La réaction israélienne violente aux observations libanaises sur la proposition américaine pour la conclusion d’un accord sur la frontière maritime commune en Méditerranée a fait ressurgir les craintes d’un retour à la case départ. Pire encore, d’une possible escalade, à partir du moment où le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a donné ses instructions à l’armée israélienne pour qu’elle décrète l’état d’alerte à la frontière terrestre avec le Liban, en prévision d’une possible escalade.
Deux éléments permettent cependant de supposer que le refus israélien des propositions d’amendement libanaises au document américain ne torpillera pas le dossier : la disposition libanaise exprimée pour des discussions autour des points litigieux et les assurances américaines selon lesquelles l’accord entre le Liban et Israël « peut être sauvé », même si Washington reconnaît qu’il est actuellement « à un stade critique ».
Jalaa Marey/AFP
Que s’est-il donc passé jeudi ? Israël a rejeté sans ambages les amendements du Liban au sujet du projet d’accord visant à délimiter leur frontière maritime dans la perspective de prospections gazières offshore. " Le Premier ministre Yaïr Lapid a été informé des changements significatifs que le Liban cherche à apporter à l’accord et a demandé à son équipe de négociateurs de les rejeter ", a déclaré à l’AFP un haut responsable israélien requérant l’anonymat.
Le Liban, rappelle-t-on, avait remis mardi sa réponse à la proposition américaine pour régler son litige sur la frontière maritime avec Israël. Il n’a pas rendu publiques ses propositions d’amendement. Tel Aviv non plus. Mais une source officielle israélienne, citée par le quotidien israélien, The Jerusalem Post, a indiqué que l'une des demandes du Liban rejetée par Tel Aviv est que Total Energy, la société française qui devrait exploiter le champ de Cana « rachète la partie qui se trouve dans les eaux territoriales israéliennes, alors que la proposition à laquelle Israël avait donné son feu vert est que cette compagnie lui paie des redevances en contrepartie de l’exploitation de ce champ ».
Toujours selon le Jerusalem Post, la seconde observation libanaise rejetée par Tel Aviv se rapporte à la "ligne des bouées" que Beyrouth refuse de reconnaître, contrairement au souhait israélien. Ce tracé fictif établi en mer par Israël s’étend sur 5 kilomètres à partir de Ras el-Naqoura et représente la limite de la Zone économique exclusive israélienne. Beyrouth considère que cette ligne a été établie unilatéralement par l’État hébreu pour délimiter sa ZEE et que s’il la reconnaît, cela reviendrait à la consacrer au vu du droit international.
Citant la même source, le Jérusalem Post, a indiqué que "le Premier ministre Lapid ne ferait aucun compromis sur la sécurité et les intérêts économiques d'Israël, même si cela signifie qu'il n'y aura pas d'accord bientôt".
Concertations avec Hochstein
Les autorités libanaises n’ont réagi que vaguement au rejet israélien des propositions qu’elles avaient soumises aux États-Unis. Le vice-président de la Chambre, Elias Bou Saab, en charge du suivi du dossier, s’est ainsi contenté d’expliquer à Reuters que l’accord sur la frontière maritime avec Israël est " finalisé à 90%, mais les 10% restants sont déterminants ". Il a aussi confié qu’il est « en contact permanent avec Amos Hochstein ». Cité aussi par Reuters, un responsable libanais qui a requis l’anonymat s’est contenté d’indiquer que Beyrouth n’a pas été officiellement informé du refus israélien. " Nous voulons savoir si ce rejet est définitif ou s’il est possible de négocier ", a-t-il affirmé.
Ces précisions devraient être fournies par Washington au Liban. Selon une source officielle libanaise, citée par la chaîne panarabe, al-Hadath, le médiateur américain, Amos Hochstein, estime que Tel Aviv a rejeté une partie des suggestions libanaises d’amendement de la proposition américaine et non pas toutes.
Un haut responsable libanais impliqué dans les négociations a ainsi indiqué à l’AFP que l’équipe de négociation libanaise avait passé " la nuit entière " (de mercredi à jeudi) à communiquer avec le médiateur américain afin de " clarifier certains points ". Selon lui, les modifications proposées par le Liban visent à " rendre le texte plus clair et non sujet à interprétation ". Dans ce contexte, le directeur libanais de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a souligné la responsabilité des Etats-Unis à ce niveau, en affirmant à l’agence russe Sputnik: " La réponse israélienne ne nous concerne pas et nous attendons que le médiateur américain assume sa responsabilité ".
Le Liban n’exclut pas que la levée de boucliers israélienne et la querelle entre le Premier ministre israélien Yaïr Lapid et son prédécesseur, Benjamin Netanyahu, sur ce dossier, soient essentiellement motivées par des considérations électorales internes israéliennes. Mais il ne prend pas le risque non plus de compromettre l’accord sur la frontière.
Les dirigeants libanais s’étaient réunis mardi pour élaborer une réponse unifiée à la proposition des États-Unis, dont le contenu n’a pas été rendu public, et se sont dits confiants de parvenir rapidement à un accord, faisant écho à un optimisme similaire qui était manifesté par l’État hébreu, avant qu’il ne reçoive les observations libanaises. La proposition du médiateur américain sur la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël " protège " et " renforce " les intérêts de l’État hébreu, avait déclaré dimanche Yaïr Lapid, qui, en pleine campagne pour les législatives du 1er novembre, fait l’objet de vives critiques de l’opposition, menée par Benjamin Netanyahu, sur ce projet d’accord.
Premier ministre israélien Yaïr Lapid
Menaces israéliennes
Ce dernier, qui cherche à revenir à la tête du gouvernement israélien, a accusé M. Lapid de " donner " un " territoire souverain d’Israël " au Hezbollah. Selon des responsables israéliens, l’accord prévoit que le gisement offshore de Karish demeure en Israël et que les réserves de Cana soient octroyées au Liban mais que l’État hébreu touche une partie des revenus d’exploitation gazière.
Après avoir rejeté les observations libanaises, Israël maintient qu’il exploitera le gisement de Karish, et ce même en l’absence d’accord sur sa frontière maritime avec Beyrouth et en dépit de menaces en ce sens du Hezbollah. " Israël va produire du gaz du gisement de Karish dès qu’il est possible de le faire. Si le Hezbollah ou quiconque tente d’endommager Karish ou nous menace, les négociations sur la frontière maritime vont cesser immédiatement ", a déclaré ce haut responsable israélien, peu avant une rencontre du cabinet de sécurité de M. Lapid sur ce dossier épineux. Celle-ci était prévue jeudi. Dans le même temps, Benny Gantz se faisait menaçant en affirmant que « le Liban paiera un lourd tribut au cas où le Hezbollah attaquerait les intérêts israéliens ». C’est dans ce contexte qu’il devait donner des instructions à l’armée de se mobiliser en préparation d’une escalade sécuritaire aux frontières avec le Liban, selon le Haaretz.
Deux éléments permettent cependant de supposer que le refus israélien des propositions d’amendement libanaises au document américain ne torpillera pas le dossier : la disposition libanaise exprimée pour des discussions autour des points litigieux et les assurances américaines selon lesquelles l’accord entre le Liban et Israël « peut être sauvé », même si Washington reconnaît qu’il est actuellement « à un stade critique ».
Jalaa Marey/AFP
Que s’est-il donc passé jeudi ? Israël a rejeté sans ambages les amendements du Liban au sujet du projet d’accord visant à délimiter leur frontière maritime dans la perspective de prospections gazières offshore. " Le Premier ministre Yaïr Lapid a été informé des changements significatifs que le Liban cherche à apporter à l’accord et a demandé à son équipe de négociateurs de les rejeter ", a déclaré à l’AFP un haut responsable israélien requérant l’anonymat.
Le Liban, rappelle-t-on, avait remis mardi sa réponse à la proposition américaine pour régler son litige sur la frontière maritime avec Israël. Il n’a pas rendu publiques ses propositions d’amendement. Tel Aviv non plus. Mais une source officielle israélienne, citée par le quotidien israélien, The Jerusalem Post, a indiqué que l'une des demandes du Liban rejetée par Tel Aviv est que Total Energy, la société française qui devrait exploiter le champ de Cana « rachète la partie qui se trouve dans les eaux territoriales israéliennes, alors que la proposition à laquelle Israël avait donné son feu vert est que cette compagnie lui paie des redevances en contrepartie de l’exploitation de ce champ ».
Toujours selon le Jerusalem Post, la seconde observation libanaise rejetée par Tel Aviv se rapporte à la "ligne des bouées" que Beyrouth refuse de reconnaître, contrairement au souhait israélien. Ce tracé fictif établi en mer par Israël s’étend sur 5 kilomètres à partir de Ras el-Naqoura et représente la limite de la Zone économique exclusive israélienne. Beyrouth considère que cette ligne a été établie unilatéralement par l’État hébreu pour délimiter sa ZEE et que s’il la reconnaît, cela reviendrait à la consacrer au vu du droit international.
Citant la même source, le Jérusalem Post, a indiqué que "le Premier ministre Lapid ne ferait aucun compromis sur la sécurité et les intérêts économiques d'Israël, même si cela signifie qu'il n'y aura pas d'accord bientôt".
Concertations avec Hochstein
Les autorités libanaises n’ont réagi que vaguement au rejet israélien des propositions qu’elles avaient soumises aux États-Unis. Le vice-président de la Chambre, Elias Bou Saab, en charge du suivi du dossier, s’est ainsi contenté d’expliquer à Reuters que l’accord sur la frontière maritime avec Israël est " finalisé à 90%, mais les 10% restants sont déterminants ". Il a aussi confié qu’il est « en contact permanent avec Amos Hochstein ». Cité aussi par Reuters, un responsable libanais qui a requis l’anonymat s’est contenté d’indiquer que Beyrouth n’a pas été officiellement informé du refus israélien. " Nous voulons savoir si ce rejet est définitif ou s’il est possible de négocier ", a-t-il affirmé.
Ces précisions devraient être fournies par Washington au Liban. Selon une source officielle libanaise, citée par la chaîne panarabe, al-Hadath, le médiateur américain, Amos Hochstein, estime que Tel Aviv a rejeté une partie des suggestions libanaises d’amendement de la proposition américaine et non pas toutes.
Un haut responsable libanais impliqué dans les négociations a ainsi indiqué à l’AFP que l’équipe de négociation libanaise avait passé " la nuit entière " (de mercredi à jeudi) à communiquer avec le médiateur américain afin de " clarifier certains points ". Selon lui, les modifications proposées par le Liban visent à " rendre le texte plus clair et non sujet à interprétation ". Dans ce contexte, le directeur libanais de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a souligné la responsabilité des Etats-Unis à ce niveau, en affirmant à l’agence russe Sputnik: " La réponse israélienne ne nous concerne pas et nous attendons que le médiateur américain assume sa responsabilité ".
Le Liban n’exclut pas que la levée de boucliers israélienne et la querelle entre le Premier ministre israélien Yaïr Lapid et son prédécesseur, Benjamin Netanyahu, sur ce dossier, soient essentiellement motivées par des considérations électorales internes israéliennes. Mais il ne prend pas le risque non plus de compromettre l’accord sur la frontière.
Les dirigeants libanais s’étaient réunis mardi pour élaborer une réponse unifiée à la proposition des États-Unis, dont le contenu n’a pas été rendu public, et se sont dits confiants de parvenir rapidement à un accord, faisant écho à un optimisme similaire qui était manifesté par l’État hébreu, avant qu’il ne reçoive les observations libanaises. La proposition du médiateur américain sur la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël " protège " et " renforce " les intérêts de l’État hébreu, avait déclaré dimanche Yaïr Lapid, qui, en pleine campagne pour les législatives du 1er novembre, fait l’objet de vives critiques de l’opposition, menée par Benjamin Netanyahu, sur ce projet d’accord.
Premier ministre israélien Yaïr Lapid
Menaces israéliennes
Ce dernier, qui cherche à revenir à la tête du gouvernement israélien, a accusé M. Lapid de " donner " un " territoire souverain d’Israël " au Hezbollah. Selon des responsables israéliens, l’accord prévoit que le gisement offshore de Karish demeure en Israël et que les réserves de Cana soient octroyées au Liban mais que l’État hébreu touche une partie des revenus d’exploitation gazière.
Après avoir rejeté les observations libanaises, Israël maintient qu’il exploitera le gisement de Karish, et ce même en l’absence d’accord sur sa frontière maritime avec Beyrouth et en dépit de menaces en ce sens du Hezbollah. " Israël va produire du gaz du gisement de Karish dès qu’il est possible de le faire. Si le Hezbollah ou quiconque tente d’endommager Karish ou nous menace, les négociations sur la frontière maritime vont cesser immédiatement ", a déclaré ce haut responsable israélien, peu avant une rencontre du cabinet de sécurité de M. Lapid sur ce dossier épineux. Celle-ci était prévue jeudi. Dans le même temps, Benny Gantz se faisait menaçant en affirmant que « le Liban paiera un lourd tribut au cas où le Hezbollah attaquerait les intérêts israéliens ». C’est dans ce contexte qu’il devait donner des instructions à l’armée de se mobiliser en préparation d’une escalade sécuritaire aux frontières avec le Liban, selon le Haaretz.
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