Nombre de Libanais s’y attendaient quelque peu... Sans surprise, le taux de change du dollar par rapport à la livre libanaise sur le marché libre a dépassé les 45.000 livres mardi. Pourtant, selon les lois économiques et monétaires, le taux du billet vert devrait baisser en principe avec l’arrivée, pour les fêtes de Noël et du Nouvel An, des expatriés qui injectent des devises sur le marché local. Mais une fois de plus, le Liban défie toutes les lois.
La livre libanaise a battu un nouveau record, vers le bas, sur le marché parallèle, le dollar ayant dépassé la barre de 45.000 livres, mardi en fin d'après-midi. Le plus étrange dans cette chute libre qui n'en finit pas, de la livre libanaise, n'est pas que l’État n’a toujours pas lancé des réformes pour freiner une dépréciation qui se poursuit depuis octobre 2019 (le contraire aurait d'ailleurs étonné avec cette classe dirigeante) mais la résilience des Libanais qui semblent s'être adaptés à une situation anormale.
Pour un économiste interrogé par Ici Beyrouth, le taux de change du dollar sur le marché parallèle ne fait qu’augmenter, contre toute attente, parce qu’il s’agit d’un "marché illégal et sale". N’étant pas régi par des lois, les spéculateurs manipulent ce marché pour servir leurs intérêts.
“Alors injection de dollars ou pas, ce taux, ne répondant pas au principe de l’offre et de la demande, continuera d’augmenter pour satisfaire d’obscurs spéculateurs”, assure-t-il.
Insuffisance des injections de dollars
De son côté, Fouad Zmokhol, doyen de la faculté de gestion et de management à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et président du Mouvement international des chefs d’entreprises libanais (Midel), estime que techniquement, sans vouloir alarmer, la hausse du taux de change du dollar sur le marché libre est normale parce que le billet vert subit beaucoup de pressions, surtout monétaires. La demande en dollars est non seulement importante, vu que les particuliers les stockent dans les maisons, mais aussi parce que les industriels achètent des matières premières et les commerçants des produits. Pour lui, les rentrées en dollars sont insuffisantes même si les expatriés dépensent sur le marché local et si les Libanais travaillant à l’étranger transfèrent de l’argent vers le Liban. “ Le pays a besoin de sept ou huit milliards de dollars”, poursuit-il. Un chiffre que le Liban pourrait avoir pour peu que les autorités se résignent à lancer un chantier de réformes sérieuses et à lutter sérieusement contre la dilapidation des fonds publics.
M. Zmokhol rapelle que la Banque du Liban (BDL) essaie de freiner cette hausse en usant d’ingénieries. Néanmoins, il considère qu’il est très difficile de voir le taux de change baisser ou se stabiliser sans épuiser les réserves de la Banque centrale. “Celles-ci sont en train d’être utilisées au compte-gouttes, du moins je l’espère, pour qu’elles durent le plus longtemps possible parce que le jour où elles seront taries, une ère très grave débutera puisqu’il n’y aura plus rien pour financer l'achat de carburant et subventionner les médicaments et le blé”, avertit l’économiste.
Grand écart avec le taux de Sayrafa
Par ailleurs, la différence entre le taux du marché libre et celui de la plateforme Sayrafa (30.800 LL), créée par la Banque du Liban pour stabiliser le taux de change, n’a de cesse d’augmenter et s’élevait en début de soirée mardi à plus 14.000 LL. Le taux de Sayrafa est actuellement de 31 200. Cet écart fait la joie des gros spéculateurs, explique M. Zmokhol. Ils retirent des dollars des banques privées au taux de Sayrafa et les revendent sur le marché noir, ce qui leur fait un gain de 13.400LL par dollar ou 1.340.000LL sur cent dollars. “D’énormes gains sont réalisés chaque jour”, souligne-t-il en conclusion. Et l'État dans tout cela? Comme toujours, aux abonnés absents.
Le plus tragique est que les forces qui composent la classe dirigeante, qui brille aujourd'hui par son incompétence et son indifférence criminelles, sont les mêmes qui promettent de tirer le pays de la crise dans laquelle leur comportement l'a plongé.
La livre libanaise a battu un nouveau record, vers le bas, sur le marché parallèle, le dollar ayant dépassé la barre de 45.000 livres, mardi en fin d'après-midi. Le plus étrange dans cette chute libre qui n'en finit pas, de la livre libanaise, n'est pas que l’État n’a toujours pas lancé des réformes pour freiner une dépréciation qui se poursuit depuis octobre 2019 (le contraire aurait d'ailleurs étonné avec cette classe dirigeante) mais la résilience des Libanais qui semblent s'être adaptés à une situation anormale.
Pour un économiste interrogé par Ici Beyrouth, le taux de change du dollar sur le marché parallèle ne fait qu’augmenter, contre toute attente, parce qu’il s’agit d’un "marché illégal et sale". N’étant pas régi par des lois, les spéculateurs manipulent ce marché pour servir leurs intérêts.
“Alors injection de dollars ou pas, ce taux, ne répondant pas au principe de l’offre et de la demande, continuera d’augmenter pour satisfaire d’obscurs spéculateurs”, assure-t-il.
Insuffisance des injections de dollars
De son côté, Fouad Zmokhol, doyen de la faculté de gestion et de management à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et président du Mouvement international des chefs d’entreprises libanais (Midel), estime que techniquement, sans vouloir alarmer, la hausse du taux de change du dollar sur le marché libre est normale parce que le billet vert subit beaucoup de pressions, surtout monétaires. La demande en dollars est non seulement importante, vu que les particuliers les stockent dans les maisons, mais aussi parce que les industriels achètent des matières premières et les commerçants des produits. Pour lui, les rentrées en dollars sont insuffisantes même si les expatriés dépensent sur le marché local et si les Libanais travaillant à l’étranger transfèrent de l’argent vers le Liban. “ Le pays a besoin de sept ou huit milliards de dollars”, poursuit-il. Un chiffre que le Liban pourrait avoir pour peu que les autorités se résignent à lancer un chantier de réformes sérieuses et à lutter sérieusement contre la dilapidation des fonds publics.
M. Zmokhol rapelle que la Banque du Liban (BDL) essaie de freiner cette hausse en usant d’ingénieries. Néanmoins, il considère qu’il est très difficile de voir le taux de change baisser ou se stabiliser sans épuiser les réserves de la Banque centrale. “Celles-ci sont en train d’être utilisées au compte-gouttes, du moins je l’espère, pour qu’elles durent le plus longtemps possible parce que le jour où elles seront taries, une ère très grave débutera puisqu’il n’y aura plus rien pour financer l'achat de carburant et subventionner les médicaments et le blé”, avertit l’économiste.
Grand écart avec le taux de Sayrafa
Par ailleurs, la différence entre le taux du marché libre et celui de la plateforme Sayrafa (30.800 LL), créée par la Banque du Liban pour stabiliser le taux de change, n’a de cesse d’augmenter et s’élevait en début de soirée mardi à plus 14.000 LL. Le taux de Sayrafa est actuellement de 31 200. Cet écart fait la joie des gros spéculateurs, explique M. Zmokhol. Ils retirent des dollars des banques privées au taux de Sayrafa et les revendent sur le marché noir, ce qui leur fait un gain de 13.400LL par dollar ou 1.340.000LL sur cent dollars. “D’énormes gains sont réalisés chaque jour”, souligne-t-il en conclusion. Et l'État dans tout cela? Comme toujours, aux abonnés absents.
Le plus tragique est que les forces qui composent la classe dirigeante, qui brille aujourd'hui par son incompétence et son indifférence criminelles, sont les mêmes qui promettent de tirer le pays de la crise dans laquelle leur comportement l'a plongé.
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