Au début du mandat du président Elias Sarkis, après la consolidation de la présence syrienne au Liban sous le couvert fallacieux de la Force de dissuasion arabe, le régime de Hafez el-Assad avait tenté, au début de l’année 1977, de juguler, voire d’abolir, la liberté d’expression au Liban en imposant une censure préalable à la presse. Dans les salles de rédaction, on s’employait alors à prévoir des textes de rechange (des «plans B», en langage moderne) susceptibles de remplacer, le cas échéant, les informations ou articles qui seraient prohibés par Dame Anastasie.
Cette tentative syrienne de museler de la sorte les quotidiens libanais durera ce que durent les roses… Ce qui fera dire bien plus tard à un journaliste français que malgré toute leur gesticulation stérile, leurs tentatives d’intimidation et tous les moyens coercitifs dont ils disposaient, les Syriens n’avaient pas réussi à briser l’attachement indéfectible des Libanais à leur liberté d’expression, sous toutes ses formes. De fait, la liberté, dans toute l’acception du terme, paraît «inscrite» en quelque sorte dans «l’ADN» des Libanais. À l’apogée de l’occupation syrienne, qui faisait preuve d’ingéniosité en jouant sur les contradictions internes, le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, exaspéré par les manœuvres de Damas, ira jusqu’à lancer un jour que «si l’on nous accule à choisir entre la liberté et la coexistence, nous choisirons la liberté»… Il suffit pour s’en convaincre d’aller faire un tour à la vallée de la Qadicha…
L’histoire ancienne et contemporaine du Liban regorge de faits et d’exemples qui illustrent à quel point les tentations totalitaires font inexorablement choux blanc au pays du Cèdre. Une réalité que semble totalement ignorer «la bande à Bassile» (à ne pas confondre avec le groupe La Bande à Basile!) qui s’est livrée jeudi soir à une lamentable démonstration milicienne de bas niveau dans les studios et les locaux de la MTV.
Les tenanciers de la milice «La Bande à Bassile» ont soit de sérieux problèmes de mémoire ou de graves failles dans leur culture politique (si tant est que le terme «culture» existe dans leur vocabulaire). Le chef du Courant patriotique libre, Gebrane Bassil, devrait sans doute faire l’effort de se rappeler, et de rappeler surtout à ses lieutenants, qu’en août 2001, cette même chaîne MTV, où ils ont tenté d’exercer leurs biceps jeudi soir, avait eu maille à partir avec le régime sécuritaire libano-syrien de l’époque parce qu’elle voulait diffuser, contre vents et marées, une interview du général Michel Aoun, malgré l’interdiction et l’opposition du tuteur syrien et de ses acolytes locaux.
Les partisans et les étudiants du courant aouniste avaient alors manifesté leur colère devant des bureaux de la MTV à Achrafieh, exprimant avec enthousiasme leur solidarité avec la chaîne télévisée parce qu’elle tenait tête à l’occupant syrien. Les suivistes du CPL sont aujourd’hui très, très, loin de ce temps-là. Il faut dire qu’à l’époque des faits, ils n’avaient pas encore été formés à l’école du Hezbollah… Et leur leadership ne s’était pas encore allié au pouvoir en place à Damas et à ses partenaires stratégiques régionaux pour mettre fin à un exil forcé (mais néanmoins confortable) à Paris et se frayer un chemin vers les plus hautes charges de l’État…
Ce que les tenanciers et les hommes de main de la milice «la bande à Bassile» ne saisissent pas c’est que les Libanais, dans leur écrasante majorité du moins, ne sauraient être dupes, dans la durée, des lignes de conduite politiques trompeuses fondées sur un opportunisme obtus et conjoncturel à deux sous qui consiste à mener campagne contre une faction un jour pour s’allier électoralement à elle le lendemain, pour revenir à une posture hostile à l’égard de cette même faction le surlendemain. Les Libanais mus par un minimum de bon sens ne sauraient être dupes du comportement d’un leader pour qui l’attachement à des fondamentaux se limite à une simple prose qui varie, de surcroît, en fonction d’intérêts passagers et mercantiles.
La «bande à Bassile» sera peut-être tentée de sévir à nouveau en trouvant du plaisir à se laisser aller à de viles comportements miliciens. Mais il est sans doute grand temps de réaliser que ce n’est pas par le mensonge, la supercherie et l’esprit bassement fromagiste, jadis dénoncé par Fouad Chehab, que l’on peut édifier un État et construire une nation.
Cette tentative syrienne de museler de la sorte les quotidiens libanais durera ce que durent les roses… Ce qui fera dire bien plus tard à un journaliste français que malgré toute leur gesticulation stérile, leurs tentatives d’intimidation et tous les moyens coercitifs dont ils disposaient, les Syriens n’avaient pas réussi à briser l’attachement indéfectible des Libanais à leur liberté d’expression, sous toutes ses formes. De fait, la liberté, dans toute l’acception du terme, paraît «inscrite» en quelque sorte dans «l’ADN» des Libanais. À l’apogée de l’occupation syrienne, qui faisait preuve d’ingéniosité en jouant sur les contradictions internes, le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, exaspéré par les manœuvres de Damas, ira jusqu’à lancer un jour que «si l’on nous accule à choisir entre la liberté et la coexistence, nous choisirons la liberté»… Il suffit pour s’en convaincre d’aller faire un tour à la vallée de la Qadicha…
L’histoire ancienne et contemporaine du Liban regorge de faits et d’exemples qui illustrent à quel point les tentations totalitaires font inexorablement choux blanc au pays du Cèdre. Une réalité que semble totalement ignorer «la bande à Bassile» (à ne pas confondre avec le groupe La Bande à Basile!) qui s’est livrée jeudi soir à une lamentable démonstration milicienne de bas niveau dans les studios et les locaux de la MTV.
Les tenanciers de la milice «La Bande à Bassile» ont soit de sérieux problèmes de mémoire ou de graves failles dans leur culture politique (si tant est que le terme «culture» existe dans leur vocabulaire). Le chef du Courant patriotique libre, Gebrane Bassil, devrait sans doute faire l’effort de se rappeler, et de rappeler surtout à ses lieutenants, qu’en août 2001, cette même chaîne MTV, où ils ont tenté d’exercer leurs biceps jeudi soir, avait eu maille à partir avec le régime sécuritaire libano-syrien de l’époque parce qu’elle voulait diffuser, contre vents et marées, une interview du général Michel Aoun, malgré l’interdiction et l’opposition du tuteur syrien et de ses acolytes locaux.
Les partisans et les étudiants du courant aouniste avaient alors manifesté leur colère devant des bureaux de la MTV à Achrafieh, exprimant avec enthousiasme leur solidarité avec la chaîne télévisée parce qu’elle tenait tête à l’occupant syrien. Les suivistes du CPL sont aujourd’hui très, très, loin de ce temps-là. Il faut dire qu’à l’époque des faits, ils n’avaient pas encore été formés à l’école du Hezbollah… Et leur leadership ne s’était pas encore allié au pouvoir en place à Damas et à ses partenaires stratégiques régionaux pour mettre fin à un exil forcé (mais néanmoins confortable) à Paris et se frayer un chemin vers les plus hautes charges de l’État…
Ce que les tenanciers et les hommes de main de la milice «la bande à Bassile» ne saisissent pas c’est que les Libanais, dans leur écrasante majorité du moins, ne sauraient être dupes, dans la durée, des lignes de conduite politiques trompeuses fondées sur un opportunisme obtus et conjoncturel à deux sous qui consiste à mener campagne contre une faction un jour pour s’allier électoralement à elle le lendemain, pour revenir à une posture hostile à l’égard de cette même faction le surlendemain. Les Libanais mus par un minimum de bon sens ne sauraient être dupes du comportement d’un leader pour qui l’attachement à des fondamentaux se limite à une simple prose qui varie, de surcroît, en fonction d’intérêts passagers et mercantiles.
La «bande à Bassile» sera peut-être tentée de sévir à nouveau en trouvant du plaisir à se laisser aller à de viles comportements miliciens. Mais il est sans doute grand temps de réaliser que ce n’est pas par le mensonge, la supercherie et l’esprit bassement fromagiste, jadis dénoncé par Fouad Chehab, que l’on peut édifier un État et construire une nation.
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