Hong Kong pourrait devenir un refuge pour les Russes cherchant à échapper aux sanctions occidentales. L'arrivée du yacht du milliardaire russe Alexeï Mordachov dans les eaux de Hong Kong a suscité les craintes des experts occidentaux.
La récente visite d'un yacht russe dans les eaux de Hong Kong fait craindre que le territoire chinois ne devienne un refuge "séduisant" pour les oligarques et autres responsables de Russie cherchant à échapper aux sanctions occidentales, avertissent des experts.
Le navire de 142 mètres, baptisé "Nord" et évalué à 500 millions de dollars, a passé plus de trois semaines près du port de Hong Kong avant de lever l'ancre jeudi dernier.
Il serait la propriété du milliardaire russe Alexeï Mordachov, un des oligarques proches de Vladimir Poutine visés par les sanctions prises par les Etats-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Mais le gouvernement de Hong Kong a refusé de prendre des mesures "unilatérales" contre "Nord" lorsque le yacht était encore dans ses eaux, soulevant la réprobation de Washington qui a prévenu que "la réputation" du territoire chinois "comme centre financier" pourrait en être ternie.
L'arrivée du yacht du milliardaire russe Alexeï Mordachov dans les eaux de Hong Kong a suscité les craintes des experts occidentaux (AFP)
Le refus hongkongais fait de la ville chinoise "une option encore plus séduisante pour les élites russes", déclare à l'AFP Maira Martini, spécialiste des blanchiments chez Transparency International.
Hong Kong est depuis longtemps une juridiction facile pour ceux qui "veulent cacher des actifs et blanchir de l'argent sale", estime l'experte.
Et de souligner combien il y est "aisé de constituer des sociétés fictives, qui peuvent être utilisées pour superposer des fonds et dissimuler les véritables propriétaires".
En outre, Hong Kong s'inspire de plus en plus de Pékin, allié clé de Moscou, observe Anthony Ruggiero, expert à la Fondation pour la défense des démocraties.
"Nous devons traiter Hong Kong comme la Chine s'agissant de leur volonté à coopérer (...) pour faire pression sur la Russie", dit-il à l'AFP.
Le dirigeant de Hong Kong, John Lee, fait d'ailleurs partie des personnalités chinoises et hongkongaises sanctionnées par Washington après 2020 pour leur rôle dans la répression des libertés politiques.
Une grande partie de l'attrait de Hong Kong réside dans la facilité avec laquelle il est possible de créer des sociétés - environ 1,4 million y sont domiciliées : les administrateurs n'ont pas besoin d'y vivre et les sociétés peuvent enregistrer des adresses secrètes.
Les Panama Papers de 2016 ont révélé à quel point les sociétés écrans de Hong Kong étaient déterminantes pour ceux qui voulaient cacher des richesses et échapper à l'impôt.
Des entreprises enregistrées à Hong Kong sont également apparues à plusieurs reprises sur des listes de sanctions américaines ou occidentales.
Les Panama Papers de 2016 ont révélé à quel point les sociétés écrans de Hong Kong étaient déterminantes (AFP)
Certaines aidant la Corée du Nord à échapper aux sanctions ont été par exemple citées par le Trésor américain et des experts de l'ONU en 2017 et 2018.
Plus récemment, le Trésor a nommé dix sociétés qui auraient aidé l'Iran à vendre des produits pétroliers, principalement à la Chine. Trois d'entre elles étaient basées à Hong Kong.
Lorsque l'AFP a vérifié le registre de la ville, toutes trois étaient enregistrées à des adresses secrètes. Deux avaient des directeurs de nationalité indienne et la troisième était détenue par un ressortissant de République dominicaine vivant dans la province chinoise du Zhejiang.
M. Ruggiero, également ex-conseiller américain en sécurité nationale, dit s'attendre à ce que Moscou bâtisse "un réseau de sociétés de façade" à travers le monde avec la multiplication des sanctions.
"Les Russes savent faire çà", dit-il, "ils vont sans doute être encore meilleurs que la Corée du Nord et l'Iran -qui sont déjà très bons".
Néanmoins "la concurrence est rude" pour que Hong Kong "devienne un refuge sûr", avec Dubaï et Singapour notamment, estime David Webb, investisseur militant de Hong Kong.
Et les banques ou autres entreprises dépendant de l'accès aux marchés internationaux se méfient des clients russes, de peur de faire l'objet d'une surveillance, prévient Syren Johnstone, de la faculté de droit de l'Université de Hong Kong.
La Russie pourrait bâtir "un réseau de sociétés de façade" à travers le monde avec la multiplication des sanctions. (AFP)
Certaines entreprises "basées ici discriminent les entreprises ou les ressortissants russes, même si ceux-ci ne figurent pas sur les listes de sanctions", soutient le consul général de Moscou à Hong Kong, Igor Sagitov.
Mais il reste optimiste: "lorsque le volume des échanges entre la Russie et la Chine augmente rapidement, Hong Kong peut certainement en bénéficier", dit-il à l'AFP.
Interrogé sur le yacht "Nord", le consul général précise que Moscou "apprécie l'approche adoptée par le gouvernement de Hong Kong", une approche "fondée sur le droit" plutôt que sur "quelques règles imaginaires".
Avec AFP
La récente visite d'un yacht russe dans les eaux de Hong Kong fait craindre que le territoire chinois ne devienne un refuge "séduisant" pour les oligarques et autres responsables de Russie cherchant à échapper aux sanctions occidentales, avertissent des experts.
Le navire de 142 mètres, baptisé "Nord" et évalué à 500 millions de dollars, a passé plus de trois semaines près du port de Hong Kong avant de lever l'ancre jeudi dernier.
Il serait la propriété du milliardaire russe Alexeï Mordachov, un des oligarques proches de Vladimir Poutine visés par les sanctions prises par les Etats-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Mais le gouvernement de Hong Kong a refusé de prendre des mesures "unilatérales" contre "Nord" lorsque le yacht était encore dans ses eaux, soulevant la réprobation de Washington qui a prévenu que "la réputation" du territoire chinois "comme centre financier" pourrait en être ternie.
L'arrivée du yacht du milliardaire russe Alexeï Mordachov dans les eaux de Hong Kong a suscité les craintes des experts occidentaux (AFP)
Le refus hongkongais fait de la ville chinoise "une option encore plus séduisante pour les élites russes", déclare à l'AFP Maira Martini, spécialiste des blanchiments chez Transparency International.
Hong Kong est depuis longtemps une juridiction facile pour ceux qui "veulent cacher des actifs et blanchir de l'argent sale", estime l'experte.
Et de souligner combien il y est "aisé de constituer des sociétés fictives, qui peuvent être utilisées pour superposer des fonds et dissimuler les véritables propriétaires".
En outre, Hong Kong s'inspire de plus en plus de Pékin, allié clé de Moscou, observe Anthony Ruggiero, expert à la Fondation pour la défense des démocraties.
"Nous devons traiter Hong Kong comme la Chine s'agissant de leur volonté à coopérer (...) pour faire pression sur la Russie", dit-il à l'AFP.
Le dirigeant de Hong Kong, John Lee, fait d'ailleurs partie des personnalités chinoises et hongkongaises sanctionnées par Washington après 2020 pour leur rôle dans la répression des libertés politiques.
Paradis fiscal
Une grande partie de l'attrait de Hong Kong réside dans la facilité avec laquelle il est possible de créer des sociétés - environ 1,4 million y sont domiciliées : les administrateurs n'ont pas besoin d'y vivre et les sociétés peuvent enregistrer des adresses secrètes.
Les Panama Papers de 2016 ont révélé à quel point les sociétés écrans de Hong Kong étaient déterminantes pour ceux qui voulaient cacher des richesses et échapper à l'impôt.
Des entreprises enregistrées à Hong Kong sont également apparues à plusieurs reprises sur des listes de sanctions américaines ou occidentales.
Les Panama Papers de 2016 ont révélé à quel point les sociétés écrans de Hong Kong étaient déterminantes (AFP)
Certaines aidant la Corée du Nord à échapper aux sanctions ont été par exemple citées par le Trésor américain et des experts de l'ONU en 2017 et 2018.
Plus récemment, le Trésor a nommé dix sociétés qui auraient aidé l'Iran à vendre des produits pétroliers, principalement à la Chine. Trois d'entre elles étaient basées à Hong Kong.
Lorsque l'AFP a vérifié le registre de la ville, toutes trois étaient enregistrées à des adresses secrètes. Deux avaient des directeurs de nationalité indienne et la troisième était détenue par un ressortissant de République dominicaine vivant dans la province chinoise du Zhejiang.
"La concurrence est rude"
M. Ruggiero, également ex-conseiller américain en sécurité nationale, dit s'attendre à ce que Moscou bâtisse "un réseau de sociétés de façade" à travers le monde avec la multiplication des sanctions.
"Les Russes savent faire çà", dit-il, "ils vont sans doute être encore meilleurs que la Corée du Nord et l'Iran -qui sont déjà très bons".
Néanmoins "la concurrence est rude" pour que Hong Kong "devienne un refuge sûr", avec Dubaï et Singapour notamment, estime David Webb, investisseur militant de Hong Kong.
Et les banques ou autres entreprises dépendant de l'accès aux marchés internationaux se méfient des clients russes, de peur de faire l'objet d'une surveillance, prévient Syren Johnstone, de la faculté de droit de l'Université de Hong Kong.
La Russie pourrait bâtir "un réseau de sociétés de façade" à travers le monde avec la multiplication des sanctions. (AFP)
Certaines entreprises "basées ici discriminent les entreprises ou les ressortissants russes, même si ceux-ci ne figurent pas sur les listes de sanctions", soutient le consul général de Moscou à Hong Kong, Igor Sagitov.
Mais il reste optimiste: "lorsque le volume des échanges entre la Russie et la Chine augmente rapidement, Hong Kong peut certainement en bénéficier", dit-il à l'AFP.
Interrogé sur le yacht "Nord", le consul général précise que Moscou "apprécie l'approche adoptée par le gouvernement de Hong Kong", une approche "fondée sur le droit" plutôt que sur "quelques règles imaginaires".
Avec AFP
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