Je viens d’apprendre que j’appartiens à la génération X. Mieux vaut l’apprendre tard que jamais. Nan je ne vous dirai pas mon âge. Les confidences ont des limites.
Selon la classification de William Strauss et Neil Howe, deux auteurs américains spécialistes des faits générationnels (Millennials Rising: The Next Great Generation, New York, Vintage, 2000), la génération X désigne, avec quelques variantes, le groupe des Occidentaux nés entre 1965 et 1980. Initialement connue sous le nom de «baby bust», en raison du faible taux de natalité qui la caractérise par comparaison à la période du baby-boom, cette génération est donc intercalée entre celle des baby-boomers et la génération Y.
L’expression est d'abord lancée au Royaume-Uni en 1965 par les journalistes britanniques Jane Deverson et Charles Hamblett. L’éditeur de la revue Woman's Own, un magazine qui mettait alors au premier plan les questions de société et celles relatives aux droits des femmes, avait demandé à Deverson de réaliser une série d’entretiens avec des adolescents dont le résultat permet de dessiner les contours d’une génération «qui couche avant le mariage, qui ne croit pas en Dieu, qui n’aime pas la Reine et qui ne respecte pas ses parents». En 1965 ces résultats dérangent et le magazine renonce à ce projet. Pour sauver sa recherche, Deverson publiera avec Charles Hamblett un livre qu’ils décideront de nommer Génération X (Londres, Anthony Gibbs & Philipps Ltd., 1964). Le terme est ensuite popularisé à la fin des années 1970 par le groupe punk rock britannique Generation X (qui deviendra plus tard Gen X), avec Billy Idol, avant que ce dernier n’entame sa carrière solo aux États-Unis dans les années 80. Il sert ensuite de titre à un roman de l’auteur canadien Douglas Coupland: Generation X: Tales for an Accelerated Culture (New York, St. Martin's Press, 1991) qui dépeint l’anxiété d’une classe d’individus nés dans les années 60, sa désertion des valeurs religieuses, l’instabilité économique avec laquelle elle doit composer et qui font d’elle une génération d’individus qui ne sont pas connectés avec la génération précédente. Le X, qui se réfère ici à l’anonymat d’une génération consciente de son éclatement, aurait été pris du livre Class (New York, Simon & Schuster, 1983) de Paul Fussell, historien américain de la culture et de la littérature, qui désigne par la «catégorie X» une classe de la société américaine. Coupland s’explique: «Dans son chapitre final, Fussel nomme une catégorie de gens X qui veulent sortir de la roue statut-argent-ascension sociale qui caractérise l'existence moderne.» Coupland nous introduit à l’univers de Clair, Andy et Dag, trois personnages dans la «vingtaine» vivant dans le sud de la Californie. Leur désenchantement face au monde du travail constitue l’arrière-plan sur lequel se détachent les histoires tragiques et fantastiques qu’ils se racontent tout au long de ce parcours romanesque.
Sur Internet j’apprends donc que la génération X se situe dans un moment de déclin social, mais aussi de déclin de l’impérialisme colonial. J’apprends aussi qu’elle a été parmi les plus sévèrement touchées par les mutations économiques et sociales des années 1980 et des années 1990 et qu’elle eut des difficultés à trouver des emplois stables et bien rémunérés, les membres de cette génération X ayant eu des parcours professionnels en dents de scie. On parle souvent aussi d’une génération perdue ou sacrifiée, après la génération gâtée du baby-boom.
Mouais. Je ne vous cache pas que tout cela ne me touche pas beaucoup. Non que ce soit faux, mais ce descriptif est décidément et effectivement bien occidental, ce qui le rapproche plutôt pour moi d’une vue de l’esprit. Le concept de génération désignant une population dont les membres, ayant à peu près le même âge ou ayant vécu à la même époque historique, partagent un certain nombre de pratiques et de représentations, la génération X pour moi c’est d’abord le vécu dans les abris, le décompte des bombes qui s’abattent sur le quartier, la peur de traverser la rue sous le viseur d’un franc-tireur ou de traverser la ville d’est en ouest, la vie qui continue malgré tout et la capacité, cultivée au jour le jour, de composer avec l’extraordinaire (au point que c’en est même devenu une compétence), car nous avons tout de même «grandi», physiquement, moralement. Telles sont, vues de ce côté-ci de la lunette, les données avec lesquelles a dû négocier la fameuse génération. Car oui, pour le dire plus simplement, la génération X est celle qui, au Liban, a vécu la guerre. Ils avaient entre -2 et 13 ans au début de celle-ci. Autant donc dire que les plus jeunes y ont vécu toute leur enfance et une partie de leur adolescence, et que les plus âgés y ont passé une partie de leur enfance, toute leur adolescence et le début de leur vie d’adultes. Pour ceux qui sont nés au milieu, aucune autre histoire que celle de la guerre n’a précédé leur vie d’adultes. Yasser Arafat, Camille Chamoun, Pierre Gemayel et Kamal Joumblatt (par ordre alphabétique) sont des vocables qui ont largement supplanté les comptines de leur enfance qui, à côté, manquaient d’action. Ils n'ont d’égal que les sonorités feutrées des conseils de Charif el-Akhawi s’écoulant du transistor. Oui donc pour la génération perdue ou sacrifiée. Que ce soit pour des raisons différentes n’y change rien. C’est aussi cette génération qui a vu aujourd’hui filer son avoir, celui qu’elle a accumulé durant ses années d’activité qui correspondent aux années postguerre.
Mais il y a bien entendu des universaux: d’accord sur le fait que cette génération s’insère dans ce moment où la pollution, la dégradation de l'environnement, la surexploitation des ressources naturelles et le développement non durable sont des problématiques essentielles, et qu’elle est marquée par le phénomène des marées noires et les accidents nucléaires avec, en particulier, la tragédie de Tchernobyl en 1986. Oui aussi pour l'augmentation des divorces, celui du nombre de femmes sur le marché du travail, la disponibilité de la pilule contraceptive et une tendance à vouloir freiner l’augmentation des populations. J’apprends aussi que, dans le domaine de la culture de masse, cette période verra l’avènement des «devil-child films» (films d'horreur où des enfants jouent le rôle des «méchants»): nés à la même époque que nous, les jeunes héros de The Exorcist (1973) ou The Omen (1976) ou les deux jumelles dans The Shining (1980) sont nos contemporains, nos alter ego, nos doubles méchants, notre partie obscure.
Pour la faire plus courte (ou plus longue), nous sommes nés lorsque Kennedy meurt, ainsi que Abdel Nasser, à l’époque du concile Vatican II, de la révolution culturelle en Chine, de mai 68, de la décolonisation de l'Afrique et des premiers pas de l'homme sur la lune réalisés par Neil Armstrong. Nos mamans avaient inauguré le pantalon, la minijupe et le bikini. Brigitte Bardot faisait fantasmer nos pères (Sean Connery et Alain Delon nos mères), et Charles de Gaulle aurait pu être notre grand-père. Les Beatles se dissolvaient, Simon and Garfunkel roucoulaient, France Gall suçait ses fameuses sucettes, et François Truffaut faisait ses plus beaux films.
Nous sommes la génération de la célèbre chaussure Stan Smith (bien avant qu’elle ne soit remise au goût du jour), du walkman et du Rubik’s cube. Charlie’s Angels était notre feuilleton préféré (comment oublier la crinière de lionne de Farah Fawcett?). Les tendances Punk et Disco, ça nous connaît trop bien. Et s’il est vrai que la musique et la télévision (de Tom & Jerry à Twin Peaks, en passant par Happy Days et Friends) jouent un rôle important dans la vie de la génération X, avant l'explosion du numérique et de l'internet qui marquera la génération suivante (génération Y), j’ajouterai que notre génération est avant tout celle de la vidéo – la fameuse cassette VHS c’est nous aussi – et des jeux vidéo (Pac Man et Super Mario) et, bien sûr, du cinéma, du vrai.
Adolescents, nous avions donc regardé Le Dernier Métro, La Femme d’à côté, Mon Oncle d’Amérique, L’Amour à mort, Melo, Le Rayon vert et Les Nuits de la pleine lune, mais aussi Tout feu, tout flamme et L’Été meurtrier, puis Diva, Mauvais sang, La Lune dans le caniveau, 37°2 le matin, Péril en la demeure et Sans toit ni loi. Nous n’avons plus jamais autant ri qu’en regardant Rabbi Jacob, Le Gendarme et les extraterrestres et Les Sous-doués. Nous sommes la génération de La Boum et de L’Effrontée, de Grease et de Fame, mais ça ne s’arrête pas là: Apocalypse now, Blade Runner, Elephant Man, Monty Python, E.T, Star Wars (épisodes 5 et 6), Indiana Jones, Back to the future, The Karate Kid, Top gun, Fatal Attraction, American Gigolo, Die Hard (le premier), Platoon, Rocky et Rambo, ainsi que l’iconique Lost Boys, furent nos moments de ce qu’on pourrait appeler le bonheur, ou quelque chose d’approchant.
Nous sommes aussi la génération qui a vu tomber les premières victimes du Sida, et celle qui a assisté à la montée des intégrismes. Nous avons même eu le temps de voir s’effondrer le mur de berlin avant que l’ère de la mondialisation ne fasse de nous, d’un coup et sans transition, des adultes blasés.
Et pour traverser toutes ces années insensées, il n’y avait que la musique (les magazines de Rock & Folk que l’on commandait à toute personne qui rentrait d’un pays étranger en sont témoins). Tout en nous fournissant un monde parallèle, celui où, à côté de la réalité de la guerre et des combats, il était possible de respirer et de rêver, la musique a contribué à notre développement affectif, elle nous a donc permis de mûrir, émotionnellement, et de grandir. Pour ce qui est de la musique, alors là il n’y a pas de doute, la génération X c’est moi. M’est alors venue l’idée d’un hommage, d’un bel hommage à la musique de la génération X: Depeche Mode, Duran Duran, New Order, Queen, The Alan Parsons Project, Eurythmics et plus tard Annie Lennox, Phil Collins (In the Air Tonight) ou même avant cela, Genesis, Guns N’Roses, Scorpions, AC/DC, The Police, Electric Light Orchestra («You’re a 21st century man», nous ont-ils dit en 1981), Orchestral Manœuvres in the Dark (l’incontournable Enola Gay), plus tard R.E.M. et Radiohead et Nirvana. Mais aussi Blondie (Call Me), Boy George et Culture Club, David Bowie, Kim Wilde (Cambodia), Kim Carnes (Bette Davis Eyes), Foreigner (Waiting for a Girl Like You), Gloria Gaynor – I will survive (prédictif?), Kate Bush, Nina Hagen, Klaus Nomi, Michael Jackson et Prince. J’en ai certainement oublié, quel dommage. Côté français, c’était Noir Désir, Indochine, Téléphone (Je rêvais d’un autre monde), Les Rita Mitsouko, Images (Démons de minuit), Desireless (Voyage voyage), Vanessa Paradis (Joe le taxi) et néanmoins Jean-Michel Jarre. Mention spéciale tout de même pour les faiseurs de «slows», Abba et Chris de Burgh.
Ce sera mon feu d’artifice de la nouvelle année, mon cadeau à toutes et tous les «générations X» de la planète, en tout cas aux mélomanes et musicophiles parmi eux, celles et ceux qui ne sauront jamais concevoir leur existence sans musique. J’espère que cette nouvelle année sera pour vous musicale et intense. De Beyrouth with love.
Selon la classification de William Strauss et Neil Howe, deux auteurs américains spécialistes des faits générationnels (Millennials Rising: The Next Great Generation, New York, Vintage, 2000), la génération X désigne, avec quelques variantes, le groupe des Occidentaux nés entre 1965 et 1980. Initialement connue sous le nom de «baby bust», en raison du faible taux de natalité qui la caractérise par comparaison à la période du baby-boom, cette génération est donc intercalée entre celle des baby-boomers et la génération Y.
L’expression est d'abord lancée au Royaume-Uni en 1965 par les journalistes britanniques Jane Deverson et Charles Hamblett. L’éditeur de la revue Woman's Own, un magazine qui mettait alors au premier plan les questions de société et celles relatives aux droits des femmes, avait demandé à Deverson de réaliser une série d’entretiens avec des adolescents dont le résultat permet de dessiner les contours d’une génération «qui couche avant le mariage, qui ne croit pas en Dieu, qui n’aime pas la Reine et qui ne respecte pas ses parents». En 1965 ces résultats dérangent et le magazine renonce à ce projet. Pour sauver sa recherche, Deverson publiera avec Charles Hamblett un livre qu’ils décideront de nommer Génération X (Londres, Anthony Gibbs & Philipps Ltd., 1964). Le terme est ensuite popularisé à la fin des années 1970 par le groupe punk rock britannique Generation X (qui deviendra plus tard Gen X), avec Billy Idol, avant que ce dernier n’entame sa carrière solo aux États-Unis dans les années 80. Il sert ensuite de titre à un roman de l’auteur canadien Douglas Coupland: Generation X: Tales for an Accelerated Culture (New York, St. Martin's Press, 1991) qui dépeint l’anxiété d’une classe d’individus nés dans les années 60, sa désertion des valeurs religieuses, l’instabilité économique avec laquelle elle doit composer et qui font d’elle une génération d’individus qui ne sont pas connectés avec la génération précédente. Le X, qui se réfère ici à l’anonymat d’une génération consciente de son éclatement, aurait été pris du livre Class (New York, Simon & Schuster, 1983) de Paul Fussell, historien américain de la culture et de la littérature, qui désigne par la «catégorie X» une classe de la société américaine. Coupland s’explique: «Dans son chapitre final, Fussel nomme une catégorie de gens X qui veulent sortir de la roue statut-argent-ascension sociale qui caractérise l'existence moderne.» Coupland nous introduit à l’univers de Clair, Andy et Dag, trois personnages dans la «vingtaine» vivant dans le sud de la Californie. Leur désenchantement face au monde du travail constitue l’arrière-plan sur lequel se détachent les histoires tragiques et fantastiques qu’ils se racontent tout au long de ce parcours romanesque.
Sur Internet j’apprends donc que la génération X se situe dans un moment de déclin social, mais aussi de déclin de l’impérialisme colonial. J’apprends aussi qu’elle a été parmi les plus sévèrement touchées par les mutations économiques et sociales des années 1980 et des années 1990 et qu’elle eut des difficultés à trouver des emplois stables et bien rémunérés, les membres de cette génération X ayant eu des parcours professionnels en dents de scie. On parle souvent aussi d’une génération perdue ou sacrifiée, après la génération gâtée du baby-boom.
Mouais. Je ne vous cache pas que tout cela ne me touche pas beaucoup. Non que ce soit faux, mais ce descriptif est décidément et effectivement bien occidental, ce qui le rapproche plutôt pour moi d’une vue de l’esprit. Le concept de génération désignant une population dont les membres, ayant à peu près le même âge ou ayant vécu à la même époque historique, partagent un certain nombre de pratiques et de représentations, la génération X pour moi c’est d’abord le vécu dans les abris, le décompte des bombes qui s’abattent sur le quartier, la peur de traverser la rue sous le viseur d’un franc-tireur ou de traverser la ville d’est en ouest, la vie qui continue malgré tout et la capacité, cultivée au jour le jour, de composer avec l’extraordinaire (au point que c’en est même devenu une compétence), car nous avons tout de même «grandi», physiquement, moralement. Telles sont, vues de ce côté-ci de la lunette, les données avec lesquelles a dû négocier la fameuse génération. Car oui, pour le dire plus simplement, la génération X est celle qui, au Liban, a vécu la guerre. Ils avaient entre -2 et 13 ans au début de celle-ci. Autant donc dire que les plus jeunes y ont vécu toute leur enfance et une partie de leur adolescence, et que les plus âgés y ont passé une partie de leur enfance, toute leur adolescence et le début de leur vie d’adultes. Pour ceux qui sont nés au milieu, aucune autre histoire que celle de la guerre n’a précédé leur vie d’adultes. Yasser Arafat, Camille Chamoun, Pierre Gemayel et Kamal Joumblatt (par ordre alphabétique) sont des vocables qui ont largement supplanté les comptines de leur enfance qui, à côté, manquaient d’action. Ils n'ont d’égal que les sonorités feutrées des conseils de Charif el-Akhawi s’écoulant du transistor. Oui donc pour la génération perdue ou sacrifiée. Que ce soit pour des raisons différentes n’y change rien. C’est aussi cette génération qui a vu aujourd’hui filer son avoir, celui qu’elle a accumulé durant ses années d’activité qui correspondent aux années postguerre.
Mais il y a bien entendu des universaux: d’accord sur le fait que cette génération s’insère dans ce moment où la pollution, la dégradation de l'environnement, la surexploitation des ressources naturelles et le développement non durable sont des problématiques essentielles, et qu’elle est marquée par le phénomène des marées noires et les accidents nucléaires avec, en particulier, la tragédie de Tchernobyl en 1986. Oui aussi pour l'augmentation des divorces, celui du nombre de femmes sur le marché du travail, la disponibilité de la pilule contraceptive et une tendance à vouloir freiner l’augmentation des populations. J’apprends aussi que, dans le domaine de la culture de masse, cette période verra l’avènement des «devil-child films» (films d'horreur où des enfants jouent le rôle des «méchants»): nés à la même époque que nous, les jeunes héros de The Exorcist (1973) ou The Omen (1976) ou les deux jumelles dans The Shining (1980) sont nos contemporains, nos alter ego, nos doubles méchants, notre partie obscure.
Pour la faire plus courte (ou plus longue), nous sommes nés lorsque Kennedy meurt, ainsi que Abdel Nasser, à l’époque du concile Vatican II, de la révolution culturelle en Chine, de mai 68, de la décolonisation de l'Afrique et des premiers pas de l'homme sur la lune réalisés par Neil Armstrong. Nos mamans avaient inauguré le pantalon, la minijupe et le bikini. Brigitte Bardot faisait fantasmer nos pères (Sean Connery et Alain Delon nos mères), et Charles de Gaulle aurait pu être notre grand-père. Les Beatles se dissolvaient, Simon and Garfunkel roucoulaient, France Gall suçait ses fameuses sucettes, et François Truffaut faisait ses plus beaux films.
Nous sommes la génération de la célèbre chaussure Stan Smith (bien avant qu’elle ne soit remise au goût du jour), du walkman et du Rubik’s cube. Charlie’s Angels était notre feuilleton préféré (comment oublier la crinière de lionne de Farah Fawcett?). Les tendances Punk et Disco, ça nous connaît trop bien. Et s’il est vrai que la musique et la télévision (de Tom & Jerry à Twin Peaks, en passant par Happy Days et Friends) jouent un rôle important dans la vie de la génération X, avant l'explosion du numérique et de l'internet qui marquera la génération suivante (génération Y), j’ajouterai que notre génération est avant tout celle de la vidéo – la fameuse cassette VHS c’est nous aussi – et des jeux vidéo (Pac Man et Super Mario) et, bien sûr, du cinéma, du vrai.
Adolescents, nous avions donc regardé Le Dernier Métro, La Femme d’à côté, Mon Oncle d’Amérique, L’Amour à mort, Melo, Le Rayon vert et Les Nuits de la pleine lune, mais aussi Tout feu, tout flamme et L’Été meurtrier, puis Diva, Mauvais sang, La Lune dans le caniveau, 37°2 le matin, Péril en la demeure et Sans toit ni loi. Nous n’avons plus jamais autant ri qu’en regardant Rabbi Jacob, Le Gendarme et les extraterrestres et Les Sous-doués. Nous sommes la génération de La Boum et de L’Effrontée, de Grease et de Fame, mais ça ne s’arrête pas là: Apocalypse now, Blade Runner, Elephant Man, Monty Python, E.T, Star Wars (épisodes 5 et 6), Indiana Jones, Back to the future, The Karate Kid, Top gun, Fatal Attraction, American Gigolo, Die Hard (le premier), Platoon, Rocky et Rambo, ainsi que l’iconique Lost Boys, furent nos moments de ce qu’on pourrait appeler le bonheur, ou quelque chose d’approchant.
Nous sommes aussi la génération qui a vu tomber les premières victimes du Sida, et celle qui a assisté à la montée des intégrismes. Nous avons même eu le temps de voir s’effondrer le mur de berlin avant que l’ère de la mondialisation ne fasse de nous, d’un coup et sans transition, des adultes blasés.
Et pour traverser toutes ces années insensées, il n’y avait que la musique (les magazines de Rock & Folk que l’on commandait à toute personne qui rentrait d’un pays étranger en sont témoins). Tout en nous fournissant un monde parallèle, celui où, à côté de la réalité de la guerre et des combats, il était possible de respirer et de rêver, la musique a contribué à notre développement affectif, elle nous a donc permis de mûrir, émotionnellement, et de grandir. Pour ce qui est de la musique, alors là il n’y a pas de doute, la génération X c’est moi. M’est alors venue l’idée d’un hommage, d’un bel hommage à la musique de la génération X: Depeche Mode, Duran Duran, New Order, Queen, The Alan Parsons Project, Eurythmics et plus tard Annie Lennox, Phil Collins (In the Air Tonight) ou même avant cela, Genesis, Guns N’Roses, Scorpions, AC/DC, The Police, Electric Light Orchestra («You’re a 21st century man», nous ont-ils dit en 1981), Orchestral Manœuvres in the Dark (l’incontournable Enola Gay), plus tard R.E.M. et Radiohead et Nirvana. Mais aussi Blondie (Call Me), Boy George et Culture Club, David Bowie, Kim Wilde (Cambodia), Kim Carnes (Bette Davis Eyes), Foreigner (Waiting for a Girl Like You), Gloria Gaynor – I will survive (prédictif?), Kate Bush, Nina Hagen, Klaus Nomi, Michael Jackson et Prince. J’en ai certainement oublié, quel dommage. Côté français, c’était Noir Désir, Indochine, Téléphone (Je rêvais d’un autre monde), Les Rita Mitsouko, Images (Démons de minuit), Desireless (Voyage voyage), Vanessa Paradis (Joe le taxi) et néanmoins Jean-Michel Jarre. Mention spéciale tout de même pour les faiseurs de «slows», Abba et Chris de Burgh.
Ce sera mon feu d’artifice de la nouvelle année, mon cadeau à toutes et tous les «générations X» de la planète, en tout cas aux mélomanes et musicophiles parmi eux, celles et ceux qui ne sauront jamais concevoir leur existence sans musique. J’espère que cette nouvelle année sera pour vous musicale et intense. De Beyrouth with love.
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