Moscou a ramené le conflit au cœur de l'Europe avec sa guerre lancée contre l'Ukraine qui entrera dans sa deuxième année dans quelques semaines. Jusqu’à présent, rien ne laisse présager une solution diplomatique pour mettre un terme, dans un délai acceptable, à ce conflit militaire sanglant. Bien au contraire. Les craintes de voir le conflit se transformer en guerre nucléaire sont très sérieuses.
Brandir le spectre de cette option est possible, mais sa concrétisation reste dans le cadre de l’interdit. Outre le cérémonial qui a marqué la visite à Washington du président ukrainien Volodymyr Zelensky (toujours en uniforme, y compris dans le fameux bureau ovale de la Maison-Blanche et au Capitole, siège du Congrès américain), ce qui est certain, c ‘est que le soutien militaire apporté par Washington à Kiev à l’occasion de cette visite confirme que le conflit sera long et que les États-Unis continueront à combattre Moscou par procuration.
Et pour cause : la guerre ne se déroule pas sur le sol américain, et les victimes ne sont pas des soldats et des citoyens américains. Mais l'appui militaire, quant à lui, reste opportun. Les préoccupations sécuritaires européennes n'ont pas atteint de tels niveaux depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, qui s’est achevée par la sévère défaite du nazisme et du fascisme, et les destructions qui ont ravagé le Vieux continent.
En 1990, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) a établi un équilibre militaire délicat avec son homologue, le Pacte de Varsovie, dissous avec la chute de l'Union soviétique. En conséquence, les conflits de l ‘époque de la guerre froide, qui a créé une bipolarisation du monde, se sont déplacés du territoire européen vers diverses zones géographiques à travers la planète, en partant de la Corée, du Vietnam, et en traversant d'autres pays asiatiques et africains, jusqu'en Amérique latine et à Cuba, qui se trouve à quelques kilomètres de la ville américaine de Miami.
Partant, l'Europe est demeurée relativement à l'écart de ces conflits itinérants, même si elle s’est tenue aux côtés de Washington dans ses différentes « équipées ». La couverture de l'OTAN a formé un important cadre de sécurité et de dissuasion qui a fourni au continent une relative stabilité pendant plusieurs années. Mais alors que le spectre de la guerre hante de nouveau l'Europe, la recherche de nouvelles options militaires devient indispensable.
Dans ce contexte, l'Allemagne a augmenté son budget militaire d'une manière inédite, ce qui était inconcevable quelques années auparavant, et de nombreux autres pays européens lui ont emboîté le pas. Sur base de ce qui précède, la création d'une armée européenne que la France appelait de ses vœux, contrairement à l’Allemagne qui a toujours exprimé une réserve à ce sujet, revient désormais en force. Pour l'Europe, la mise en place d’une politique de défense indépendante de l'OTAN n'est plus seulement une théorie.
De ce fait, des efforts intensifs et sérieux sont déployés dans cette direction. Par conséquent, y aurait-il des craintes réelles que cette défense européenne en gestation rivalise avec l'OTAN ? La réponse est certainement oui. Cette inquiétude est non seulement présente, mais plus que légitime. Aujourd’hui, les dirigeants européens estiment que leurs positions politiques sont plus unifiées que jamais, ce qui devrait leur permettre sans doute de profiter de cette conjoncture pour s’orienter vers l’édification d’une armée européenne conjointe.
Certes, il s’agit d’un projet de longue haleine qui nécessitera l'allocation d'importantes ressources financières et humaines. De plus, cette idée devra faire l'objet de discussions approfondies entre les États membres afin de dégager une doctrine militaire qui tiendrait compte des exigences sécuritaires européennes imposées par les évolutions récentes, en évitant une « dissonance » avec l'OTAN.
Si l'intention européenne « implicite » – ajoutée à une volonté de renforcer les capacités de défense collective face à l'escalade des menaces militaires – se traduit par une tentative de réduire l'influence de Washington sur le continent européen, notamment à travers l’OTAN, il serait alors évident que la diversité de la composition européenne ne pourra pas facilement se mesurer aux Américains.
Les divergences de points de vue entre les États membres, voire la présence de conflits d’intérêt dans l’éventualité d’un futur conflit militaire, peuvent empêcher l'armée européenne de jouir de la dynamique requise. Certes, les mécanismes décisionnels de l'Union européenne reposent principalement sur un processus démocratique, mais les guerres et les menaces militaires directes peuvent-elles être gérées par ce même processus ?
L'Europe se trouve à un tournant dangereux, à la fois à cause des menaces russes, mais surtout en raison des clivages internes qui se creusent du fait de la montée des extrêmes droites et de l'exacerbation des sentiments de haine, de racisme, de la crise des immigrés, du chômage et du problème majeur du gaz et de l’énergie. Si l’édification d’une armée européenne était la solution à tous ces problèmes, Washington aurait été la première à saluer sa formation. Cependant, la question est plus complexe et multidimensionnelle, et ne se limite hélas pas à l'aspect sécuritaire et militaire, malgré le grave danger qui plane sur la sécurité de l'Europe et son avenir.
Brandir le spectre de cette option est possible, mais sa concrétisation reste dans le cadre de l’interdit. Outre le cérémonial qui a marqué la visite à Washington du président ukrainien Volodymyr Zelensky (toujours en uniforme, y compris dans le fameux bureau ovale de la Maison-Blanche et au Capitole, siège du Congrès américain), ce qui est certain, c ‘est que le soutien militaire apporté par Washington à Kiev à l’occasion de cette visite confirme que le conflit sera long et que les États-Unis continueront à combattre Moscou par procuration.
Et pour cause : la guerre ne se déroule pas sur le sol américain, et les victimes ne sont pas des soldats et des citoyens américains. Mais l'appui militaire, quant à lui, reste opportun. Les préoccupations sécuritaires européennes n'ont pas atteint de tels niveaux depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, qui s’est achevée par la sévère défaite du nazisme et du fascisme, et les destructions qui ont ravagé le Vieux continent.
En 1990, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) a établi un équilibre militaire délicat avec son homologue, le Pacte de Varsovie, dissous avec la chute de l'Union soviétique. En conséquence, les conflits de l ‘époque de la guerre froide, qui a créé une bipolarisation du monde, se sont déplacés du territoire européen vers diverses zones géographiques à travers la planète, en partant de la Corée, du Vietnam, et en traversant d'autres pays asiatiques et africains, jusqu'en Amérique latine et à Cuba, qui se trouve à quelques kilomètres de la ville américaine de Miami.
Partant, l'Europe est demeurée relativement à l'écart de ces conflits itinérants, même si elle s’est tenue aux côtés de Washington dans ses différentes « équipées ». La couverture de l'OTAN a formé un important cadre de sécurité et de dissuasion qui a fourni au continent une relative stabilité pendant plusieurs années. Mais alors que le spectre de la guerre hante de nouveau l'Europe, la recherche de nouvelles options militaires devient indispensable.
Dans ce contexte, l'Allemagne a augmenté son budget militaire d'une manière inédite, ce qui était inconcevable quelques années auparavant, et de nombreux autres pays européens lui ont emboîté le pas. Sur base de ce qui précède, la création d'une armée européenne que la France appelait de ses vœux, contrairement à l’Allemagne qui a toujours exprimé une réserve à ce sujet, revient désormais en force. Pour l'Europe, la mise en place d’une politique de défense indépendante de l'OTAN n'est plus seulement une théorie.
De ce fait, des efforts intensifs et sérieux sont déployés dans cette direction. Par conséquent, y aurait-il des craintes réelles que cette défense européenne en gestation rivalise avec l'OTAN ? La réponse est certainement oui. Cette inquiétude est non seulement présente, mais plus que légitime. Aujourd’hui, les dirigeants européens estiment que leurs positions politiques sont plus unifiées que jamais, ce qui devrait leur permettre sans doute de profiter de cette conjoncture pour s’orienter vers l’édification d’une armée européenne conjointe.
Certes, il s’agit d’un projet de longue haleine qui nécessitera l'allocation d'importantes ressources financières et humaines. De plus, cette idée devra faire l'objet de discussions approfondies entre les États membres afin de dégager une doctrine militaire qui tiendrait compte des exigences sécuritaires européennes imposées par les évolutions récentes, en évitant une « dissonance » avec l'OTAN.
Si l'intention européenne « implicite » – ajoutée à une volonté de renforcer les capacités de défense collective face à l'escalade des menaces militaires – se traduit par une tentative de réduire l'influence de Washington sur le continent européen, notamment à travers l’OTAN, il serait alors évident que la diversité de la composition européenne ne pourra pas facilement se mesurer aux Américains.
Les divergences de points de vue entre les États membres, voire la présence de conflits d’intérêt dans l’éventualité d’un futur conflit militaire, peuvent empêcher l'armée européenne de jouir de la dynamique requise. Certes, les mécanismes décisionnels de l'Union européenne reposent principalement sur un processus démocratique, mais les guerres et les menaces militaires directes peuvent-elles être gérées par ce même processus ?
L'Europe se trouve à un tournant dangereux, à la fois à cause des menaces russes, mais surtout en raison des clivages internes qui se creusent du fait de la montée des extrêmes droites et de l'exacerbation des sentiments de haine, de racisme, de la crise des immigrés, du chômage et du problème majeur du gaz et de l’énergie. Si l’édification d’une armée européenne était la solution à tous ces problèmes, Washington aurait été la première à saluer sa formation. Cependant, la question est plus complexe et multidimensionnelle, et ne se limite hélas pas à l'aspect sécuritaire et militaire, malgré le grave danger qui plane sur la sécurité de l'Europe et son avenir.
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