Prévues le mardi 1er novembre, les nouvelles élections israéliennes ne suscitent pas l’enthousiasme de la population. Le pays traverse en effet une grave crise politique, et ces élections législatives représentent le cinquième scrutin en quatre ans. Difficile donc de mobiliser les foules, alors que le clivage politique est marqué par une stabilité exceptionnelle. L’opinion publique semble inflexible au travers des nombreux scrutins et sondages et empêche de percevoir toute sortie de crise.
Les élections législatives israéliennes se tiendront le mardi 1er novembre (AFP)
La politique israélienne elle-même est sclérosée autour de la figure de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, au point que les acteurs se distinguent essentiellement par leur accord ou opposition à Netanyahu. L’actuel Premier ministre Yaïr Lapid n’a pas réussi à maintenir au pouvoir sa coalition formée avec Naftali Bennett et a succombé aux démissions de plusieurs députés et aux motions de censure du Likoud et ces alliés.
A bien des égards, Benjamin Netanyahu incarne la seule alternative à la crise politique, aussi bien pour son expérience personnelle (14 années au pouvoir), que pour l’unité de son parti et de leurs alliés. Pourtant, c’est aussi sa candidature qui crée le plus de clivages dans la société israélienne, entachée par plusieurs affaires de corruption.
Le Likoud reste cependant le premier parti d’Israël et Benjamin Netanyahu souhaite bien cette fois obtenir les 61 députés nécessaires pour revenir au pouvoir. Une tâche difficile alors que les derniers sondages particulièrement stables lui donnent entre 59 et 60 députés, soit un ou deux de moins que nécessaire. Le Likoud, fort d’une alliance cohérente, peut compter sur ses alliés religieux de droite comme le parti Sionisme religieux et Otzma Yehudit.
Après une traversée du désert, Benjamin Netanyahu souhaite revenir au pouvoir (AFP)
De son côté, la coalition anti-Netanyahu reste extrêmement hétéroclite et souffre de l’absence d’une ligne politique claire. Cette alliance composée notamment du parti Yesh Atid de Yaïr Lapid et du parti Yamina de Naftali Bennett, n’est en effet unie que dans son opposition à Netanyahu. Cette absence visible de ligne politique commune les rend moins crédibles auprès de l’opinion publique. Selon les derniers sondages, ils obtiendraient environ 57 sièges, soit moins que la coalition de Netanyahu.
Ainsi, deux cas de figure pourraient ressortir des élections israéliennes. La première option serait la victoire de Netanyahu qui permettrait au pays de sortir de l’impasse politique. La deuxième serait l’absence de sièges suffisants pour les deux blocs, reconduisant le pays vers de sixièmes élections. Cette dernière est sans doute l’option la plus probable au vu de l’immobilisme de l’opinion publique israélienne. Pour s’en sortir, Benjamin Netanyahu tente donc de convaincre les abstentionnistes (notamment arabes) d’aller voter afin d’obtenir le nombre de sièges nécessaire.
A une semaine du scrutin, le Premier ministre Yaïr Lapid a tenté d’alerter une nouvelle fois sur le danger de Netanyahu. « La fin de la démocratie n’est pas une menace mais plutôt la promesse électorale » de Netanyahu a-t-il affirmé. En cause, notamment le projet de réforme judiciaire chère à l’ancien Premier ministre qui a pour objectif de limiter les pouvoirs de la Cour suprême ; un moyen qui lui permettrait d’échapper aux poursuites judiciaires assure l’opposition. "Si cela se produit, qu'à Dieu ne plaise, je ne sais pas exactement ce que sera Israël, mais il ne sera plus la seule démocratie du Moyen-Orient. Ce ne sera plus du tout une démocratie", a ainsi déclaré Yaïr Lapid.
L’actuel Premier ministre a multiplié les déclarations et les actions diplomatiques, une manière sans doute de vouloir mobiliser son électorat et de faire barrage à Netanyahu. Dernière en date, il a affirmé soutenir la solution à deux États, avec un État palestinien indépendant, une idée que soutient une partie de la population israélienne, bien qu’elle ne soit pas considérée comme prioritaire.
Cette déclaration avait provoqué l’ire de Netanyahu, affirmant que "ceux qui veulent un Etat palestinien, votent Gantz, Lapid et les Frères musulmans". "J'ai signé quatre accords historiques avec les Etats arabes sans renoncer à un seul millimètre de l'Etat d'Israël", a-t-il ajouté.
L’accord gazier avec le Liban a d'ores et déjà suscité l’opposition farouche de Benjamin Netanyahu, qui a menacé de l'annuler s'il arrivera au pouvoir.
Autre point fort de la fin du mandat de Lapid, l’accord gazier avec le Liban voisin, conclu mi-octobre. Salué d’accord « historique » par le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Yaïr Lapid, il a cependant suscité l’opposition farouche de Benjamin Netanyahu. Une position qui pourrait potentiellement menacer l’accord en cas d’élection de Netanyahu.
Ce dernier a affirmé qu’il ne se considérait pas lié à un pacte «de « capitulation » face aux menaces du Hezbollah. Il a en outre assuré qu’en l’absence de majorité, le gouvernement Lapid n’était pas légitime pour prendre de telle décision. Une affirmation contredite par la procureure-générale d’Israël et par la Cour suprême qui a rejeté toutes les demandes d'appel contre l'accord sur la frontière maritime entre Israël et le Liban.
L’inflation est également au cœur de la campagne politique, alors que l’économie israélienne connait des difficultés. Pour rassembler les foules, Benjamin Netanyahu tente de faire campagne en parlant des problèmes économiques et de pouvoir d’achat, délaissant un peu la rhétorique politicienne partisane qu’il avait utilisé lors de ses précédentes campagnes.
Face à l’immobilisme politique de l’opinion publique israélienne, les deux camps tentent de séduire l’électorat arabe qui représente 20% de la population israélienne. Les deux partis arabes en lice Raam de Mansour Abbas et l’alliance Hadash-Ta'al suscitent bien des convoitises, alors qu’ils n’ont encore rejoint aucune coalition. Crédités de 4 sièges chacun dans les sondages, leur soutien pourrait en effet faire peser la balance d’un côté ou de l’autre.
Le maire de Nazareth, Ali Salem, un proche de Netanyahu a affirmé que le Likoud était en contact avec le parti Raam pour une potentielle alliance après les élections. Bien que réfutée par le Likoud, cette déclaration montre l’intérêt du parti pour l’électorat arabe, alors que Netanyahu a multiplié les déclarations envers ces derniers.
L'électorat arabe sera difficile à convaincre pour les deux camps (AFP)
De son côté, le Premier ministre Yaïr Lapid a multiplié les promesses envers les citoyens arabes, assurant notamment le maintien du statu quo sur l’esplanade des Mosquées, la lutte contre la criminalité et la construction de logements dans le secteur arabe. Il s’est également engagé à modifier la loi sur l’Etat-nation qui affirme en substance la judéité de l’Etat d’Israël. "La loi sur l'État-nation telle qu'elle est rédigée aujourd'hui est une insulte aux citoyens israéliens non juifs", a ainsi affirmé Yaïr Lapid en arabe.
L’abstention devrait cependant remporter majoritairement la faveur des électeurs arabes, alors que les experts estiment qu’entre 39 et 40% des arabes israéliens souhaitent voter à ces élections.
Les élections législatives israéliennes se tiendront le mardi 1er novembre (AFP)
La politique israélienne elle-même est sclérosée autour de la figure de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, au point que les acteurs se distinguent essentiellement par leur accord ou opposition à Netanyahu. L’actuel Premier ministre Yaïr Lapid n’a pas réussi à maintenir au pouvoir sa coalition formée avec Naftali Bennett et a succombé aux démissions de plusieurs députés et aux motions de censure du Likoud et ces alliés.
Une victoire de Netanyahu ?
A bien des égards, Benjamin Netanyahu incarne la seule alternative à la crise politique, aussi bien pour son expérience personnelle (14 années au pouvoir), que pour l’unité de son parti et de leurs alliés. Pourtant, c’est aussi sa candidature qui crée le plus de clivages dans la société israélienne, entachée par plusieurs affaires de corruption.
Le Likoud reste cependant le premier parti d’Israël et Benjamin Netanyahu souhaite bien cette fois obtenir les 61 députés nécessaires pour revenir au pouvoir. Une tâche difficile alors que les derniers sondages particulièrement stables lui donnent entre 59 et 60 députés, soit un ou deux de moins que nécessaire. Le Likoud, fort d’une alliance cohérente, peut compter sur ses alliés religieux de droite comme le parti Sionisme religieux et Otzma Yehudit.
Après une traversée du désert, Benjamin Netanyahu souhaite revenir au pouvoir (AFP)
De son côté, la coalition anti-Netanyahu reste extrêmement hétéroclite et souffre de l’absence d’une ligne politique claire. Cette alliance composée notamment du parti Yesh Atid de Yaïr Lapid et du parti Yamina de Naftali Bennett, n’est en effet unie que dans son opposition à Netanyahu. Cette absence visible de ligne politique commune les rend moins crédibles auprès de l’opinion publique. Selon les derniers sondages, ils obtiendraient environ 57 sièges, soit moins que la coalition de Netanyahu.
Ainsi, deux cas de figure pourraient ressortir des élections israéliennes. La première option serait la victoire de Netanyahu qui permettrait au pays de sortir de l’impasse politique. La deuxième serait l’absence de sièges suffisants pour les deux blocs, reconduisant le pays vers de sixièmes élections. Cette dernière est sans doute l’option la plus probable au vu de l’immobilisme de l’opinion publique israélienne. Pour s’en sortir, Benjamin Netanyahu tente donc de convaincre les abstentionnistes (notamment arabes) d’aller voter afin d’obtenir le nombre de sièges nécessaire.
Des divisions politiques
A une semaine du scrutin, le Premier ministre Yaïr Lapid a tenté d’alerter une nouvelle fois sur le danger de Netanyahu. « La fin de la démocratie n’est pas une menace mais plutôt la promesse électorale » de Netanyahu a-t-il affirmé. En cause, notamment le projet de réforme judiciaire chère à l’ancien Premier ministre qui a pour objectif de limiter les pouvoirs de la Cour suprême ; un moyen qui lui permettrait d’échapper aux poursuites judiciaires assure l’opposition. "Si cela se produit, qu'à Dieu ne plaise, je ne sais pas exactement ce que sera Israël, mais il ne sera plus la seule démocratie du Moyen-Orient. Ce ne sera plus du tout une démocratie", a ainsi déclaré Yaïr Lapid.
L’actuel Premier ministre a multiplié les déclarations et les actions diplomatiques, une manière sans doute de vouloir mobiliser son électorat et de faire barrage à Netanyahu. Dernière en date, il a affirmé soutenir la solution à deux États, avec un État palestinien indépendant, une idée que soutient une partie de la population israélienne, bien qu’elle ne soit pas considérée comme prioritaire.
Cette déclaration avait provoqué l’ire de Netanyahu, affirmant que "ceux qui veulent un Etat palestinien, votent Gantz, Lapid et les Frères musulmans". "J'ai signé quatre accords historiques avec les Etats arabes sans renoncer à un seul millimètre de l'Etat d'Israël", a-t-il ajouté.
L’accord gazier avec le Liban a d'ores et déjà suscité l’opposition farouche de Benjamin Netanyahu, qui a menacé de l'annuler s'il arrivera au pouvoir.
Autre point fort de la fin du mandat de Lapid, l’accord gazier avec le Liban voisin, conclu mi-octobre. Salué d’accord « historique » par le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Yaïr Lapid, il a cependant suscité l’opposition farouche de Benjamin Netanyahu. Une position qui pourrait potentiellement menacer l’accord en cas d’élection de Netanyahu.
Ce dernier a affirmé qu’il ne se considérait pas lié à un pacte «de « capitulation » face aux menaces du Hezbollah. Il a en outre assuré qu’en l’absence de majorité, le gouvernement Lapid n’était pas légitime pour prendre de telle décision. Une affirmation contredite par la procureure-générale d’Israël et par la Cour suprême qui a rejeté toutes les demandes d'appel contre l'accord sur la frontière maritime entre Israël et le Liban.
L’inflation est également au cœur de la campagne politique, alors que l’économie israélienne connait des difficultés. Pour rassembler les foules, Benjamin Netanyahu tente de faire campagne en parlant des problèmes économiques et de pouvoir d’achat, délaissant un peu la rhétorique politicienne partisane qu’il avait utilisé lors de ses précédentes campagnes.
Les voix arabes convoitées
Face à l’immobilisme politique de l’opinion publique israélienne, les deux camps tentent de séduire l’électorat arabe qui représente 20% de la population israélienne. Les deux partis arabes en lice Raam de Mansour Abbas et l’alliance Hadash-Ta'al suscitent bien des convoitises, alors qu’ils n’ont encore rejoint aucune coalition. Crédités de 4 sièges chacun dans les sondages, leur soutien pourrait en effet faire peser la balance d’un côté ou de l’autre.
Le maire de Nazareth, Ali Salem, un proche de Netanyahu a affirmé que le Likoud était en contact avec le parti Raam pour une potentielle alliance après les élections. Bien que réfutée par le Likoud, cette déclaration montre l’intérêt du parti pour l’électorat arabe, alors que Netanyahu a multiplié les déclarations envers ces derniers.
L'électorat arabe sera difficile à convaincre pour les deux camps (AFP)
De son côté, le Premier ministre Yaïr Lapid a multiplié les promesses envers les citoyens arabes, assurant notamment le maintien du statu quo sur l’esplanade des Mosquées, la lutte contre la criminalité et la construction de logements dans le secteur arabe. Il s’est également engagé à modifier la loi sur l’Etat-nation qui affirme en substance la judéité de l’Etat d’Israël. "La loi sur l'État-nation telle qu'elle est rédigée aujourd'hui est une insulte aux citoyens israéliens non juifs", a ainsi affirmé Yaïr Lapid en arabe.
L’abstention devrait cependant remporter majoritairement la faveur des électeurs arabes, alors que les experts estiment qu’entre 39 et 40% des arabes israéliens souhaitent voter à ces élections.
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