Rishi Sunak: un symbole d'intégration
La victoire du nouveau Premier ministre Rishi Sunak à la tête du Royaume-Uni est un symbole important de normalisation de l'immigration, en particulier indienne dans le pays.

Son arrivée à Downing Street marque une révolution tout en douceur: Rishi Sunak devient le premier chef de gouvernement britannique non-blanc et de religion hindoue d'un Royaume-Uni qui a jadis dirigé l'Inde, une bonne partie de l'Afrique et au-delà.

La victoire de Rishi Sunak lundi est tombée au début de la fête hindoue de Diwali, le festival des lumières. Le Premier ministre indien Narendra Modi a adressé ses vœux au "pont vivant" que représentent les Britanniques d'origine indienne.

La victoire de Rishi Sunak lundi est tombée au début de la fête hindoue de Diwali (AFP)

 

 

Dans le plus grand temple indien du quartier londonien de Neasden, l'ascension de Rishi Sunak était dans tous les esprits lundi pour les festivités de Diwali. "C'est un grand jour pour la communauté indienne, mais au-delà c'est un moment où l'on peut regarder en arrière et se dire +comment est-ce qu'on peut avancer en partant de là ?+", a expliqué Kirtan Patel, un analyste financier interrogé par l'AFP.
Symbole de normalisation

Anand Menon, politologue au King's College de Londres, souligne l'importance du symbole que représente l'accession au pouvoir de Rishi Sunak. "Ce qui me rassure le plus", a-t-il noté sur la BBC, c'est "le peu de commentaires à ce sujet", "d'une certaine manière, c'est quelque chose que nous avons normalisé".

Pour autant, un Premier ministre à la peau mate semblait inimaginable il y a encore quelques années.

Quand Rishi Sunak est né, en 1980, il n'y avait pas eu de députés noirs ou d'origine indienne depuis la Seconde Guerre mondiale.

Ils étaient une poignée à avoir alors été élus dans les rangs du Parti travailliste. Mais les conservateurs n'en avaient toujours aucun quand Sunak a été diplômé de l'université d'Oxford en 2001.

Un Premier ministre à la peau mate semblait inimaginable il y a encore quelques années (AFP)

 

 

A la fin des années 1960, nombreux sont ceux qui étaient sous l'influence de l'incendiaire conservateur Enoch Powell, qui mettait en garde contre une guerre civile raciale si l'immigration massive en provenance de l'ancien Empire se poursuivait.

Les sondages indiquaient à l'époque qu'une majorité de Britanniques blancs étaient d'accord avec lui.


Aujourd'hui, selon Sunder Katwala, directeur du cercle de réflexion démographique British Future, "la plupart des gens en Grande-Bretagne disent maintenant à juste titre que les questions d'origine ethnique ou de religion du Premier ministre ne devraient avoir aucune importance".

"Ils jugeront Sunak sur sa capacité à maîtriser le chaos à Westminster, mettre de l'ordre dans les finances publiques et de l'intégrité dans la politique", a-t-il déclaré, "mais il ne faut pas sous-estimer cet important changement social".
Une immigration qui fait débat

Avant Rishi Sunak, le Royaume-Uni a déjà eu des ministres d'origine indienne, à l'instar de Priti Patel à l'Intérieur.

Sa ligne très dure sur l'immigration et son projet-phare d'envoyer au Rwanda des migrants a suscité beaucoup d'incrédulité, sa propre famille ayant dû quitter l'Ouganda du dictateur Idi Amin Dada.

Après la victoire de Sunak, Priti Patel a tweeté des images d'une visite d'un temple hindou à Diwali, saluant "un moment pour l'introspection, la famille, les amis et le service aux autres".

"Une période d'introspection vous ferait du bien", s'est-elle vu rétorquer, dans l'une des réponses les plus polies.

Pour ce qui est d'avoir dans leurs rangs des personnes d'origine indienne et des femmes, les conservateurs surpassent l'opposition travailliste.



 

 

La récente et éphémère ministre de l'Intérieur Suella Braverman, également d'origine indienne, a tenu une ligne tellement dure sur l'immigration qu'elle a torpillé les espoirs d'un accord de libre-échange avec l'Inde d'ici à Diwali.

Pour nombre d'observateurs, les conservateurs souffrent d'un manque de points de vue différents, lié au moule du cursus d'élite que Sunak, comme nombre de ses prédécesseurs, ont suivi.

La nomination de Rishi Sunak, qui coïncide avec l'arrivée du roi Charles III, "raconte une histoire importante au sujet de notre société, d'où nous venons et où nous allons", estime Sunder Katwala, de British Future.

Mais, espère-t-il, "Sunak reconnaîtra que tout le monde n'a eu les mêmes avantages que lui dans la vie". Son arrivée à Downing Street "ne fait pas de la Grande-Bretagne une parfaite méritocratie".

Avec AFP
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