Chaque nouveau jour apporte son lot de chocs au Liban. Des chocs toujours plus durs que les précédents, mais celui provoqué par Abou Omar reste le plus retentissant de l’histoire de la République.
Pour ceux qui l’ignorent, voici l’histoire d’Abou Omar et les détails qui ont conduit à son arrestation, ainsi que les révélations des enquêtes récentes.
Au Liban, l’on entendait parler d’un dénommé « Abou Omar », et certains responsables au sein de l’État le surnommaient « Son Altesse » lorsqu’on les contactait de sa part. Abou Omar se présentait, via des intermédiaires, comme un prince saoudien chargé des affaires liées aux relations sociales à connotation politique. Parmi les sujets principaux abordés par « Son Altesse » lors de ses échanges avec les responsables : des promesses électorales de soutien financier et logistique, ainsi que l’orientation du vote, notamment dans les zones sunnites.
Abou Omar avait l’habitude de voir ses demandes satisfaites. Il pouvait demander l’embauche d’une personne, le licenciement d’une autre, la validation de procédures administratives sans effort. Il se comportait avec les responsables de l’État avec une aisance et une habileté remarquables.
Les récentes enquêtes révèlent qu’Abou Omar a « étendu ses influences » au point de provoquer le limogeage d’un haut responsable de la sécurité libanaise. Toutes ses demandes étaient exaucées, du seul fait qu’il se présentait comme membre de la royauté saoudienne. Certains Libanais pensaient alors que toute demande émanant de l’Arabie saoudite était impossible à refuser, par peur ou par flatterie envers la direction saoudienne.
Abou Omar savait exactement comment exploiter la situation. Il obtenait ce qu’il voulait, jusqu’au moment où il a cru bon de présenter ses condoléances à la députée Bahia Hariri. Celle-ci a soupçonné une anomalie dans cet échange et, voyant que la communication ne se déroulait pas comme à l’accoutumée, a interrogé l’ambassadeur Boukhari. La surprise fut telle qu’une enquête a été ouverte au Liban, révélant un imposteur capable de faire plier l’État libanais et de s’approprier des droits et des acquis auxquels personne n’avait jamais eu accès, que ce soit de manière légitime ou non.
Cette affaire ne révèle pas uniquement la naïveté de ceux qui sont tombés dans le piège d’Abou Omar, mais également la fragilité des responsables de l’État qui pensent pouvoir obtenir la bénédiction saoudienne en se pliant aux demandes de quiconque se prétend Saoudien.
Dans cette affaire, seuls quelques responsables ont refusé d’exécuter toute demande en dehors des canaux officiels, à savoir l’ambassade d’Arabie saoudite et les responsables officiels. Ainsi, certains hommes d’État ont réussi à se comporter avec rigueur, tandis que d’autres sont tombés dans les pièges tendus par Abou Omar et ses semblables.



Commentaires