©Le directeur général de l'AIEA Rafael Grossi émis des "doutes" au sujet de l'absence de données issues d'une des caméras de surveillance mise à disposition de l'agence par l'Iran. (AFP)
Les négociateurs sur le nucléaire iranien se sont quittés vendredi en faisant état de légers progrès, mais les Européens ont insisté sur "l'urgence" de se retrouver au plus vite.
Le chef de la délégation iranienne Ali Bagheri a souhaité retourner à Téhéran, explique l'E3 qui a déploré "une interruption décevante" dans les pourparlers, pour une raison indéterminée.
L'ensemble des autres partenaires étaient "prêts à poursuivre les discussions", ont-ils souligné, appelant les Iraniens à les "reprendre rapidement" et à accélérer le rythme.
"Nous n'avons pas des mois devant nous, mais plutôt des semaines", a abondé le coordinateur de l'Union européenne (UE), Enrique Mora qui s'est exprimé face à la presse devant le palais Cobourg de la capitale autrichienne où se déroulent les négociations.
"Je ne peux pas encore annoncer de date formelle" pour la reprise, a-t-il ajouté.
Après un premier cycle au printemps interrompu par l'élection en juin d'un nouveau président iranien ultra-conservateur, les diplomates s'étaient retrouvés fin novembre à Vienne.
Les débuts ont été difficiles mais "nous nous sommes enfin mis d'accord sur la base de départ pour les discussions", a indiqué une source au sein de l'E3, qui pointait il y a quelques jours les exigences "radicales" de Téhéran. Et d'ajouter: "Maintenant il faut entrer dans le vif du sujet".
L'ambassadeur russe Mikhaïl Oulianov, s'est félicité sur Twitter du "succès" des dernières discussions qui ont "préparé une base solide pour des négociations plus intensives".
Le négociateur en chef iranien Ali Bagheri a, de son côté, salué l'élaboration d'un nouveau cadre de négociations, "intégrant les points de vue" de la République islamique, sur les deux volets de la levée des sanctions américains et du programme nucléaire.
L'enjeu des pourparlers de Vienne vise à faire revenir dans l'accord les Etats-Unis qui y participent de manière indirecte, Téhéran refusant des discussions directes avec Washington.
Ce pacte s'est délité à la suite du retrait unilatéral de Washington en 2018 sous la présidence de Donald Trump.
En riposte au rétablissement des mesures punitives à son égard, l'Iran, qui dément vouloir se doter de la bombe, s'est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire.
Le président démocrate Joe Biden soutient le retour des Etats-Unis au sein de l'accord, tout en demandant à ses négociateurs de se préparer pour le cas où la diplomatie échouerait.
"Cela ne va pas bien car il n'y a pas encore de voie vers un retour" dans l'accord, a indiqué le conseiller à la sécurité nationale américain, Jake Sullivan.
"Nous payons le prix d'une décision désastreuse" prise par M. Trump, a-t-il déclaré, notant que l'accord "met le programme nucléaire sous l'éteignoir".
Il a toutefois souligné que des "progrès à la table des négociations" avaient été faits ces derniers jours. Washington, a dit M. Sullivan, coopère avec l'E3 mais aussi la Russie et la Chine, avec qui les relations sont pourtant très tendues.
L'accès aux sites nucléaires iraniens par les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de contrôler le caractère pacifique des activités de Téhéran, a aussi été nettement réduit ces derniers mois.
L'instance onusienne est toutefois parvenue à un arrangement cette semaine sur le remplacement des caméras de surveillance sur le site nucléaire de Karaj, près de Téhéran.
Ces appareils avaient été endommagés le 23 juin selon l'Iran, qui avait alors affirmé avoir déjoué une opération de "sabotage" d'Israël.
Ce que la République islamique a qualifié de "geste de bonne volonté" de sa part a permis d'éviter une "crise à court terme" et de détendre quelque peu l'atmosphère des pourparlers, selon les experts.
Le directeur général de l'AIEA Rafael Grossi a salué vendredi devant les journalistes un "pas important", tout en émettant des "doutes" au sujet de l'absence de données issues d'une des caméras.
Extrêmement méfiant, l'Iran est convaincu que le sabotage de Karaj a été rendu possible grâce au piratage des informations recueillies par ces appareils de surveillance.
Une hypothèse "absurde", a insisté M. Grossi, ces caméras ne pouvant selon lui "pas être trafiquées" une fois installées.
AFP
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