Loin des bravades, des positions hâtives et des propos enflammés tenus sur les réseaux sociaux par certains esprits échauffés, le Hezbollah reconsidère désormais ses calculs avec gravité. Quelques éclats sur TikTok ne suffisent pas à convaincre son public que tout va bien. La formation pro-iranienne a compris que les événements de l’année dernière n’étaient pas fortuits, mais le résultat d’une accumulation qu’elle n’avait pas anticipée.
Je me souviens qu’à peine quelques instants après l’assassinat du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, un message vocal circulait sur WhatsApp dans lequel une femme affolée disait à son amie : «Ils ont tué le grand… tu sais ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu’ils vont nous envahir.»
Personne n’a pris cette alerte au sérieux. Même l’invasion redoutée n’a jamais eu lieu. L’occupation par l’armée israélienne des cinq positions stratégiques au Sud-Liban n’était qu’un moyen de pression dans les négociations.
Le Hezbollah a fini par prendre conscience de l’ampleur de l’illusion dans laquelle il s’était enfermé depuis dix ans, en intervenant pour protéger sa ligne d’approvisionnement via la Syrie sous le régime de Bachar al-Assad. Les fuites récentes de vidéos privées de Bachar al-Assad et de son ancienne conseillère Luna Chebel ont révélé qu’Assad se moquait du Hezbollah, le réduisant à un simple instrument pour rythmer sa guerre contre l’opposition, sans jamais reconnaître son rôle dans la survie du régime.
Qu’a tiré le Hezbollah de cette guerre ? Des dizaines de morts en Syrie, des attentats dans la banlieue sud de Beyrouth et la Bekaa, l’enlèvement de soldats et de civils libanais, l’extension de la guerre au Liban, et un isolement arabe et international. Tout cela pour un président déchu qui, en réalité, méprisait le Hezbollah.
Par ailleurs, le Hezbollah a également compris son soutien Gaza dans la guerre d'appui n’était qu’un piège israélien destiné à affaiblir les mouvements de résistance dans la région.
Au début du conflit, les partisans scandaient : «Pour l’amour de Dieu, Sayyed, allez-y !», convaincus que l’élan du Hezbollah reflétait la réalité militaire. Mais la vérité est vite apparue : le groupe était militairement limité face aux capacités du renseignement israélien. L’affaire des pagers a constitué la plus grande brèche de l’histoire contemporaine d’un mouvement armé.
De plus, ni Gaza ni le Liban n’ont été protégés. Un an après l’accord de cessez-le-feu, le Hezb n’a réagi qu’une seule fois aux raids et assassinats israéliens, provoquant des interventions internationales pour éviter une reprise des hostilités.
Au final, aucune invasion israélienne n’a eu lieu. Le mouvement n’a pas réussi à soutenir Gaza ni à libérer la Syrie; Assad ne lui a pas rendu la pareille, Israël n’a pas été frappée, Jérusalem n’a pas été libérée, et il est resté impuissant après l’accord de cessez-le-feu.
Le verdict est limpide : une défaite déguisée en victoire, que le Hezbollah sait désormais illusoire.



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