Le concert «Au nom de la paix» avec les cordes résonnantes,  qui a eu lieu le mardi 25 octobre 2022, s’inscrit dans une série d’événements musicaux initiés récemment par le club social Bacchus dans des espaces insolites, habités par un charme particulier, comme de vieilles maisons libanaises, d’anciennes cryptes et églises ou encore des lieux chargés d’histoire tels que le Musée national de Beyrouth.

Chloé Fakhoury, fondatrice du club social Bacchus, fait revivre, avec ce nouveau salon de musique, le Musée national de Beyrouth grâce à l’interaction entre le public assoiffé de douceur et d’harmonie et la grâce partagée de la musique et des lieux. Elle explique que le club Bacchus est un «cri du cœur, une réponse à la morosité collective pour briser le silence de l’abattement et du désespoir causé par des catastrophes consécutives tant politiques, économiques que sanitaires.»

L’objectif du club, selon elle, est «d’apporter un rayon de soleil, de la lumière dans l’obscurité grâce au langage universel de la musique, ce patrimoine artistique de l’humanité qui transmet directement les émotions les plus pures au-delà des barrières géographiques, culturelles et linguistiques».

La volonté de la fondatrice est aussi de fortifier l’intelligentsia, d’encourager les artistes et musiciens à rester dans leur propre pays pour nourrir le peuple d’un supplément d’âme et sublimer son quotidien.

Le choix du Musée national comme lieu de transmission est aussi riche de sens et de symboles et se présente comme une fenêtre ouverte au monde dans sa pluralité et sa diversité culturelle, comme un espace de rassemblement et de communion au-delà des différences et des frontières. Le musée peut en effet s’assimiler au cordon ombilical, lien fort qui lie le peuple à sa patrie grâce à un passé riche par son histoire, ses belles réalisations et œuvres d’art.



Ce concert ayant pour thème la paix s’est présenté donc comme une quête de transcendance afin que la musique puisse opérer la catharsis, apporter un baume aux blessures et l’espoir de jours meilleurs. Un concert pour la paix dont la couleur annoncée est venue même habiller de blanc les robes de ces dames parmi le public.


Colonnes, sculptures, statues, sarcophages et mosaïques, témoins silencieux, mais éloquents d’un passé glorieux, centres du dialogue entre le public et la musique ont raconté la résistance d’un peuple qui puise sa force de survie dans ses racines culturelles et artistiques.

Les portes de ce lieu mythique se sont ouvertes comme des rideaux de théâtre sur une mise en scène subtilement orchestrée par Chloé Fakhoury.

La majesté des colonnes, le caractère solennel des sépultures et sculptures constituant la toile de fond, propice à la contemplation, a permis d’opérer l’étrange alchimie entre l’espace, la musique et le public, de créer une dimension nouvelle faite de sacralité, d’intemporalité et de résonnance intérieure pour y apporter un supplément d’âme.

L’orchestre avec Joe Daou au clavecin, Nairy Ghazarian au violoncelle, Qamil Luca et Rita Asdikican au violon a alors éclaté en milliers d’étincelles d’envolées lyriques, de symphonies légères et bondissantes dont les notes tantôt graves et plaintives, tantôt pures et cristallines se sont unies pour exalter les sens, faire vibrer les cœurs dans un tourbillon de joie et d’allégresse.

Les musiciens ce soir-là, en symbiose totale avec leurs instruments, ont fait résonner les murs du musée des mélodies célestes de Bach, Vivaldi, Corelli et Gounod, emportant le public dans une danse de vrai lâcher-prise, un voyage en apesanteur…

Jocelyne Ghannagé
joganne.com
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