©Des manifestants affrontent des policiers anti-émeute français à la suite d'une déclaration du ministre français de l'Intérieur sur le site où plusieurs coups de feu ont été tirés rue d'Enghien dans le 10e arrondissement, à Paris. (AFP)
Les "Kurdes de France" ont été la cible d'une "odieuse attaque" a tweeté le président français Emmanuel Macron, quelques heures après des tirs meurtriers dans le 10e arrondissement de Paris contre un centre culturel kurde. Peu après la déclaration du ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, indiquant que le tireur a voulu "manifestement s'en prendre à des étrangers", la colère des Kurdes a provoqué des heurts avec les forces de l'ordre.
Des heurts se sont produits entre forces de l'ordre et des membres de la communauté kurde du 10e arrondissement de Paris, suite à l'attaque contre un centre culturel kurde situé dans la rue d'Enghien, vendredi, qui a fait trois tués et plusieurs blessés.
Entre chagrin et stupeur, c'est désormais la colère qui prime ainsi pour les Kurdes de Paris, déjà frappés par une attaque en 2013. "Ça recommence, vous ne nous protégez pas. On nous tue!", hurle en pleine rue une jeune réfugiée kurde (qui a refusé d'être identifiée) avant de prendre son visage dans ses mains et d'être sortie de la foule par ses camarades en état de choc.
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin répond aux journalistes lors d'une conférence de presse devant le salon de coiffure, où plusieurs coups de feu ont été tirés, rue d'Enghien. (AFP)
Trois personnes avaient été tuées par balles et trois autres blessées peu avant midi, rue d'Enghien, au niveau du centre culturel kurde Ahmet Kaya. La foule ne savait pas, dans l'immédiat, que le tireur présumé, interpellé et placé en garde à vue, est un Français de 69 ans, conducteur de train à la retraite, connu pour s'être déjà attaqué avec un sabre à des migrants dans un camp du XIIe arrondissement, selon les premiers éléments de l'enquête. Parmi les dizaines de Kurdes rassemblés, bouleversés, les rumeurs d'attaque "politique" galopent.
Des slogans fusent déjà: "extrême droite, assassin!" ou "Erdogan, assassin!", visant le président turc. Et en milieu d'après-midi, le rassemblement a dégénéré en échauffourées avec la police. Ce vendredi, un frère et une sœur devaient se retrouver dans un petit restaurant kurde du quartier quand ils ont vu la police arriver et boucler la rue du centre culturel kurde. Ils disent avoir compris immédiatement. "Je me suis dit ce n'est pas possible que ça recommence, pas les nôtres", dit la sœur, Jihan Akdogan. "On savait très bien que ça recommencerait", répond le frère, Juan Golan Elibeg, 41 ans.
Sur Twitter, la Première ministre Elisabeth Borne qualifie d'"acte odieux" les tirs qui ont fait trois morts à Paris, en exprimant ses "pensées" et son "plein soutien aux victimes et à leurs proches". (AFP)
Au milieu des Kurdes de tous âges et de soutiens à l'opposition pro-kurde, ils se prennent dans les bras, tentent de récupérer les premières informations. Pour l'heure, le parquet national antiterroriste et ses services sont venus sur place mais il n'y a "aucun élément qui privilégierait la nécessité de leur saisine", a expliqué la procureur de la République de Paris. Les motifs racistes des faits "vont évidemment faire partie des investigations", a-t-elle ajouté.
Mais les Kurdes présents revivent le traumatisme d'il y a neuf ans: non loin de là, le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans, avaient été tuées de plusieurs balles dans la tête au siège du Centre d'information du Kurdistan.
Un large périmètre de sécurité est installé autour de la rue d'Enghien, dans le 10e arrondissement de Paris, suite aux tirs qui ont fait au moins trois morts d'après le parquet. (AFP)
"Cela nous renvoie a ce qu'il s'est passé en 2013. Des informations qui nous parviennent, cette personne a eu le temps de charger son arme plusieurs fois, il n'y avait pas de sécurité et s'il y en avait, ils n'ont rien pu faire pour les protéger", dit Jihan Akdogan, 30 ans, qui se présente comme "interprète" et "patriote kurde". "Une réunion de femmes était prévue dans l'après-midi. Il y aurait pu y avoir encore plus de victimes", ajoute la jeune femme.
Les esprits s'échauffent. Une réfugiée turque d'opposition, qui se présente comme "Julie" refusant de donner son nom de famille, se dit persuadée que "c'est une attaque politique" et que "le centre culturel était directement visé". L'unique suspect du triple assassinat de 2013, le Turc Omer Güney, est mort d'un cancer en décembre 2016, à la veille de son procès devant la cour d'assises spéciale de Paris.
Mais les parties civiles ont obtenu en 2019 que soient relancées des investigations pour examiner l'implication potentielle des services de renseignement turcs. Les deux juges d'instruction chargés de cette information judiciaire ont récemment reçu les parties civiles pour faire un point sur l'avancée des investigations, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, précisant qu'il restait des actes d'enquête et des vérifications à réaliser.
(AFP)
Dans les heures suivant l'attaque, la classe politique, de l’extrême droite à l’extrême gauche, a réagi à la fusillade. Le président Emmanuel Macron a dénoncé une " odieuse attaque " dont " les Kurdes de France ont été la cible". " Stupeur et émotion après la fusillade en plein cœur de Paris ", a écrit de son côté la cheffe des députés Rassemblement national Marine Le Pen sur Twitter. " Merci aux forces de l’ordre pour leur rapide et décisive intervention. Nos pensées vont aux familles des proches frappées par ce terrible drame ", a-t-elle poursuivi.La fusillade a éclaté vendredi en fin de matinée dans un quartier animé du centre de la capitale, au niveau d’un centre culturel kurde de la rue d’Enghein. Les Insoumis ont qualifié cette fusillade " d’attentat " ou d’acte " terroriste ", alors qu’une enquête a été ouverte pour assassinats, homicides volontaires et violences aggravées." Tristesse et colère devant l’attaque terroriste visant le centre culturel kurde Amet Kaya à Paris ", a tweeté le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon. " Il y a 10 ans presque jour pour jour étaient assassinées trois dirigeantes kurdes en plein Paris. Ça suffit! " a-t-il poursuivi, plaidant pour la " protection de nos alliés kurdes ".
Pour en revenir aux échauffourées de vendredi, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants près du centre culturel kurde. Ces incidents ont débuté lorsque la foule s'est heurtée à un cordon de forces de l'ordre qui protégeait le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, venu sur place pour faire le point sur l'enquête et s'adresser aux journalistes. Les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes sur les manifestants qui ont, en retour, lancé des projectiles dans leur direction, brûlé des poubelles et érigé des barricades dans la rue. Des échauffourées étaient toujours en cours en fin d'après-midi. Maxime Pluvinet avec AFP
Des heurts se sont produits entre forces de l'ordre et des membres de la communauté kurde du 10e arrondissement de Paris, suite à l'attaque contre un centre culturel kurde situé dans la rue d'Enghien, vendredi, qui a fait trois tués et plusieurs blessés.
Entre chagrin et stupeur, c'est désormais la colère qui prime ainsi pour les Kurdes de Paris, déjà frappés par une attaque en 2013. "Ça recommence, vous ne nous protégez pas. On nous tue!", hurle en pleine rue une jeune réfugiée kurde (qui a refusé d'être identifiée) avant de prendre son visage dans ses mains et d'être sortie de la foule par ses camarades en état de choc.
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin répond aux journalistes lors d'une conférence de presse devant le salon de coiffure, où plusieurs coups de feu ont été tirés, rue d'Enghien. (AFP)
"Extrême droite, assassin!"
Trois personnes avaient été tuées par balles et trois autres blessées peu avant midi, rue d'Enghien, au niveau du centre culturel kurde Ahmet Kaya. La foule ne savait pas, dans l'immédiat, que le tireur présumé, interpellé et placé en garde à vue, est un Français de 69 ans, conducteur de train à la retraite, connu pour s'être déjà attaqué avec un sabre à des migrants dans un camp du XIIe arrondissement, selon les premiers éléments de l'enquête. Parmi les dizaines de Kurdes rassemblés, bouleversés, les rumeurs d'attaque "politique" galopent.
Des slogans fusent déjà: "extrême droite, assassin!" ou "Erdogan, assassin!", visant le président turc. Et en milieu d'après-midi, le rassemblement a dégénéré en échauffourées avec la police. Ce vendredi, un frère et une sœur devaient se retrouver dans un petit restaurant kurde du quartier quand ils ont vu la police arriver et boucler la rue du centre culturel kurde. Ils disent avoir compris immédiatement. "Je me suis dit ce n'est pas possible que ça recommence, pas les nôtres", dit la sœur, Jihan Akdogan. "On savait très bien que ça recommencerait", répond le frère, Juan Golan Elibeg, 41 ans.
Sur Twitter, la Première ministre Elisabeth Borne qualifie d'"acte odieux" les tirs qui ont fait trois morts à Paris, en exprimant ses "pensées" et son "plein soutien aux victimes et à leurs proches". (AFP)
Souvenir de 2013
Au milieu des Kurdes de tous âges et de soutiens à l'opposition pro-kurde, ils se prennent dans les bras, tentent de récupérer les premières informations. Pour l'heure, le parquet national antiterroriste et ses services sont venus sur place mais il n'y a "aucun élément qui privilégierait la nécessité de leur saisine", a expliqué la procureur de la République de Paris. Les motifs racistes des faits "vont évidemment faire partie des investigations", a-t-elle ajouté.
Mais les Kurdes présents revivent le traumatisme d'il y a neuf ans: non loin de là, le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans, avaient été tuées de plusieurs balles dans la tête au siège du Centre d'information du Kurdistan.
Un large périmètre de sécurité est installé autour de la rue d'Enghien, dans le 10e arrondissement de Paris, suite aux tirs qui ont fait au moins trois morts d'après le parquet. (AFP)
"Attaque politique"
"Cela nous renvoie a ce qu'il s'est passé en 2013. Des informations qui nous parviennent, cette personne a eu le temps de charger son arme plusieurs fois, il n'y avait pas de sécurité et s'il y en avait, ils n'ont rien pu faire pour les protéger", dit Jihan Akdogan, 30 ans, qui se présente comme "interprète" et "patriote kurde". "Une réunion de femmes était prévue dans l'après-midi. Il y aurait pu y avoir encore plus de victimes", ajoute la jeune femme.
Les esprits s'échauffent. Une réfugiée turque d'opposition, qui se présente comme "Julie" refusant de donner son nom de famille, se dit persuadée que "c'est une attaque politique" et que "le centre culturel était directement visé". L'unique suspect du triple assassinat de 2013, le Turc Omer Güney, est mort d'un cancer en décembre 2016, à la veille de son procès devant la cour d'assises spéciale de Paris.
Mais les parties civiles ont obtenu en 2019 que soient relancées des investigations pour examiner l'implication potentielle des services de renseignement turcs. Les deux juges d'instruction chargés de cette information judiciaire ont récemment reçu les parties civiles pour faire un point sur l'avancée des investigations, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, précisant qu'il restait des actes d'enquête et des vérifications à réaliser.
(AFP)
" Stupeur "
Les incidents
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