« Il vaut mieux allumer une bougie que de maudire l’obscurité. » Cet adage, Léna Khalifeh, artiste peintre, en a fait son motto, pour poursuivre son chemin depuis que sa vie a basculé. Cette femme, qui a pour devise de vie le « féminisme résilient », a non seulement perdu l’usage d’un œil, mais un de ses deux enfants est décédé et l’autre souffre d’une mobilité réduite.

Mercredi soir, cette femme enthousiaste et déterminée s’est imposée auprès de peintres de renommée internationale lors du vernissage de l’exposition « Art de vivre », qui se poursuit jusqu’au dimanche 4 décembre au Forum de Beyrouth.

Les femmes sont au centre des toiles de Léna Khalifeh. Épanouies, pleines d’espoir, mélancoliques ou encore apeurées : ces peintures sont le reflet des différentes phases psychologiques par lesquelles la peintre est passée. Elle confie que son penchant pour la peinture a pris naissance dès sa jeunesse, lorsqu’elle a développé une passion pour le monde de l’art en général et de la peinture en particulier.

Mais c’est une toute autre voie qu’elle a suivie. Ses parents, cherchant à lui assurer « un meilleur avenir » l’ont orientée vers des études de droit. À peine diplômée, elle a rencontré celui qui deviendra son époux. Après la naissance de ses deux garçons, elle oublie ses ambitions artistiques. Mais la vie ne sera pas clémente avec elle. Léna Khalifeh perdra un œil. Puis, elle fera face à l’indicible : la mort subite de son benjamin.

Elle sombre alors dans une dépression chronique. Au bout de quelques années, une envie soudaine de reprendre les pinceaux la titille. Elle en fait part à son mari, Fouad Khalifeh, banquier, qui lui offre un soutien inconditionnel et devient son premier fan.




Attachement à la vie

« Ce tableau est divisé en deux parties, une partie colorée et l’autre en noir et blanc », explique Léna Khalifeh, désignant une toile représentant un visage. « J’ai perdu mon œil avant d’entamer ce tableau qui illustre les défis auxquels j’ai fait face, poursuit-elle. Ce tableau représente mon attachement à la vie et à ce qui me reste, mais aussi la peur de perdre mon second œil. De ce tableau se dégagent également les forces invisibles qui m’ont tourmentées lorsque j’ai perdu mon fils. »

« Amnésie » est le titre d’une autre toile qui reflète la renaissance de la peintre déchirée entre un passé douloureux et un avenir plus serein. La toile représente une femme qui ne se souvient pas de son identité passée, et qui se crée une identité au présent. Tous ces messages sont délivrés dans un contexte féministe pour pousser les femmes, notamment « celles opprimées en Iran », à se battre pour leurs droits.

Sur un autre plan, Léna Khalifeh, chrétienne croyante et pratiquante, peint également des scènes à caractère religieux tel le dernier repas du Christ. Elle s’intéresse aussi aux « souvenirs de voyage ». Un tableau qui lui tient à cœur est celui de la fleur de lotus, une réminiscence de son voyage en Égypte, où elle avait exposé ses œuvres au bord du Nil.

« Art de vivre » réunit plusieurs artistes et artisans libanais qui exposent des styles de peintures, de sculpture et d’art moderne différents, conférant à l’exposition un aspect éclectique. On y trouve également des tapisseries, des mosaïques, des meubles antiques et modernes, etc.
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