Yémen: l'Arabie saoudite met en garde les séparatistes et les appelle à se retirer
Des partisans du Conseil de transition du Sud (STC), coalition de groupes séparatistes cherchant à rétablir l’État du Sud-Yémen, brandissent des drapeaux du Sud-Yémen lors d’une manifestation à Aden le 12 décembre 2025, réclamant le retour de l’ancien État indépendant. ©Saleh Al-Obeidi / AFP

L'Arabie saoudite a prévenu samedi qu'elle riposterait à toute action militaire des séparatistes au Yémen, tout en les appelant à se retirer «pacifiquement» des provinces récemment conquises.

Cette annonce survient au lendemain de frappes sur des positions des séparatistes, qui les avaient imputées au voisin saoudien, allié du gouvernement yéménite.

Les forces de la coalition militaire dirigée par Ryad géreront «au moment opportun (...) toute action militaire» visant le gouvernement yéménite «dans le but de protéger la vie des civils», dans la province méridionale de Hadramout, a indiqué leur porte-parole, le général Turki al-Malki, dans un communiqué rapporté par l'agence de presse officielle SPA.

Mais le royaume a dit espérer une solution «pacifique», appelant les séparatistes à se retirer des provinces dont ils ont pris le contrôle.

«Il est temps» pour les séparatistes «à ce stade sensible, de faire prévaloir la voix de la raison (...) en retirant leurs forces» des deux provinces, Hadramout et Mahra, et «en les remettant pacifiquement» aux autorités, a déclaré sur X le ministre saoudien de la Défense, Khaled ben Salmane.

«Ligne rouge franchie»

Soutenu par les Émirats arabes unis, le mouvement séparatiste du Conseil de transition du Sud (STC) s'est emparé ces dernières semaines de vastes portions de territoire, notamment dans l'Hadramout, sans rencontrer de grande résistance. Et ses partisans l'appellent à rétablir un État dans le sud du Yémen, où une République démocratique et populaire a été indépendante entre 1967 et 1990.

Reconnaissant que «la question du Sud (...) ne peut être ignorée», le prince a affirmé qu'une «solution juste» devait être «acceptée par tous» à travers le dialogue et sans recours à la force.

Dans ce contexte tendu, le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale a demandé vendredi à la coalition militaire de prendre des «mesures» pour le soutenir.

Le camp des séparatistes avait fait état plus tôt de deux frappes saoudiennes contre leurs positions dans la province de Hadhramout. Aucune victime n'a été signalée.

Riyad et Abou Dhabi n'ont pas fait de commentaire sur ces frappes.

Les séparatistes ont ensuite averti que celles-ci «n'empêcheraient pas les populations du Sud de continuer à avancer vers la restauration de leurs droits». Mais ils se sont dits «ouverts à tout arrangement» avec Riyad, «garantissant la sécurité, l'unité et l'intégrité» de cette région.

Pour Farea al-Muslimi, analyste au sein du groupe de réflexion Chatham House à Londres, les séparatistes «ont franchi la ligne rouge». «Humilier l'Arabie saoudite est une mauvaise chose mais l'humilier publiquement est encore pire. Et c'est exactement ce qu'ils ont fait», a-t-il dit à l'AFP .

Appel à la «retenue»

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a appelé vendredi à la «retenue», tout en évitant de prendre parti entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, deux partenaires clés de Washington.

Jeudi, après des affrontements entre les séparatistes et un chef tribal proche du royaume saoudien, Ryad avait dénoncé «une escalade injustifiée».

Début décembre, le SCT avait refusé une demande des Émirats arabes unis et de l'Arabie saoudite de se retirer des territoires conquis, selon une source proche des séparatistes.

Autre signe de tension, plus de 15.000 combattants yéménites appuyés par l'Arabie saoudite sont massés dans des zones stratégiques à la frontière entre les deux pays, d'après un responsable militaire yéménite.

Les combattants n'ont reçu à ce stade aucun ordre d'avancer, a-t-il toutefois précisé, sous couvert de l'anonymat.

Ces nouvelles tensions pourraient fragiliser davantage encore le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, au cœur de rivalités régionales.

Un conflit a éclaté en 2014 entre, d'un côté, le gouvernement et ses alliés, dont le SCT, et de l'autre, les houthis pro-iraniens, faisant des centaines de milliers de morts, morcelant le pays et provoquant l'une des pires crises humanitaires au monde. Une trêve conclue en 2022 est globalement respectée.

La coalition dirigée par l'Arabie saoudite, rivale de l'Iran, avait été créée en 2015 pour apporter son soutien au gouvernement yéménite.

AFP

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