Le Congrès américain a adopté mercredi son texte de stratégie de défense pour 2026, avec un soutien réaffirmé aux alliances des États-Unis en Europe, à rebours de signaux récents de Donald Trump et de son gouvernement, tout en abolissant la loi César, en coup de pouce au nouveau gouvernement syrien.
Le NDAA, voté chaque année par les deux chambres du Congrès avec un certain consensus entre démocrates et républicains, détermine les axes sur lesquels les États-Unis devraient, selon les parlementaires, se concentrer en priorité pour l'année suivante en matière de défense.
Au sein du texte était notamment inclus un article actant l’abrogation inconditionnelle de la loi César. Cette dernière est désormais officiellement considérée comme levée. Le projet de loi doit encore être signé par le président Donald Trump, ce qui est attendu la semaine prochaine, avant les vacances de Noël.
Cette décision est perçue comme un geste politique fort en direction du nouveau gouvernement syrien du président Ahmed el-Chareh, jugé plus favorable à un rapprochement avec Washington, dans un contexte de recomposition régionale et d’efforts diplomatiques accrus.
Adoptée par le Congrès américain en 2019 et entrée en vigueur en 2020, la loi César prévoyait de lourdes sanctions économiques contre la Syrie et toute entité soutenant le régime de Bachar al-Assad. Elle visait à accroître la pression sur Damas en ciblant notamment les secteurs financier, énergétique et de la reconstruction, contribuant à l’isolement économique du pays.
La version 2026, longue de plus de 3.000 pages, préconise un budget annuel global de plus de 900 milliards de dollars, en augmentation de cinq milliards par rapport à l'année précédente.
Le texte a été adopté au Sénat avec 77 voix pour et 20 contre.
«Le moyen le plus sûr d'assurer la paix est de la garder par la force», a assuré mardi le chef de la majorité républicaine au Sénat, John Thune, reprenant le slogan de «paix par la force» adopté par Donald Trump depuis le début de son second mandat.
Lors d'un discours dans l'hémicycle, John Thune a souligné les mesures prévues par le NDAA cette année, notamment la construction de davantage de navires militaires «pour aider à réduire l'écart» avec les capacités de construction navale de la Chine, mais également l'établissement du «Dôme d'or» antimissiles voulu par Donald Trump, ou encore une augmentation de 3,8% de la solde des militaires.
Il a également souligné des réformes dans les processus d'achats du Pentagone avec «l'élimination de dizaines de règles et lois pesantes».
Le ténor républicain n'a cependant pas fait mention du soutien accru aux alliés européens.
Le NDAA anticipe ainsi pour 2026 quelque 400 millions de dollars d'achats par Washington d'équipements militaires américains à destination de Kiev, afin de continuer à lutter contre l'invasion russe.
Le Pentagone, sous l'égide du ministre Pete Hegseth, tente de recentrer la stratégie de défense des Etats-Unis sur les Amériques, avec plusieurs frappes en mer des Caraïbes et dans l'océan Pacifique contre des embarcations accusées de narcotrafic, sur fond de tensions accrues avec le Venezuela.
Mais la proposition de loi élaborée par le Congrès prévoit le maintien de la présence des Etats-Unis sur le sol européen. Elle empêche le Pentagone de réduire le nombre de soldats américains déployés en Europe sous la barre des 76.000 sans justification auprès du Congrès.
Un contre-pied aux déclarations récentes de Donald Trump, qui s'était notamment moqué de la dépendance des Européens à la protection militaire des États-Unis en lançant: «L'OTAN m'appelle papa».
Certains parlementaires républicains, de tendance isolationniste, ont eux dénoncé le texte, et notamment l'aide militaire à l'Ukraine.
AFP


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