Pour l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, le Liban ne peut pas se reposer sur les lauriers et devrait, sans tarder, élire un président, former un gouvernement et lancer le chantier de réformes.
Maintenant que la page de la conclusion de l’accord frontalier avec Israël est tournée, le pays du Cèdre est de nouveau placé devant ses responsabilités: mener des réformes structurelles dès qu’un président est élu et qu’un gouvernement est formé, c’est-à-dire, le plus vite possible. C’est un message fort en ce sens et surtout sans ambiguïté, que l’ambassadrice des États-Unis, Dorothy Shea, a lancé au cours d’un entretien avec un groupe restreint de journalistes, vendredi. Un message qui fait écho à celui que devait adresser plus tard de Washington, aux autorités libanaises, la sous-secrétaire d’État américaine, Barbara Leaf, au sujet des deux échéances constitutionnelles bloquées et du manquement du Parlement à son devoir d’élire un nouveau chef de l’État. «Ce que personne ne devrait tolérer», selon Mme Shea.
Autant les États-Unis se disent, avec le reste des bailleurs de fonds, déterminés à soutenir le Liban, autant ils demeurent intransigeants sur les conditions que le pays du Cèdre se doit de remplir afin de pouvoir bénéficier d’une aide substantielle et d’un accompagnement continu pour sortir d’une crise qui n’a que trop duré. En quelques mots, tout est dit: «Les Libanais ont certes enregistré une réalisation historique importante dont ils doivent être fiers et en tirer profit (l’accord frontalier avec Israël), mais ils ne peuvent pas pour autant se reposer sur leurs lauriers», commente Mme Shea pour qui «la leçon principale à tirer de la conclusion de l’accord sur la frontière maritime libano-israélienne est que lorsqu’une volonté politique est manifestée, des réalisations importantes peuvent être obtenues». «Je savais au fond de moi-même que cet accord allait être conclu quand les trois pôles du pouvoir (l’ex-président de la République, Michel Aoun, le Premier ministre sortant, Najib Mikati et le président de la Chambre, Nabih Berry) se sont retrouvés pour en discuter avec le médiateur américain, Amos Hochstein, en août dernier», révèle-t-elle.
Se félicitant d’une «unité de vision» qui s’est manifestée à cette occasion, la diplomate insiste sur l’importance «d’appliquer ce même esprit au reste des décisions, difficiles à prendre, et qui demeurent en suspens». «Car, avertit-elle, il y a ce risque – et j’ai déjà entendu certains tenir ces propos – que cet accord puisse servir de prétexte pour marquer une pause au niveau de la réalisation d’autres réformes difficiles et coûteuses. Je crois fermement que ce n’est absolument pas la conclusion qu’il convient d’en tirer.»
Ces réformes se situent à trois niveaux, selon les explications de Mme Shea, pour qui les dirigeants libanais doivent «absolument déployer la même énergie» afin de mettre en œuvre les réformes structurelles censées servir de base pour un plan de redressement, notamment l’accord-cadre conclu en avril dernier avec le FMI. Pour elle, il s’agit du «dernier recours pour le Liban».
Des réformes qui attendent
Le deuxième volet des réformes se rapporte à l’accord énergétique régional en vertu duquel le Liban pourra importer de l’électricité de Jordanie et du gaz d’Égypte, via le gazoduc arabe, grâce à un financement de la Banque mondiale. «Nous travaillons depuis plus d’un an sur ce projet dont l’exécution est retardée pour des raisons qui sont parfois inacceptables», s’indigne l’ambassadrice qui reproche vivement au ministère de l’Énergie de n’avoir toujours pas «entamé les recrutements dans la perspective d’une mise en place de l’autorité de régulation du secteur de l’énergie». Cette démarche, explique-t-elle, «aurait poussé le conseil des Administrateurs de la Banque mondiale à soumettre au vote, à Washington, un prêt de 150 millions de dollars au Liban». La formation de cette instance est l’une des conditions principales posées par la Banque mondiale pour approuver le financement du projet qui aiderait le Liban à en finir avec l’obscurité dans laquelle l’a plongé la gestion officielle désastreuse du secteur de l’énergie, contrôlé depuis près de dix ans par le Courant patriotique libre de Gebran Bassil.
Le troisième volet des réformes est également en lien avec le secteur de l’énergie et porte sur le plan de recouvrement des coûts. Si elle se félicite de ce que le ministère a haussé les tarifs, «quoique avec un retard de plusieurs mois», Dorothy Shea déplore le fait que le plan de recouvrement des coûts n’a toujours pas été mis en place. «Parce que nombreux sont ceux qui se branchaient sur le réseau électrique sans payer, ce qui ne peut pas durer, évidemment. Avant de financer des projets énergétiques, la Banque mondiale a besoin de savoir qu’il existe un plan approuvé par le gouvernement pour remédier à ces pertes. Une fois ces conditions remplies, le financement sera voté à Washington et sera soutenu par les États-Unis», assure-t-elle.
Dans ce contexte, il convient de rappeler que le vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA), Ferid Belhaj, avait littéralement interpellé les autorités libanaises, au cours d’une visite de trois jours en octobre à Beyrouth, au sujet du retard au niveau de la réalisation des réformes que la BM attend pour financer les projets de ce secteur.
Dorothy Shea encourage à plusieurs reprises les Libanais à emprunter cette voie. «Un pas important a été franchi avec l’accord (sur la frontière maritime). Profitons de cette dynamique pour avancer sur les autres dossiers et démontrer une volonté de réforme et de redressement à la communauté internationale», insiste-t-elle.
Elle laisse entendre qu’il n’y aura pas à proprement parler de pressions internationales exercées sur les autorités libanaises pour les pousser à lancer le chantier de réformes, sans doute parce qu’un blocage des aides dont le Liban a désespérément besoin pour sortir de l’enfer dans lequel il a été plongé, représente en lui-même une pression suffisante. «Laissés à eux-mêmes, ceux qui ont intérêt à ce que le statu quo se maintienne feront tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter des changements qui bouleverseront leur capacité à préserver les privilèges dont ils bénéficiaient avec leur entourage», déplore la diplomate. Elle constate cependant que «la pression vient aujourd’hui surtout des Libanais qui sont au bout du rouleau, alors qu’ils n’arrivent pas à obtenir un permis de conduire ou un certificat de naissance, c’est-à-dire les services gouvernementaux les plus basiques». Pour elle, il suffit que «la classe dirigeante regarde autour d’elle et voit ce qui se passe dans le pays pour tirer elle-même les conclusions et s’engager sur la voie des réformes exigées ».
Un ultimatum en temps opportun
Les États-Unis semblent en revanche déterminés à mettre la pression pour obtenir l’élection d’un nouveau chef de l’État. L’intervention de Barbara Leaf au sujet du Liban donnera le ton. «Nous ne nous reposons pas sur nos lauriers. Personne, au sein du pouvoir, ne devrait le faire», avertit Mme Shea, en affirmant que les Libanais ne peuvent pas se permettre de revivre le blocage des deux ans et demi (avant l’élection de Michel Aoun en 2016). «Ils ne peuvent probablement même pas se permettre un blocage de plusieurs mois. Je peux comprendre que les blocs parlementaires puissent avoir besoin d’un certain temps pour s’entendre sur un candidat consensuel. Cela n’est pas facile, mais en ces temps de crise, nous comptons sur les parties influentes pour qu’elles mettent de côté leurs intérêts partisans ou sectaires et fassent primer celui du pays», lance-t-elle. Pour l’heure, explique-t-elle, ni les États-Unis, ni d’autres pays n’envisagent de poser un ultimatum quelconque au Liban pour élire un président. «Mais à un moment donné, cela pourrait s’avérer opportun», ajoute Dorothy Shea, sans donner davantage de détails et en balayant, en réponse à une question, l’éventualité d’un amendement de l’accord de Taëf. «Certaines dispositions de ce document n’ont pas été appliquées. Qu’on commence par les mettre en œuvre», fait-elle remarquer, avant d’insister sur l’importance de la coordination avec l’Arabie saoudite, via son ambassadeur à Beyrouth, Walid Boukhari, au sujet du dossier libanais.
Des qualités présidentielles
Pas question cependant pour les États-Unis de s’aventurer à montrer une préférence quelconque pour un candidat. «Ce serait le baiser de la mort garanti», avance-t-elle, le sourire aux lèvres. En revanche, elle ne lésine pas sur les qualités dont le nouveau locataire de Baabda devrait être doté: «Il devrait principalement placer l’intérêt du pays en tête de ses priorités, avant les siens ou ceux de son parti et de sa communauté. Deuxièmement, je pense que vous pourrez trouver une personne qualifiée avec des compétences en termes de règlement de problèmes afin qu’elle puisse s’attaquer à tous les défis auxquels le Liban fait face. Elle doit aussi être capable de négocier avec le FMI et la Banque mondiale. Une personne qui ne soit pas non plus corrompue.»
Elle balaie, en réponse à une question, la possibilité que Gebran Bassil, soumis à des sanctions américaines pour corruption, puisse, en cherchant à gagner du temps et à espérer un deal quelconque, bénéficier d’une levée de celles-ci. «Les sanctions sont émises dans le cadre de lois. Aussi, nul ne devrait-il croire qu’elles peuvent être levées dans le cadre d’un arrangement politique», note-t-elle
Prospection gazière et bonne gouvernance
À la question de savoir comment il sera possible de s’assurer d’une bonne gouvernance libanaise au niveau des opérations de prospection gazière, Dorothy Shea met l’accent sur «la nécessité pour les autorités, de montrer aux Libanais et aux partenaires commerciaux du Liban qu’elles ont établi des procédures transparentes de gestion optimale des ressources provenant des forages et de l’exploitation de celles-ci». « Il y a dans le monde de très bonnes pratiques, mais également d’autres qui sont très mauvaises et que le Liban ne devrait pas reproduire, dit-elle. La Banque mondiale et d’autres États producteurs de gaz ont offert leur aide au pays qui, semble-t-il, est doté d’une loi sur l’établissement de fonds souverain. Celle-ci aurait seulement besoin d’être développée. Cette question doit être sur l’agenda de ceux qui seront en charge des réformes politiques et économiques.»
Au passage, elle reconnaît que le Hezbollah «peut être pragmatique», en allusion à sa position par rapport à l’accord avec Israël sur la démarcation de la frontière maritime, même si toute communication est rompue avec cette formation. Mme Shea insiste sur le fait que l’accord avec Israël a été négocié avec les seuls trois pôles du pouvoir et leurs collaborateurs.
Maintenant que la page de la conclusion de l’accord frontalier avec Israël est tournée, le pays du Cèdre est de nouveau placé devant ses responsabilités: mener des réformes structurelles dès qu’un président est élu et qu’un gouvernement est formé, c’est-à-dire, le plus vite possible. C’est un message fort en ce sens et surtout sans ambiguïté, que l’ambassadrice des États-Unis, Dorothy Shea, a lancé au cours d’un entretien avec un groupe restreint de journalistes, vendredi. Un message qui fait écho à celui que devait adresser plus tard de Washington, aux autorités libanaises, la sous-secrétaire d’État américaine, Barbara Leaf, au sujet des deux échéances constitutionnelles bloquées et du manquement du Parlement à son devoir d’élire un nouveau chef de l’État. «Ce que personne ne devrait tolérer», selon Mme Shea.
Autant les États-Unis se disent, avec le reste des bailleurs de fonds, déterminés à soutenir le Liban, autant ils demeurent intransigeants sur les conditions que le pays du Cèdre se doit de remplir afin de pouvoir bénéficier d’une aide substantielle et d’un accompagnement continu pour sortir d’une crise qui n’a que trop duré. En quelques mots, tout est dit: «Les Libanais ont certes enregistré une réalisation historique importante dont ils doivent être fiers et en tirer profit (l’accord frontalier avec Israël), mais ils ne peuvent pas pour autant se reposer sur leurs lauriers», commente Mme Shea pour qui «la leçon principale à tirer de la conclusion de l’accord sur la frontière maritime libano-israélienne est que lorsqu’une volonté politique est manifestée, des réalisations importantes peuvent être obtenues». «Je savais au fond de moi-même que cet accord allait être conclu quand les trois pôles du pouvoir (l’ex-président de la République, Michel Aoun, le Premier ministre sortant, Najib Mikati et le président de la Chambre, Nabih Berry) se sont retrouvés pour en discuter avec le médiateur américain, Amos Hochstein, en août dernier», révèle-t-elle.
Se félicitant d’une «unité de vision» qui s’est manifestée à cette occasion, la diplomate insiste sur l’importance «d’appliquer ce même esprit au reste des décisions, difficiles à prendre, et qui demeurent en suspens». «Car, avertit-elle, il y a ce risque – et j’ai déjà entendu certains tenir ces propos – que cet accord puisse servir de prétexte pour marquer une pause au niveau de la réalisation d’autres réformes difficiles et coûteuses. Je crois fermement que ce n’est absolument pas la conclusion qu’il convient d’en tirer.»
Ces réformes se situent à trois niveaux, selon les explications de Mme Shea, pour qui les dirigeants libanais doivent «absolument déployer la même énergie» afin de mettre en œuvre les réformes structurelles censées servir de base pour un plan de redressement, notamment l’accord-cadre conclu en avril dernier avec le FMI. Pour elle, il s’agit du «dernier recours pour le Liban».
Des réformes qui attendent
Le deuxième volet des réformes se rapporte à l’accord énergétique régional en vertu duquel le Liban pourra importer de l’électricité de Jordanie et du gaz d’Égypte, via le gazoduc arabe, grâce à un financement de la Banque mondiale. «Nous travaillons depuis plus d’un an sur ce projet dont l’exécution est retardée pour des raisons qui sont parfois inacceptables», s’indigne l’ambassadrice qui reproche vivement au ministère de l’Énergie de n’avoir toujours pas «entamé les recrutements dans la perspective d’une mise en place de l’autorité de régulation du secteur de l’énergie». Cette démarche, explique-t-elle, «aurait poussé le conseil des Administrateurs de la Banque mondiale à soumettre au vote, à Washington, un prêt de 150 millions de dollars au Liban». La formation de cette instance est l’une des conditions principales posées par la Banque mondiale pour approuver le financement du projet qui aiderait le Liban à en finir avec l’obscurité dans laquelle l’a plongé la gestion officielle désastreuse du secteur de l’énergie, contrôlé depuis près de dix ans par le Courant patriotique libre de Gebran Bassil.
Le troisième volet des réformes est également en lien avec le secteur de l’énergie et porte sur le plan de recouvrement des coûts. Si elle se félicite de ce que le ministère a haussé les tarifs, «quoique avec un retard de plusieurs mois», Dorothy Shea déplore le fait que le plan de recouvrement des coûts n’a toujours pas été mis en place. «Parce que nombreux sont ceux qui se branchaient sur le réseau électrique sans payer, ce qui ne peut pas durer, évidemment. Avant de financer des projets énergétiques, la Banque mondiale a besoin de savoir qu’il existe un plan approuvé par le gouvernement pour remédier à ces pertes. Une fois ces conditions remplies, le financement sera voté à Washington et sera soutenu par les États-Unis», assure-t-elle.
Dans ce contexte, il convient de rappeler que le vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA), Ferid Belhaj, avait littéralement interpellé les autorités libanaises, au cours d’une visite de trois jours en octobre à Beyrouth, au sujet du retard au niveau de la réalisation des réformes que la BM attend pour financer les projets de ce secteur.
Dorothy Shea encourage à plusieurs reprises les Libanais à emprunter cette voie. «Un pas important a été franchi avec l’accord (sur la frontière maritime). Profitons de cette dynamique pour avancer sur les autres dossiers et démontrer une volonté de réforme et de redressement à la communauté internationale», insiste-t-elle.
Elle laisse entendre qu’il n’y aura pas à proprement parler de pressions internationales exercées sur les autorités libanaises pour les pousser à lancer le chantier de réformes, sans doute parce qu’un blocage des aides dont le Liban a désespérément besoin pour sortir de l’enfer dans lequel il a été plongé, représente en lui-même une pression suffisante. «Laissés à eux-mêmes, ceux qui ont intérêt à ce que le statu quo se maintienne feront tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter des changements qui bouleverseront leur capacité à préserver les privilèges dont ils bénéficiaient avec leur entourage», déplore la diplomate. Elle constate cependant que «la pression vient aujourd’hui surtout des Libanais qui sont au bout du rouleau, alors qu’ils n’arrivent pas à obtenir un permis de conduire ou un certificat de naissance, c’est-à-dire les services gouvernementaux les plus basiques». Pour elle, il suffit que «la classe dirigeante regarde autour d’elle et voit ce qui se passe dans le pays pour tirer elle-même les conclusions et s’engager sur la voie des réformes exigées ».
Un ultimatum en temps opportun
Les États-Unis semblent en revanche déterminés à mettre la pression pour obtenir l’élection d’un nouveau chef de l’État. L’intervention de Barbara Leaf au sujet du Liban donnera le ton. «Nous ne nous reposons pas sur nos lauriers. Personne, au sein du pouvoir, ne devrait le faire», avertit Mme Shea, en affirmant que les Libanais ne peuvent pas se permettre de revivre le blocage des deux ans et demi (avant l’élection de Michel Aoun en 2016). «Ils ne peuvent probablement même pas se permettre un blocage de plusieurs mois. Je peux comprendre que les blocs parlementaires puissent avoir besoin d’un certain temps pour s’entendre sur un candidat consensuel. Cela n’est pas facile, mais en ces temps de crise, nous comptons sur les parties influentes pour qu’elles mettent de côté leurs intérêts partisans ou sectaires et fassent primer celui du pays», lance-t-elle. Pour l’heure, explique-t-elle, ni les États-Unis, ni d’autres pays n’envisagent de poser un ultimatum quelconque au Liban pour élire un président. «Mais à un moment donné, cela pourrait s’avérer opportun», ajoute Dorothy Shea, sans donner davantage de détails et en balayant, en réponse à une question, l’éventualité d’un amendement de l’accord de Taëf. «Certaines dispositions de ce document n’ont pas été appliquées. Qu’on commence par les mettre en œuvre», fait-elle remarquer, avant d’insister sur l’importance de la coordination avec l’Arabie saoudite, via son ambassadeur à Beyrouth, Walid Boukhari, au sujet du dossier libanais.
Des qualités présidentielles
Pas question cependant pour les États-Unis de s’aventurer à montrer une préférence quelconque pour un candidat. «Ce serait le baiser de la mort garanti», avance-t-elle, le sourire aux lèvres. En revanche, elle ne lésine pas sur les qualités dont le nouveau locataire de Baabda devrait être doté: «Il devrait principalement placer l’intérêt du pays en tête de ses priorités, avant les siens ou ceux de son parti et de sa communauté. Deuxièmement, je pense que vous pourrez trouver une personne qualifiée avec des compétences en termes de règlement de problèmes afin qu’elle puisse s’attaquer à tous les défis auxquels le Liban fait face. Elle doit aussi être capable de négocier avec le FMI et la Banque mondiale. Une personne qui ne soit pas non plus corrompue.»
Elle balaie, en réponse à une question, la possibilité que Gebran Bassil, soumis à des sanctions américaines pour corruption, puisse, en cherchant à gagner du temps et à espérer un deal quelconque, bénéficier d’une levée de celles-ci. «Les sanctions sont émises dans le cadre de lois. Aussi, nul ne devrait-il croire qu’elles peuvent être levées dans le cadre d’un arrangement politique», note-t-elle
Prospection gazière et bonne gouvernance
À la question de savoir comment il sera possible de s’assurer d’une bonne gouvernance libanaise au niveau des opérations de prospection gazière, Dorothy Shea met l’accent sur «la nécessité pour les autorités, de montrer aux Libanais et aux partenaires commerciaux du Liban qu’elles ont établi des procédures transparentes de gestion optimale des ressources provenant des forages et de l’exploitation de celles-ci». « Il y a dans le monde de très bonnes pratiques, mais également d’autres qui sont très mauvaises et que le Liban ne devrait pas reproduire, dit-elle. La Banque mondiale et d’autres États producteurs de gaz ont offert leur aide au pays qui, semble-t-il, est doté d’une loi sur l’établissement de fonds souverain. Celle-ci aurait seulement besoin d’être développée. Cette question doit être sur l’agenda de ceux qui seront en charge des réformes politiques et économiques.»
Au passage, elle reconnaît que le Hezbollah «peut être pragmatique», en allusion à sa position par rapport à l’accord avec Israël sur la démarcation de la frontière maritime, même si toute communication est rompue avec cette formation. Mme Shea insiste sur le fait que l’accord avec Israël a été négocié avec les seuls trois pôles du pouvoir et leurs collaborateurs.
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