Dans le cadre de sa "lutte contre l'Occident dépravé", la Russie a renforcé son dispositif législatif anti-LGBT, y ajoutant plusieurs mesures visant à interdire toute promotion, quelle qu'elle soit, des relations sexuelles "non traditionnelles". La défense des valeurs conservatrices, considérée comme une extension de l'invasion russe de l'Ukraine, doit permettre de "gagner le cœur et la conscience des jeunes gens".
Lors de la session plénière, les députés de la Douma d'État ont adopté à l'unanimité la première lecture des amendements à la législation interdisant la promotion des relations sexuelles non traditionnelles. (AFP)
Les députés russes ont voté en première lecture jeudi un durcissement de la loi controversée réprimant la "propagande LGBT", nouveau signe du renforcement de la ligne conservatrice dans le pays et présenté comme une extension de la lutte contre les Occidentaux en pleine offensive en Ukraine.
Les lois répressives se sont multipliées en Russie depuis l'arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir. Mais ces dernières années, dans un contexte d'opposition aux Occidentaux devenu frontal depuis le conflit en Ukraine, la défense des valeurs conservatrices est devenue le cheval de bataille du maître du Kremlin, qui n'a de cesse de dénoncer la "décadence", voire le "satanisme", de ses adversaires.
"Lors de la session plénière, les députés de la Douma d'État ont adopté à l'unanimité la première lecture des amendements à la législation interdisant la promotion des relations sexuelles non traditionnelles", a indiqué le Parlement sur son site internet.
Pour la présidente du Conseil d'administration du "Réseau russe LGBT", Natalia Soloviova, cette loi va "créer une situation dans laquelle personne ne pourra parler ouvertement ou positivement des personnes LGBT", a-t-elle déploré.
Jointe par l'AFP au téléphone, elle assure que cette loi va aussi "permettre et encourager la discrimination" de ces personnes et pourrait faire "augmenter les crimes de haine".
Mais surtout, c'est un saut dans "l'inconnu" pour la communauté LGBT en Russie: "Vont-ils vraiment utiliser cette nouvelle loi? Ou est-ce uniquement de la communication ?", s'interroge-t-elle.
Deux lectures sont encore prévues, avant que la chambre haute du Parlement, le Conseil de la Fédération, l'étudie et qu'elle puisse être soumise pour signature au président Vladimir Poutine, ce qui constitue en règle générale une simple formalité.
La loi de 2013 punissant la "propagande LGBT" auprès des mineurs, très décriée, se voit ainsi renforcée par une interdiction du "déni des valeurs familiales" et de la "promotion des orientations sexuelles non traditionnelles" auprès des adultes également.
Ces interdictions concernent "les médias, l'internet, la littérature et le cinéma" ou encore la publicité. "Les films faisant la promotion de relations sexuelles non traditionnelles ne recevront pas de certificat de distribution", a averti la Douma.
Le texte interdit aussi les "informations susceptibles d'induire le désir de changer de sexe" pour les enfants.
Ces infractions seront punies de fortes amendes et les étrangers enfreignant cette loi pourront être expulsés, selon la Douma.
Selon plusieurs députés de la Douma, cette loi vise à protéger les citoyens russes des "ténèbres répandues par les États occidentaux" (AFP)
Dans le contexte du conflit en Ukraine, où Moscou essuie des revers, les hauts responsables parlementaires russes ont présenté le durcissement de cette loi comme un acte de défense dans une guerre idéologique contre les Occidentaux.
"Nous devons protéger nos citoyens et la Russie de la dégradation et de l'extinction, des ténèbres répandues par les États-Unis et les États européens", a lancé le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, cité dans le communiqué.
"Le combat ne se déroule pas seulement sur le champ de bataille, mais aussi dans la sphère économique, dans l'espace informationnel. Il y a une sérieuse bataille pour le cœur et l'esprit des jeunes", a abondé le député Piotr Tolstoï sur Telegram.
Selon lui, "la propagande LBGT est devenue une arme" contre les "fondements, valeurs et traditions" russes, "un tueur silencieux et de sang-froid qui détruit les âmes".
"La guerre se trouve sur tous les fronts", a renchéri la députée communiste Nina Ostanina.
De nombreux membres de la communauté LGBT ont été contraints à l'exil en raison de l'intensification de la répression en Russie. (AFP)
L'un des auteurs du texte de loi, Alexandre Khinchteïn, a lui mis en avant la "confrontation civilisationnelle avec l'Occident". "Si nous ne protégeons pas nos frontières, cela deviendra une menace", a-t-il écrit sur Telegram.
"L'opération militaire spéciale (en Ukraine) ne se déroule pas seulement sur les champs de bataille, mais aussi dans la conscience des gens, dans leurs esprits, dans leurs âmes", a-t-il ajouté.
Ces déclarations reprennent les éléments de langage utilisés par le président Vladimir Poutine, qui a notamment accusé les Occidentaux lors d'un récent discours de "satanisme pur et dur".
"Voulons-nous que nos écoles imposent aux enfants, dès l'école primaire, des perversions qui conduisent à la dégradation et à l'extinction ? Voulons-nous leur apprendre qu'en plus des femmes et des hommes, il y a des "genres" ? Leur suggérer une opération de changement de sexe ?", avait-il lancé au Kremlin devant l'élite politique russe fin septembre.
La principale ONG russe de défense des minorités sexuelles, LGBT-Set, avait pour sa part dénoncé le 18 octobre dans cette loi une "nouvelle tentative de discrimination et d'atteinte à la dignité de la communauté LGBT".
"L'initiative est également une insulte à la société dans son ensemble avec ses arguments absurdes et son ignorance des droits humains", a ajouté l'organisation, désignée "agent de l'étranger" par les autorités.
Avec AFP
Lors de la session plénière, les députés de la Douma d'État ont adopté à l'unanimité la première lecture des amendements à la législation interdisant la promotion des relations sexuelles non traditionnelles. (AFP)
Les députés russes ont voté en première lecture jeudi un durcissement de la loi controversée réprimant la "propagande LGBT", nouveau signe du renforcement de la ligne conservatrice dans le pays et présenté comme une extension de la lutte contre les Occidentaux en pleine offensive en Ukraine.
Les lois répressives se sont multipliées en Russie depuis l'arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir. Mais ces dernières années, dans un contexte d'opposition aux Occidentaux devenu frontal depuis le conflit en Ukraine, la défense des valeurs conservatrices est devenue le cheval de bataille du maître du Kremlin, qui n'a de cesse de dénoncer la "décadence", voire le "satanisme", de ses adversaires.
"Lors de la session plénière, les députés de la Douma d'État ont adopté à l'unanimité la première lecture des amendements à la législation interdisant la promotion des relations sexuelles non traditionnelles", a indiqué le Parlement sur son site internet.
Permettre et encourager la discrimination
Pour la présidente du Conseil d'administration du "Réseau russe LGBT", Natalia Soloviova, cette loi va "créer une situation dans laquelle personne ne pourra parler ouvertement ou positivement des personnes LGBT", a-t-elle déploré.
Jointe par l'AFP au téléphone, elle assure que cette loi va aussi "permettre et encourager la discrimination" de ces personnes et pourrait faire "augmenter les crimes de haine".
Mais surtout, c'est un saut dans "l'inconnu" pour la communauté LGBT en Russie: "Vont-ils vraiment utiliser cette nouvelle loi? Ou est-ce uniquement de la communication ?", s'interroge-t-elle.
Deux lectures sont encore prévues, avant que la chambre haute du Parlement, le Conseil de la Fédération, l'étudie et qu'elle puisse être soumise pour signature au président Vladimir Poutine, ce qui constitue en règle générale une simple formalité.
La loi de 2013 punissant la "propagande LGBT" auprès des mineurs, très décriée, se voit ainsi renforcée par une interdiction du "déni des valeurs familiales" et de la "promotion des orientations sexuelles non traditionnelles" auprès des adultes également.
Ces interdictions concernent "les médias, l'internet, la littérature et le cinéma" ou encore la publicité. "Les films faisant la promotion de relations sexuelles non traditionnelles ne recevront pas de certificat de distribution", a averti la Douma.
Le texte interdit aussi les "informations susceptibles d'induire le désir de changer de sexe" pour les enfants.
Ces infractions seront punies de fortes amendes et les étrangers enfreignant cette loi pourront être expulsés, selon la Douma.
"La guerre se situe sur tous les fronts"
Selon plusieurs députés de la Douma, cette loi vise à protéger les citoyens russes des "ténèbres répandues par les États occidentaux" (AFP)
Dans le contexte du conflit en Ukraine, où Moscou essuie des revers, les hauts responsables parlementaires russes ont présenté le durcissement de cette loi comme un acte de défense dans une guerre idéologique contre les Occidentaux.
"Nous devons protéger nos citoyens et la Russie de la dégradation et de l'extinction, des ténèbres répandues par les États-Unis et les États européens", a lancé le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, cité dans le communiqué.
"Le combat ne se déroule pas seulement sur le champ de bataille, mais aussi dans la sphère économique, dans l'espace informationnel. Il y a une sérieuse bataille pour le cœur et l'esprit des jeunes", a abondé le député Piotr Tolstoï sur Telegram.
Selon lui, "la propagande LBGT est devenue une arme" contre les "fondements, valeurs et traditions" russes, "un tueur silencieux et de sang-froid qui détruit les âmes".
"La guerre se trouve sur tous les fronts", a renchéri la députée communiste Nina Ostanina.
De nombreux membres de la communauté LGBT ont été contraints à l'exil en raison de l'intensification de la répression en Russie. (AFP)
L'un des auteurs du texte de loi, Alexandre Khinchteïn, a lui mis en avant la "confrontation civilisationnelle avec l'Occident". "Si nous ne protégeons pas nos frontières, cela deviendra une menace", a-t-il écrit sur Telegram.
"L'opération militaire spéciale (en Ukraine) ne se déroule pas seulement sur les champs de bataille, mais aussi dans la conscience des gens, dans leurs esprits, dans leurs âmes", a-t-il ajouté.
Un discours occidental de "satanisme pur et dur"
Ces déclarations reprennent les éléments de langage utilisés par le président Vladimir Poutine, qui a notamment accusé les Occidentaux lors d'un récent discours de "satanisme pur et dur".
"Voulons-nous que nos écoles imposent aux enfants, dès l'école primaire, des perversions qui conduisent à la dégradation et à l'extinction ? Voulons-nous leur apprendre qu'en plus des femmes et des hommes, il y a des "genres" ? Leur suggérer une opération de changement de sexe ?", avait-il lancé au Kremlin devant l'élite politique russe fin septembre.
La principale ONG russe de défense des minorités sexuelles, LGBT-Set, avait pour sa part dénoncé le 18 octobre dans cette loi une "nouvelle tentative de discrimination et d'atteinte à la dignité de la communauté LGBT".
"L'initiative est également une insulte à la société dans son ensemble avec ses arguments absurdes et son ignorance des droits humains", a ajouté l'organisation, désignée "agent de l'étranger" par les autorités.
Avec AFP
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