Renforcer la souveraineté : l’armée libanaise face aux défis du Sud-Liban
©Ici Beyrouth

La visite organisée en début de semaine par le commandement en chef de l’armée libanaise au Sud-Liban, à l’intention des ambassadeurs, chargés d’affaires et attachés militaires, revêt une portée stratégique majeure. Elle s’est tenue en amont de la réunion prévue ce jeudi 18 décembre à Paris, réunissant des représentants des États-Unis, de la France, de l’Arabie saoudite et du Liban, destinée à évaluer la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, le respect de l’accord de cessation des hostilités et l’efficacité du mécanisme de suivi déployé sur le terrain.

Cette visite a permis aux représentants de la communauté internationale, notamment à l’ambassadeur des États-Unis au Liban, Michel Issa, d’observer directement les progrès réalisés par l’armée libanaise au Sud-Liban et d’en mesurer la crédibilité opérationnelle. Elle a également mis en lumière le rôle central du « mécanisme » de coordination et de surveillance, dont le fonctionnement a renforcé la coopération entre les parties, fluidifié les échanges d’informations et soutenu concrètement l’action de l’institution militaire dans l’accomplissement de sa mission.

Les avancées constatées sur le terrain révèlent deux dimensions essentielles. La première concerne le message adressé aux partenaires privilégiés de l’armée libanaise, au premier rang desquels figurent les États-Unis. L’institution a démontré sa capacité opérationnelle et sa détermination à honorer les engagements internationaux du Liban. Cette preuve de professionnalisme renforce la confiance de la communauté internationale et consolide le soutien politique, diplomatique, financier et sécuritaire accordé à l’armée.

La seconde dimension est strictement opérationnelle. Grâce à une coordination efficace entre l’armée libanaise et le mécanisme de suivi, deux frappes militaires ont pu être évitées en l’espace d’une semaine. Dans les deux cas, des sites signalés comme suspects ont été rapidement inspectés, fouillés et sécurisés par l’armée, conduisant à l’annulation de bombardements envisagés. Ces interventions constituent un signal concret de la capacité de l’armée à préserver la stabilité et à protéger les civils dans une zone particulièrement sensible.

Le premier incident s’est produit à Yanouh, où une maison soupçonnée de dissimuler des armes dans ses murs a été fouillée à plusieurs reprises. L’opération a donné lieu à une tentative de récupération politique et médiatique de la part du Hezbollah, qui a prétendu agir pour défendre « l’honneur » des habitants. Le second cas s’est déroulé à Touline, où une chambre souterraine suspectée de contenir des armes s’est finalement révélée vide. Dans les deux situations, la coopération au sein du mécanisme et l’intervention rapide et professionnelle de l’armée ont permis d’éviter des frappes susceptibles de provoquer des destructions et de mettre des civils en danger.

Ces opérations constituent les seules garanties ayant conduit à l’annulation des bombardements. Elles adressent un message clair à ceux qui doutent de la capacité de l’armée libanaise à assurer la sécurité du Sud-Liban. Elles démontrent qu’avec un soutien international approprié, l’armée est en mesure de pacifier progressivement la zone au sud du Litani, d’y rétablir durablement la stabilité et d’y garantir le désarmement du Hezbollah, avant de s’engager dans les étapes suivantes visant à pacifier l’ensemble du territoire, à préserver l’intégrité territoriale du Liban et à assurer la sécurité de tous ses citoyens.

Il s’agit également d’un succès politique et institutionnel pour le président de la République, Joseph Aoun, pour le gouvernement libanais et pour le commandant en chef de l’armée, le général Rodolphe Haykal. Leur capacité à honorer leurs engagements, un temps remise en question, se trouve aujourd’hui validée par des résultats tangibles sur le terrain. Ces avancées dessinent les contours d’un réengagement renforcé des partenaires et amis du Liban, à un moment charnière pour la stabilité du pays.

La France joue, à cet égard, un rôle central. En accueillant la réunion de Paris, elle réaffirme son engagement en faveur de la stabilité du Liban et du renforcement de ses institutions légitimes. Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s’est par ailleurs prononcé en faveur de l’élaboration d’un second mécanisme de désarmement du Hezbollah, afin de consolider la souveraineté de l’État libanais et d’instaurer une stabilité durable sur l’ensemble du territoire.

Ces efforts contrastent avec les signaux émanant de la République islamique d’Iran, qui continue d’afficher son mépris pour la souveraineté libanaise et pour la sécurité des Libanais — y compris celle de ses propres partisans, qu’elle prétend défendre. La publication récente d’une affiche représentant des combattants du Hezbollah, accompagnée de menaces explicites de guerre contre Israël, illustre cette posture. Elle fait également écho à la tentative de manipulation médiatique menée par les médias du Hezbollah autour de la fouille de la maison de Yanouh, opération qui avait pourtant permis d’éviter une frappe et de préserver les habitants. Les accusations de « violation de la souveraineté » et d’exécution d’« ordres venus de l’étranger » relèvent désormais moins du déficit de crédibilité que de l’absurde.

En définitive, l’armée libanaise apparaît pleinement capable d’assumer son rôle de garante de la souveraineté nationale et de la sécurité des citoyens. Plus elle démontrera cette capacité par des actions concrètes, plus le soutien de ses partenaires internationaux — politique, diplomatique, financier et logistique — se traduira sur le terrain. Cette dynamique ne peut que renforcer l’adhésion de la population libanaise à l’institution militaire légitime et légale, seule à même de préserver la stabilité, la souveraineté et l’avenir du Liban.

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