©Paolo Sorrentino, Daphna Kastner, Harvey Keitel et Filippo Scotti lors de la projection de The Hand of God à Los Angeles, Californie, le 8 décembre 2021..(Photo de Phillip Faraone / GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD / Getty Images via AFP)
L'arrivée de Maradona à Naples puis le cinéma ont littéralement sauvé la vie de Paolo Sorrentino. Une histoire que le réalisateur raconte dans son film le plus personnel, The Hand of God (La main de Dieu), en ligne mercredi sur Netflix.
Dans ce film largement autobiographique, qui a concouru à Venise, le cinéaste raconte l'enfance d'un jeune Napolitain, brisée par la mort accidentelle de ses parents, victimes d'une intoxication au monoxyde de carbone.
Dans les années 1980, Diego Maradona, légende du football, est une icône dans la métropole du sud de l'Italie. Celui qui adulte deviendra l'un des réalisateurs italiens les plus doués de sa génération, avec des films comme La Grande Bellezza ou la série The Young Pope, suit alors chacun de ses exploits.
"Maradona n'est pas simplement un joueur de football. Il était capable de transcender la réalité et il a été ma première chance de me confronter avec l'art", a expliqué à l'AFP Paolo Sorrentino, 51 ans, sur le Lido.
Le joueur représente encore bien plus que cela: si Sorrentino n'a pas trouvé la mort avec ses parents dans leur maison de vacances, c'est parce le soir du drame il avait obtenu, à 16 ans et pour la première fois, l'autorisation de rester à Naples pour un match dans lequel jouait son idole.
De cette blessure, Paolo Sorrentino fait aujourd'hui un film, confiant le rôle de son père à son acteur fétiche, Toni Servillo. Le personnage qui s'inspire de son enfance est interprété par un jeune acteur, Filippo Scotti.
On y découvre un jeune garçon grandissant dans une famille de la classe moyenne, une grande tribu excentrique nageant dans la fantaisie et l'humour, parfois corrosif.
Les personnages sont hauts en couleur, comme cette sœur qui ne sort jamais de la salle de bains, cette grande bourgeoise, appelée "La Baronne", qui s'occupe de son initiation sexuelle, ou cette mère qui n'hésite pas à monter des canulars parfois cruels pour piéger ses proches, comme lorsqu'elle fait croire à tout le monde que sa voisine a décroché un rôle d'actrice de premier plan dans un film.
De cette famille, "j'ai appris qu'être en conflit est bien plus amusant qu'être en paix avec les autres", ironisait le réalisateur, cigarillo à la bouche, sur la terrasse d'un grand hôtel face à la mer.
Son film est aussi la déclaration d'amour d'un Napolitain pour sa ville natale, magnifiée à l'écran: "Naples, dans les années 1980, c'était comme faire un safari, à pied, sans pouvoir se réfugier dans une jeep. C'était à la fois amusant, très violent et très dangereux, comme une jungle. Vous pouvez y rencontrer un lion, mais aussi de beaux oiseaux".
Les périodes qui suivirent la mort de ses parents ont probablement été encore plus noires que ne le montrent le film, après une scène poignante où il n'obtient pas l'autorisation de voir leur corps à l'hôpital.
"C'est exactement comme cela que c'est arrivé. Je me le rappelle très bien et ce n'était pas facile à tourner", dit-il. Pour le reste, "il y a un équilibre entre ma vie privée et les besoins du cinéma. Il y a des choses que je ne préfère pas raconter".
Pourquoi filmer cette histoire ? "Il y a un avenir pour chacun, quelles que soient les souffrances ou la douleur que vous avez subies dans la vie. J'espère que les jeunes gens pourront comprendre ce message, car ils sont beaucoup plus préoccupés de leur futur que nous l'étions".
AFP/François BECKER
Dans ce film largement autobiographique, qui a concouru à Venise, le cinéaste raconte l'enfance d'un jeune Napolitain, brisée par la mort accidentelle de ses parents, victimes d'une intoxication au monoxyde de carbone.
Dans les années 1980, Diego Maradona, légende du football, est une icône dans la métropole du sud de l'Italie. Celui qui adulte deviendra l'un des réalisateurs italiens les plus doués de sa génération, avec des films comme La Grande Bellezza ou la série The Young Pope, suit alors chacun de ses exploits.
"Maradona n'est pas simplement un joueur de football. Il était capable de transcender la réalité et il a été ma première chance de me confronter avec l'art", a expliqué à l'AFP Paolo Sorrentino, 51 ans, sur le Lido.
Le joueur représente encore bien plus que cela: si Sorrentino n'a pas trouvé la mort avec ses parents dans leur maison de vacances, c'est parce le soir du drame il avait obtenu, à 16 ans et pour la première fois, l'autorisation de rester à Naples pour un match dans lequel jouait son idole.
Tribu excentrique
De cette blessure, Paolo Sorrentino fait aujourd'hui un film, confiant le rôle de son père à son acteur fétiche, Toni Servillo. Le personnage qui s'inspire de son enfance est interprété par un jeune acteur, Filippo Scotti.
On y découvre un jeune garçon grandissant dans une famille de la classe moyenne, une grande tribu excentrique nageant dans la fantaisie et l'humour, parfois corrosif.
Les personnages sont hauts en couleur, comme cette sœur qui ne sort jamais de la salle de bains, cette grande bourgeoise, appelée "La Baronne", qui s'occupe de son initiation sexuelle, ou cette mère qui n'hésite pas à monter des canulars parfois cruels pour piéger ses proches, comme lorsqu'elle fait croire à tout le monde que sa voisine a décroché un rôle d'actrice de premier plan dans un film.
De cette famille, "j'ai appris qu'être en conflit est bien plus amusant qu'être en paix avec les autres", ironisait le réalisateur, cigarillo à la bouche, sur la terrasse d'un grand hôtel face à la mer.
Son film est aussi la déclaration d'amour d'un Napolitain pour sa ville natale, magnifiée à l'écran: "Naples, dans les années 1980, c'était comme faire un safari, à pied, sans pouvoir se réfugier dans une jeep. C'était à la fois amusant, très violent et très dangereux, comme une jungle. Vous pouvez y rencontrer un lion, mais aussi de beaux oiseaux".
Les périodes qui suivirent la mort de ses parents ont probablement été encore plus noires que ne le montrent le film, après une scène poignante où il n'obtient pas l'autorisation de voir leur corps à l'hôpital.
"C'est exactement comme cela que c'est arrivé. Je me le rappelle très bien et ce n'était pas facile à tourner", dit-il. Pour le reste, "il y a un équilibre entre ma vie privée et les besoins du cinéma. Il y a des choses que je ne préfère pas raconter".
Pourquoi filmer cette histoire ? "Il y a un avenir pour chacun, quelles que soient les souffrances ou la douleur que vous avez subies dans la vie. J'espère que les jeunes gens pourront comprendre ce message, car ils sont beaucoup plus préoccupés de leur futur que nous l'étions".
AFP/François BECKER
Lire aussi
Commentaires