Il aimait déplacer les lignes, déranger, brouiller jusqu’à l’emboîtement de sa vie dans celle de ses antihéros, et cela à bon escient. Rien n’était laissé au hasard auquel il ne croit pas. Et heureusement pour nous.
Un roman phare, une révolution stylistique: Voyage au bout de la nuit où son alter ego, Ferdinand Bardamu, sort de la Première Guerre mondiale blessé. Céline aura son ouïe affaiblie. Plus tard une canne viendra secourir sa jambe blessée.
Il accouche d’une langue inhabituelle qui complémente le récit sans le sacrifier au profit de la première. L’auteur c’est le style qui le fait. Son style est cru comme la guerre qu’il connut. Il est oral comme celui des troufions qui combattent à ses côtés. Il bourlingua à tout va. Ébloui par New York, il la qualifia de «ville debout» alors que lui avec le passage austère du temps devenait gibbeux. Son sacerdoce était la littérature. Sa vocation était la médecine. Pour des raisons pécuniaires, il écrit Voyage au bout de la nuit. Et cette même nuit verra le soleil du succès se lever en éparpillant ses rayons sur ce qu’il deviendra: misanthrope. Il s’isole avec sa compagne. Il est médecin qui «n’écrit pas en gants blancs». Les gants ne laissent aucune empreinte.
L’empreinte est essentielle pour les générations futures, pour les céliniens à venir dont je suis potache. Céline ne craignait pas la mort, mais mourir dans la douleur, si. «Je ne suis pas un être de joie.» On l’aurait compris à la lecture de Mort à crédit. Depuis 1918, il attendait la camarde, paré de ses convictions imparables pour souffrir «le moins possible».
Dans Voyage au bout de la nuit, il entame une conversation de comptoir avec Arthur Ganate, un compagnon de route. «Ah la griserie d’écrire! On me la copiera!» La phrase célinienne altère celle de la vie. Depuis, on ne parle plus et on n’écrit plus de la même façon. On ne lit plus diagonalement, mais en amont de la souffrance tantôt au grand jour tantôt dissimulée. Il a remis en question la phrase en lui imposant l’oralité. Il s’invente des mots. Il se célinise sans entrave aucune. La liberté d’expression descend en droite ligne de 1789.
Il épouse Lucette Mansour. Une ballerine qui traverse sa vie avec la légèreté d’une plume qui a le vent en poupe. Elle la traverse sur la pointe des pieds au son du Lac des cygnes. Elle se fait allègre, enjouée et guillerette. Elle s’évapore. Elle est à ses petits soins ce qu’il abhorre. Il la repousse souvent, avec tendresse, lui l’antisémite. Occasionnellement, elle lui vole dans les plumes. Alors, il s’enferme dans son bureau penché sur ses écrits comme Quasimodo sur Esmeralda: en amoureux déchiré.
Un roman phare, une révolution stylistique: Voyage au bout de la nuit où son alter ego, Ferdinand Bardamu, sort de la Première Guerre mondiale blessé. Céline aura son ouïe affaiblie. Plus tard une canne viendra secourir sa jambe blessée.
Il accouche d’une langue inhabituelle qui complémente le récit sans le sacrifier au profit de la première. L’auteur c’est le style qui le fait. Son style est cru comme la guerre qu’il connut. Il est oral comme celui des troufions qui combattent à ses côtés. Il bourlingua à tout va. Ébloui par New York, il la qualifia de «ville debout» alors que lui avec le passage austère du temps devenait gibbeux. Son sacerdoce était la littérature. Sa vocation était la médecine. Pour des raisons pécuniaires, il écrit Voyage au bout de la nuit. Et cette même nuit verra le soleil du succès se lever en éparpillant ses rayons sur ce qu’il deviendra: misanthrope. Il s’isole avec sa compagne. Il est médecin qui «n’écrit pas en gants blancs». Les gants ne laissent aucune empreinte.
L’empreinte est essentielle pour les générations futures, pour les céliniens à venir dont je suis potache. Céline ne craignait pas la mort, mais mourir dans la douleur, si. «Je ne suis pas un être de joie.» On l’aurait compris à la lecture de Mort à crédit. Depuis 1918, il attendait la camarde, paré de ses convictions imparables pour souffrir «le moins possible».
Dans Voyage au bout de la nuit, il entame une conversation de comptoir avec Arthur Ganate, un compagnon de route. «Ah la griserie d’écrire! On me la copiera!» La phrase célinienne altère celle de la vie. Depuis, on ne parle plus et on n’écrit plus de la même façon. On ne lit plus diagonalement, mais en amont de la souffrance tantôt au grand jour tantôt dissimulée. Il a remis en question la phrase en lui imposant l’oralité. Il s’invente des mots. Il se célinise sans entrave aucune. La liberté d’expression descend en droite ligne de 1789.
Il épouse Lucette Mansour. Une ballerine qui traverse sa vie avec la légèreté d’une plume qui a le vent en poupe. Elle la traverse sur la pointe des pieds au son du Lac des cygnes. Elle se fait allègre, enjouée et guillerette. Elle s’évapore. Elle est à ses petits soins ce qu’il abhorre. Il la repousse souvent, avec tendresse, lui l’antisémite. Occasionnellement, elle lui vole dans les plumes. Alors, il s’enferme dans son bureau penché sur ses écrits comme Quasimodo sur Esmeralda: en amoureux déchiré.
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