Le Premier ministre sortant Najib Mikati refuse de céder aux pressions exercées par l’ancien président de la République Michel Aoun et son parti, le Courant patriotique libre, et s’accroche à l’application des textes constitutionnels.
Rien ne semble ébranler le chef du gouvernement démissionnaire Najib Mikati, pas même les attaques au vitriol lancées contre lui par l’ancien président de la République Michel Aoun à sa sortie dimanche matin du palais de Baabda.
Déterminé à remplir ses fonctions de manière à éviter un vide institutionnel de l’Exécutif, M. Mikati continue à mener ses activités politiques contre vents et marées, se souciant peu des critiques qui lui sont adressées par le fondateur du Courant patriotique libre, son gendre Gebran Bassil, et leurs partisans.
Ne voulant pas jeter de l’huile sur le feu et alimenter une polémique sans issue, le Premier ministre sortant préfère se concentrer sur la nouvelle étape dans laquelle s’engage le pays, au lendemain de la fin du mandat catastrophique de Michel Aoun, en appliquant l’article 62 de la Constitution libanaise, qui prévoit qu’en cas de vacance présidentielle si un président de la République n’est pas élu avant la fin du délai constitutionnel prévu à cet effet, ses compétences et ses privilèges seront directement transférés au gouvernement en place, indépendamment du fait qu’il soit formé de plein droit ou qu’il soit démissionnaire.
C’est notamment dans cette perspective que le Premier ministre chargé d’expédier les affaires courantes a reçu lundi le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, explique l’avocat et analyste politique Joseph Abou Fadel. «Najib Mikati est, d’un point de vue constitutionnel, détenteur du pouvoir exécutif jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République, a-t-il souligné. Son entretien d’aujourd’hui (lundi) avec le général Aoun sur la sécurité du pays s’inscrit justement dans ce contexte. C’est également la raison pour laquelle cette visite a été rendue publique, pour montrer que c’est lui qui est aux commandes, car d’habitude ce genre d’apartés entre les deux hommes se fait loin des feux de la rampe.»
Concernant l’appel de l’ancien chef de l’État aux cinq ministres proches de son camp (Henry Khoury, Walid Fayad, Abdallah Bou Habib, Hector Hajjar et Maurice Slim) à boycotter le gouvernement, M. Abou Fadel a révélé à Ici Beyrouth que le chef du CPL Gebran Bassil avait convié les cinq titulaires la semaine dernière à un déjeuner au QG du parti à Mirna Chalouhi pour leur demander de ne plus assister aux réunions gouvernementales au Sérail. «Sa requête n’a évidemment pas été honorée, puisque les ministres sortants de l’Énergie et des Affaires Étrangères, Walid Fayad et Abdallah Bou Habib, considérés proches du parti aouniste, se trouvent actuellement aux côtés de M. Mikati pour le sommet arabe qui se tient à Alger le 1ᵉʳ et 2 novembre», a-t-il poursuivi. Walid Fayad profite de cette occasion pour reprendre les négociations avec la société algérienne Sonatrach, en vue de l’achat de carburant nécessaire au fonctionnement des centrales électriques libanaises». Et M. Abou Fadel de poursuivre: «Les cinq ministres concernés auraient pu demander à être déchargés de leurs fonctions, mais ils ne le feront pas, car il est hors de question pour eux de céder leurs ministères pour de nombreuses raisons. Il n’en demeure pas moins que le Premier ministre a été très clair sur ce plan: leurs fonctions pourraient être assumées par des ministres intérimaires, si jamais ils ont recours au boycott.»
Interrogé sur la signature du décret de démission du gouvernement Mikati dimanche, Joseph Abou Fadel s’est empressé de la qualifier de «mise en scène populiste», puisqu’elle «ne possède aucune valeur et ne change en rien la donne politique». Et d’ajouter: «Gebran Bassil a les yeux rivés sur la présidentielle et tient absolument à brûler les chances du député Michel Moawad, du commandant en chef de l’armée Joseph Aoun, et de l’ancien député et ministre Sleiman Frangié. Il est conscient qu’il n’a aucune chance d’accéder à la magistrature suprême, c’est pourquoi il fomente un plan pour faire élire une personnalité qui sera téléguidée par le CPL et le Hezbollah», a-t-il conclu.
Une certitude demeure cependant: Najib Mikati aura du pain sur la planche dans les prochains mois, et le CPL essaiera d’employer tous les moyens possibles pour lui mettre des bâtons dans les roues.
@tyliahelou
[email protected]
Rien ne semble ébranler le chef du gouvernement démissionnaire Najib Mikati, pas même les attaques au vitriol lancées contre lui par l’ancien président de la République Michel Aoun à sa sortie dimanche matin du palais de Baabda.
Déterminé à remplir ses fonctions de manière à éviter un vide institutionnel de l’Exécutif, M. Mikati continue à mener ses activités politiques contre vents et marées, se souciant peu des critiques qui lui sont adressées par le fondateur du Courant patriotique libre, son gendre Gebran Bassil, et leurs partisans.
Ne voulant pas jeter de l’huile sur le feu et alimenter une polémique sans issue, le Premier ministre sortant préfère se concentrer sur la nouvelle étape dans laquelle s’engage le pays, au lendemain de la fin du mandat catastrophique de Michel Aoun, en appliquant l’article 62 de la Constitution libanaise, qui prévoit qu’en cas de vacance présidentielle si un président de la République n’est pas élu avant la fin du délai constitutionnel prévu à cet effet, ses compétences et ses privilèges seront directement transférés au gouvernement en place, indépendamment du fait qu’il soit formé de plein droit ou qu’il soit démissionnaire.
C’est notamment dans cette perspective que le Premier ministre chargé d’expédier les affaires courantes a reçu lundi le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, explique l’avocat et analyste politique Joseph Abou Fadel. «Najib Mikati est, d’un point de vue constitutionnel, détenteur du pouvoir exécutif jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République, a-t-il souligné. Son entretien d’aujourd’hui (lundi) avec le général Aoun sur la sécurité du pays s’inscrit justement dans ce contexte. C’est également la raison pour laquelle cette visite a été rendue publique, pour montrer que c’est lui qui est aux commandes, car d’habitude ce genre d’apartés entre les deux hommes se fait loin des feux de la rampe.»
Concernant l’appel de l’ancien chef de l’État aux cinq ministres proches de son camp (Henry Khoury, Walid Fayad, Abdallah Bou Habib, Hector Hajjar et Maurice Slim) à boycotter le gouvernement, M. Abou Fadel a révélé à Ici Beyrouth que le chef du CPL Gebran Bassil avait convié les cinq titulaires la semaine dernière à un déjeuner au QG du parti à Mirna Chalouhi pour leur demander de ne plus assister aux réunions gouvernementales au Sérail. «Sa requête n’a évidemment pas été honorée, puisque les ministres sortants de l’Énergie et des Affaires Étrangères, Walid Fayad et Abdallah Bou Habib, considérés proches du parti aouniste, se trouvent actuellement aux côtés de M. Mikati pour le sommet arabe qui se tient à Alger le 1ᵉʳ et 2 novembre», a-t-il poursuivi. Walid Fayad profite de cette occasion pour reprendre les négociations avec la société algérienne Sonatrach, en vue de l’achat de carburant nécessaire au fonctionnement des centrales électriques libanaises». Et M. Abou Fadel de poursuivre: «Les cinq ministres concernés auraient pu demander à être déchargés de leurs fonctions, mais ils ne le feront pas, car il est hors de question pour eux de céder leurs ministères pour de nombreuses raisons. Il n’en demeure pas moins que le Premier ministre a été très clair sur ce plan: leurs fonctions pourraient être assumées par des ministres intérimaires, si jamais ils ont recours au boycott.»
Interrogé sur la signature du décret de démission du gouvernement Mikati dimanche, Joseph Abou Fadel s’est empressé de la qualifier de «mise en scène populiste», puisqu’elle «ne possède aucune valeur et ne change en rien la donne politique». Et d’ajouter: «Gebran Bassil a les yeux rivés sur la présidentielle et tient absolument à brûler les chances du député Michel Moawad, du commandant en chef de l’armée Joseph Aoun, et de l’ancien député et ministre Sleiman Frangié. Il est conscient qu’il n’a aucune chance d’accéder à la magistrature suprême, c’est pourquoi il fomente un plan pour faire élire une personnalité qui sera téléguidée par le CPL et le Hezbollah», a-t-il conclu.
Une certitude demeure cependant: Najib Mikati aura du pain sur la planche dans les prochains mois, et le CPL essaiera d’employer tous les moyens possibles pour lui mettre des bâtons dans les roues.
@tyliahelou
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