©Crédit photo : Ammar Abd Rabbo
Hayat Nazer travaillait avec l’ONU, au ministère chargé des affaires sociales. En 2017, elle a quitté son travail pour se consacrer à la peinture. Pour elle, la Covid-19 a donné des ailes à sa créativité, l'incitant à produire durant ces dernières années des statues de surcyclage; le phœnix, la femme du port… Actuellement, Hayat travaille sur un nouveau projet de recyclage.
«Au beau milieu de la pandémie de Covid-19, j’ai lancé un appel pour récupérer des bouteilles de désinfectants en plastique, offrant 50.000 LL en contrepartie de 50 bouteilles. L’idée est d’assembler tout ce qui tue le virus. La campagne a parcouru le Liban et s’est étendue du Akkar à Nabatiyeh et à Baalbek, pour aboutir à Zahlé. C’est un projet artistique que j’ai du plaisir à réaliser. C’est également un projet humanitaire, puisqu'il profite à des personnes dans le besoin. Ce qui m’importe, à travers ce projet, c’est surtout de créer une prise de conscience collective», confie Hayat.
Pour ce qui est de la sculpture de la femme, elle a été réalisée à partir des débris récupérés à la suite de la double explosion au port de Beyrouth. «Je faisais moi-même partie des volontaires venus déblayer et, lorsqu’on a nettoyé les maisons, j’ai rapporté les débris chez moi. Il y en avait partout. J’ai même retrouvé une montre arrêtée à 18h07 et l'ai utilisée dans mon travail. La statue est divisée en deux parties. La moitié gauche est brisée. Elle baisse le bras. La plaie est béante. Elle a les cheveux au vent, comme soufflés par l’explosion. La moitié droite a le visage tourné vers l’avant, la main porte le flambeau et le pied se remet en marche. C’est le symbole d’un peuple qui veut continuer de vivre. Cette statue me représente, ainsi que tous les traumatisés de l’explosion de Beyrouth. Elle reflète la vérité de ce qui s’est passé et la volonté de vivre. C’est une vie bâtie sur la destruction, comme son nom l’indique», raconte-t-elle.
Hayat rêve également d’un projet d’extension à la statue: «Mon rêve est d’en faire une statue immense, telle la statue de la liberté, bâtie par les Libanais avec, à ses pieds, un musée, une sorte de monument commémoratif ou un site touristique qui préserve la mémoire et le souvenir des personnes qui ont péri dans l’explosion du 4 août. Nous voulons certes aller de l’avant, mais en aucun cas oublier l'atrocité de ce qui s'est passé. Elle serait conçue de manière que, de ses pieds, un escalier monte jusqu’à ses entrailles où sera construit un centre de réunions et d'action. Delà, on continuerait l'ascension jusqu’à son visage afin de voir Beyrouth à travers ses yeux de verre. La flamme du flambeau qu'elle portera s’allumerait le 4 de chaque mois.»
Marie-Christine Tayah
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«Au beau milieu de la pandémie de Covid-19, j’ai lancé un appel pour récupérer des bouteilles de désinfectants en plastique, offrant 50.000 LL en contrepartie de 50 bouteilles. L’idée est d’assembler tout ce qui tue le virus. La campagne a parcouru le Liban et s’est étendue du Akkar à Nabatiyeh et à Baalbek, pour aboutir à Zahlé. C’est un projet artistique que j’ai du plaisir à réaliser. C’est également un projet humanitaire, puisqu'il profite à des personnes dans le besoin. Ce qui m’importe, à travers ce projet, c’est surtout de créer une prise de conscience collective», confie Hayat.
Pour ce qui est de la sculpture de la femme, elle a été réalisée à partir des débris récupérés à la suite de la double explosion au port de Beyrouth. «Je faisais moi-même partie des volontaires venus déblayer et, lorsqu’on a nettoyé les maisons, j’ai rapporté les débris chez moi. Il y en avait partout. J’ai même retrouvé une montre arrêtée à 18h07 et l'ai utilisée dans mon travail. La statue est divisée en deux parties. La moitié gauche est brisée. Elle baisse le bras. La plaie est béante. Elle a les cheveux au vent, comme soufflés par l’explosion. La moitié droite a le visage tourné vers l’avant, la main porte le flambeau et le pied se remet en marche. C’est le symbole d’un peuple qui veut continuer de vivre. Cette statue me représente, ainsi que tous les traumatisés de l’explosion de Beyrouth. Elle reflète la vérité de ce qui s’est passé et la volonté de vivre. C’est une vie bâtie sur la destruction, comme son nom l’indique», raconte-t-elle.
Hayat rêve également d’un projet d’extension à la statue: «Mon rêve est d’en faire une statue immense, telle la statue de la liberté, bâtie par les Libanais avec, à ses pieds, un musée, une sorte de monument commémoratif ou un site touristique qui préserve la mémoire et le souvenir des personnes qui ont péri dans l’explosion du 4 août. Nous voulons certes aller de l’avant, mais en aucun cas oublier l'atrocité de ce qui s'est passé. Elle serait conçue de manière que, de ses pieds, un escalier monte jusqu’à ses entrailles où sera construit un centre de réunions et d'action. Delà, on continuerait l'ascension jusqu’à son visage afin de voir Beyrouth à travers ses yeux de verre. La flamme du flambeau qu'elle portera s’allumerait le 4 de chaque mois.»
Marie-Christine Tayah
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