L’État est innocent… et le déposant coupable
©Ici Beyrouth

Dans un pays gouverné par des incompétents, l’injustice devient la règle. Le projet de la «Gap Law» adopté par le gouvernement en est un exemple: il fait peser sur les citoyens la responsabilité de l’effondrement financier et prévoit de compenser le déficit à partir de leurs poches, avec effet rétroactif.

Au-delà de la simple adoption de la loi, il apparaît clairement que l’État s’est déclaré innocent tout en faisant peser sur les citoyens et les banques l’entière responsabilité de l’effondrement financier, transformant ainsi le peuple en victime de ses actions abusives au fil des ans.

Aujourd’hui, le gouvernement de Nawaf Salam, avec la majorité de ses ministres, à l’exception de ceux qui ont eu l’honneur de s’opposer au populisme, a condamné le peuple libanais à la faillite, parce qu’il refuse de se juger lui-même responsable.

Est-ce le peuple, dont les dépôts ont été liquidés, qui a décidé de fixer le taux de change de la livre libanaise par crainte que la monnaie s’effondre au fil des années, ou est-ce les présidents de la République et les gouvernements successifs qui ont pris cette décision?

Est-ce le peuple libanais qui a financé l’électricité à coups de milliards alors qu’une réforme aurait coûté bien moins et aurait permis d’éviter la situation actuelle?

Est-ce le peuple libanais qui a financé tous les produits qui ont été détournés vers la Syrie sous le régime de Bachar el-Assad par l’intermédiaire du Hezbollah, alors que les Libanais devaient les chercher sur le marché noir?

Est-ce le peuple libanais qui a adopté des budgets et des grilles des salaires sans études préalables, provoquant un déficit qui a durement frappé les finances de l’État, sans que les Libanais n’aient eu d’autre choix que de constater ce désastre?

Et surtout, est-ce le peuple libanais qui a déclenché les guerres et ouvert les fronts, décidant d'entraîner le Liban dans des crises fatales dont il aurait pu se tenir à l'écart?

La réponse est connue, mais ce qui reste mystérieux, c’est pourquoi le gouvernement de Nawaf Salam a décidé de punir ces citoyens au lieu de tenir responsables ceux qui ont dépensé toutes ces sommes au fil des années.

Pourquoi veut-il revenir sur des opérations passées pour récupérer auprès des citoyens ce qu’ils ont obtenu légalement, sans qu’aucune faveur ne leur soit accordée, comme par exemple les intérêts bancaires ou la conversion d’argent au taux officiel fixé par le gouvernement dans ses budgets?

Une fois la raison connue, le mystère sera levé.

Commentaires
  • Aucun commentaire