Raïssi accuse les États-Unis d'être derrière les manifestations
©Cette Iranienne brave l'interdit en marchant dans la rue, en plein jour et à côté d'un imam, sans porter le foulard.
Alors que la mobilisation ne faiblit pas en Iran, le président Ebrahim Raïssi s'en est pris aux États-Unis, les accusant de chercher à déstabiliser le pays. Malgré une répression meurtrière (108 morts selon des ONG ), la contestation se poursuit et s'est étendue au Kurdistan qui subit des affrontements meurtriers entre manifestants et forces de l'ordre. 



 

Le président iranien Ebrahim Raïssi a accusé jeudi les Etats-Unis de chercher à déstabiliser son pays, confronté depuis près d'un mois à des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, une mobilisation qui ne faiblit pas malgré la répression.

Le décès le 16 septembre de cette Kurde iranienne de 22 ans a déclenché la plus grande vague de manifestations et de violence en Iran depuis les protestations de 2019 contre la hausse du prix de l'essence dans le pays riche en pétrole.

La jeune femme avait été arrêtée trois jours auparavant par la police des moeurs à Téhéran pour avoir, selon celle-ci, enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes, prévoyant notamment le port du voile.

 



 

Depuis, des jeunes femmes, étudiantes et écolières sont à l'avant-garde des manifestations au cours desquelles elles scandent des slogans antigouvernementaux, mettent le feu à leur foulard et affrontent les forces de sécurité.

Jeudi, des étudiants se sont rassemblés à l'Université de Téhéran, injuriant un garde de sécurité qui pointait son arme en leur direction, d'après une vidéo diffusée sur Internet et vérifiée par l'AFP.

 

Pour le régime islamique, les États-Unis représentent le "Grand Satan".

 

Une nouvelle fois, le pouvoir en Iran a mis en cause les Etats-Unis, son ennemi juré. "Washington et ses alliés ont recours à une politique de déstabilisation vouée à l'échec", a déclaré l'ultraconservateur Raïssi.

Les autorités iraniennes affirment que Mahsa Amini est décédée des suites d'une maladie et non de "coups", d'après un rapport médical rejeté par son père. Son cousin a affirmé qu'elle était décédée après "un violent coup à la tête".

 



 

Le mouvement de contestation a entraîné des rassemblements de solidarité à l'étranger ainsi que des sanctions occidentales visant des responsables et institutions iraniens accusés d'implication dans la répression.

Le Canada a annoncé une nouvelle salve de sanctions en réponse aux "violations systématiques des droits de la personne" en Iran.

La Maison Blanche a indiqué "se concentrer sur la manière de faire rendre des comptes au régime pour ce qu'il fait aux manifestants innocents".

Plus de 100 personnes ont été tuées en Iran depuis le 16 septembre et des centaines d'autres ont été arrêtées, selon des ONG.

Des manifestantes malmenées par les forces de sécurité, avec notamment un homme qui semble être le gouverneur adjoint de Racht, dans la province de Gilan, en Iran.

 

Mercredi soir, des coups de feu et des gaz lacrymogènes ont été tirés contre des manifestants à Ispahan (sud), Machhad (nord-est), Rasht (nord), Saghez, ville natale d'Amini dans la province du Kurdistan (nord-ouest), et à Téhéran.

Sur une vidéo vérifiée par l'AFP, des femmes se font malmener par les forces de l'ordre dans la province de Gilan (nord).

Selon l'ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo, des ouvriers du secteur énergétique se sont joints à la contestation cette semaine en se mettant en grève à l'usine pétrochimique d'Asalouyeh (sud-ouest) et à Abadan (ouest). A Bouchehr (sud), 12 ouvriers ont été interpellés après s'être mis en grève, d'après Human Rights Activists News Agency (HRANA).

Ces derniers jours des affrontements meurtriers entre manifestants et forces de l'ordre ont eu lieu en particulier à Sanandaj, capitale de la province du Kurdistan.

 



 

La ville de Zahedan (sud-est) a par ailleurs été touchée par des violences déclenchées le 30 septembre lors de manifestations contre le viol présumé d'une jeune fille par un policier, qui ont fait au moins 94 morts selon l'IHR.

Pour faire face à la contestation, les autorités ont bloqué l'accès aux réseaux sociaux, notamment aux applications Instagram et WhatsApp.

Les juges ont reçu pour consigne de ne pas prononcer des peines "faibles" contre les "principaux éléments des émeutes", selon le site d'information du pouvoir judiciaire.

De nombreuses manifestations en solidarité avec les manifestants iraniens et en l'honneur de Mahsa Amini ont eu lieu à travers le monde, et notamment dans le Kurdistan irakien et syrien. (AFP)

 

Mercredi, l'agence HRANA a déploré "l'utilisation non réglementée de fusils de chasse à plomb par les forces de l'ordre provoquant des blessures chez de nombreux manifestants". "Le nombre de détenus est estimé à au moins 5.500 personnes" depuis le 16 septembre, selon HRANA.

Ces informations et chiffres n'ont pas pu être vérifiés.

En Iran, le quotidien réformateur Etemad a appelé les autorités à mettre fin aux arrestations conduites "parfois sous de faux prétextes" et a dénoncé les interpellations de journalistes. "Agissez urgemment avant qu'il ne soit trop tard."

Avec AFP
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