Elle s’appelle Marie Immaculata mais aussi Salma, et dans le quartier, c’est «la dame du coin», référence à son magasin au coin d’une rue. Elle déroule son arbre généalogique et on voyage.
Un père libano-grec qui a longtemps vécu en Sierra Leone, une mère mi-portugaise mi-espagnole. Ses deux prénoms, c’est un peu l’héritage de tout ça, mais c’est quand même Salma qu’elle préfère.
Il y a six ans, elle a poussé un de ses deux fils à ouvrir ce commerce. Au début, il vendait surtout des plantes et des cadeaux, mais avec la Covid-19, il a fallu s’adapter. Avec le confinement, Salma a emmené les plantes chez elle et ils se sont mis à proposer des biscuits et des éclairs fabriqués par une dame du quartier. Désormais, il y a un peu de tout et, en vitrine, des bouteilles de shampoing dont le prix aussi a flambé.
L’autre jour, elle a refusé de céder face à un client qui faisait semblant de ne pas comprendre pourquoi la bouteille de shampoing, qui se vendait à 17 000 LL, est désormais à 32 000. Comment faire autrement quand «l’argent de la banque est devenu du papier toilette»? Salma n’est pas du genre à se laisser faire. Elle a éconduit le client. Fermement.
Salma a élevé seule ses deux fils parce que son mari était «un bon à rien». Un jour, elle a changé la clé de leur appartement, mis ses vêtements dans des grands plastiques noirs et a tout balancé par la fenêtre, avec un «rentre chez ta mère» définitif. Elle ne s’est aperçue que le lendemain qu’elle avait oublié ses pantoufles. Elles ont valsé par la fenêtre. C’était fini.
Salma a travaillé comme comptable dans une entreprise japonaise, tenu une garderie pour enfants, s’est toujours débrouillée. Elle trouve que les femmes libanaises, «enfin, les Orientales», sont trop soumises à «leurs hommes qui se prennent pour des mâles alphas». Elle en rit, mais on sent qu’il ne faut pas lui en raconter.
Fin de journée, je suis descendue sur la corniche prendre un peu l’air du large. C’est là aussi que les joggers s’essoufflent, que des gamins vendent des fleurs défraîchies, que les pêcheurs surveillent leurs lignes et les passants prennent des selfies face à la mer.
En remontant vers Achrafieh, il faisait déjà nuit.
Prochain article le mercredi 15 décembre
Un père libano-grec qui a longtemps vécu en Sierra Leone, une mère mi-portugaise mi-espagnole. Ses deux prénoms, c’est un peu l’héritage de tout ça, mais c’est quand même Salma qu’elle préfère.
Il y a six ans, elle a poussé un de ses deux fils à ouvrir ce commerce. Au début, il vendait surtout des plantes et des cadeaux, mais avec la Covid-19, il a fallu s’adapter. Avec le confinement, Salma a emmené les plantes chez elle et ils se sont mis à proposer des biscuits et des éclairs fabriqués par une dame du quartier. Désormais, il y a un peu de tout et, en vitrine, des bouteilles de shampoing dont le prix aussi a flambé.
L’autre jour, elle a refusé de céder face à un client qui faisait semblant de ne pas comprendre pourquoi la bouteille de shampoing, qui se vendait à 17 000 LL, est désormais à 32 000. Comment faire autrement quand «l’argent de la banque est devenu du papier toilette»? Salma n’est pas du genre à se laisser faire. Elle a éconduit le client. Fermement.
Salma a élevé seule ses deux fils parce que son mari était «un bon à rien». Un jour, elle a changé la clé de leur appartement, mis ses vêtements dans des grands plastiques noirs et a tout balancé par la fenêtre, avec un «rentre chez ta mère» définitif. Elle ne s’est aperçue que le lendemain qu’elle avait oublié ses pantoufles. Elles ont valsé par la fenêtre. C’était fini.
Salma a travaillé comme comptable dans une entreprise japonaise, tenu une garderie pour enfants, s’est toujours débrouillée. Elle trouve que les femmes libanaises, «enfin, les Orientales», sont trop soumises à «leurs hommes qui se prennent pour des mâles alphas». Elle en rit, mais on sent qu’il ne faut pas lui en raconter.
Fin de journée, je suis descendue sur la corniche prendre un peu l’air du large. C’est là aussi que les joggers s’essoufflent, que des gamins vendent des fleurs défraîchies, que les pêcheurs surveillent leurs lignes et les passants prennent des selfies face à la mer.
En remontant vers Achrafieh, il faisait déjà nuit.
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