de l’intensité, de l’adresse extérieure et un plan de jeu clair, le champion peut vaciller.
La Sagesse se libère enfin à Ghazir
Changement total de décor à Ghazir. Après un démarrage cauchemardesque en WASL (0-3), La Sagesse n’avait plus vraiment le droit à l’erreur au moment de recevoir Al Wahda. Verdict : une victoire précieuse (75-69), mais surtout un sentiment de délivrance pour tout un club qui vivait très mal cette série noire.
Paris Bass a endossé le rôle du facteur X, voire du patron tout court : 23 points, 9 rebonds et un troisième quart-temps de feu avec 15 unités à lui seul. C’est lui qui lance le 10-0 qui transforme une petite avance en véritable break (53-42), offrant à la “Green Nation” un premier vrai moment de contrôle dans cette campagne WASL.
Derrière, les nouvelles recrues ont fait exactement ce pourquoi elles ont été recrutées. Kevin Murphy (19 points, 7 rebonds), ancien de Kazma et de… Riyadi, s’est rappelé au bon souvenir de tout le monde, tandis que Walter Hodge (14 points) a parfaitement géré les tempos en fin de match lorsque l’écart, monté à +13, a fondu dangereusement.
Avec un huit majeur bien utilisé par Joe Ghattas, Ali Haidar (9 points, 11 rebonds) et Gerard Hadidian (8 points) ont apporté l’énergie et les petits détails qui ne se voient pas toujours dans les statistiques mais qui changent un match : écrans durs, rebonds arrachés, aides défensives, communication.
En face, Al Wahda n’a pas lâché : James Justice Jr (19 points, 7 rebonds, 7 passes) et Falando Jones (15 points) ont mené la charge, soutenus par le travail au rebond de Prince Orizu (8 points, 10 rebonds) et Bilal Atli (6 points, 11 rebonds). Mais malgré leur domination sous les panneaux (53 rebonds à 42), les Syriens sont restés à distance.
Pour La Sagesse, l’essentiel est ailleurs : ne plus être la seule équipe WASL à zéro victoire, respirer enfin, redonner un peu de confiance à un groupe renouvelé et envoyer un signal à ses propres supporters. À Ghazir, cette première victoire vaut presque comme une nouvelle saison qui commence.
Un message pour la suite de la saison
Au coup de sifflet final de ces deux soirées, le constat est simple : Riyadi et La Sagesse affichent le même bilan (2-1 pour les Beyrouthins face à Astana, 1-3 pour les Verts en WASL, mais une dynamique totalement opposée), et des questions très différentes.
Riyadi, battu pour la première fois en phase de groupes depuis janvier 2023, doit gérer un double défi : préserver son statut de référence tout en retrouvant ce supplément d’âme et de peur qu’il inspirait autrefois. L’absence de Wael Arakji explique une partie de la baisse de régime, mais pas tout. Défensivement, le champion a laissé beaucoup trop de libertés à une équipe d’Astana qui jouait le coup à fond.
La Sagesse, elle, doit maintenant prouver que cette victoire n’est pas un feu de paille. Le calendrier ne pardonnera pas : retour au championnat libanais, puis déplacement périlleux à Téhéran pour défier Gorgan le 7 janvier. Il faudra capitaliser sur ce match-référence, fixer enfin une identité de jeu et éviter de retomber dans les travers du début de campagne.
Au final, le basket libanais reste bien présent sur la carte WASL : Riyadi continue de viser le titre, La Sagesse refuse de jouer les figurants. Mais la réalité du parquet est claire : le champion ne fait plus aussi peur, et le “petit frère” commence à relever la tête.




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