Conseil des ministres, présidentielle: un pays à la dérive
Le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a résumé en quatre images et quelques mots la situation actuelle au Liban. Sur son compte Twitter, lundi matin, il a publié quatre tableaux représentant une mer houleuse et des navires sur le point de faire naufrage avec des marins qui s’évertuent à maintenir leurs embarcations à flot, avec le commentaire suivant : « Le pays aujourd’hui à l’ombre du boycottage du Conseil des ministres, du refus du dialogue et des réformes ».



Pas un mot cependant sur la présidentielle, bloquée par les parties du 8 Mars qui cherchent à arracher à leurs partenaires de l’opposition, au nom d’une hypothétique entente, un consensus autour d’un candidat au profil taillé à la mesure de leurs propres intérêts politico-stratégiques.

Le tweet de M. Joumblatt intervient quelques heures avant une réunion du Conseil des ministres, convoqué la semaine dernière par le Premier ministre sortant, Najib Mikati, sous prétexte de plancher sur des dossiers urgents intéressant directement la population. Alors que l’urgence, la vraie, consiste à procéder sans tarder à l’élection d’un président puis à la formation d’un gouvernement doté des pleins pouvoirs.

La réunion est cependant compromise à cause du tollé que sa convocation a provoquée dans les milieux politiques, notamment chrétiens. Le Courant patriotique libre que préside le député Gebran Bassil, un de ceux qui bloquent la présidentielle par ailleurs, a décidé avec quelques alliés au sein du gouvernement de boycotter la séance. Celle-ci a été quand même maintenue pour lundi à 11h, par Najib Mikati qui a multiplié les contacts au cours des dernières heures, pour essayer d’assurer le quorum des deux tiers nécessaires pour la tenue de la réunion. Idem du côté d’Amal et du Hezbollah, également favorables à la tenue du Conseil des ministres. Un choix dicté par une volonté de faire avancer des dossiers nécessaires pour le fonctionnement a minima du pays, comme le paiement des sommes dues aux hôpitaux pour que ces établissements puissent continuer à soigner les personnes souffrant de maladies chroniques au frais du ministère de la Santé. Mais aussi, et surtout, par une volonté d’envoyer une série de messages à leurs partenaires et à leurs adversaires politiques dans le prolongement du bras-de-fer engagé au niveau de la présidentielle. Gebran Bassil a réagi en tirant le tapis sous leurs pieds, lorsqu’il a provoqué un quorum. Neuf ministres proches de lui ont annoncé dimanche qu’ils boycotteront la séance, faisant tomber à 15 le nombre des participants au Conseil des ministres. Le quorum est de 16 ministres.

De blocage en blocage, le pays et sa population, en butte à des difficultés socio-économiques et financières de tous genres, restent ainsi otages d’un groupe de parties qui ne comprennent la gestion des affaires publiques que sous l’angle de leurs intérêts politiciens étriqués et qui se permettent de dénoncer des violations de la Constitution en étant les premiers à la fouler au pied.
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