L'ONU dénonce les atteintes «horrifiantes» aux droits des femmes
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit "horrifié" par les efforts "systématiques" visant à bafouer les droits des femmes, dans un entretien accordé à l'AFP. Il a qualifié la répression mené par les Talibans contre les femmes de "sans précédent" et appelé l'Iran à  abroger certaines des pratiques discriminatoires à l'égard des femmes et des jeunes filles.

Le Haut-Commissaire de l'ONU, Volker Türk, aux droits de l'Homme s'est dit horrifié par les efforts "systématiques" visant à bafouer les droits des femmes. (AFP)

 

De l'Afghanistan à l'Iran, en passant par les propos misogynes et sexistes sur internet, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme s'est dit horrifié par les efforts "systématiques" visant à bafouer les droits des femmes.

Lors d'un entretien accordé cette semaine à l'AFP à Genève, Volker Türk a indiqué vouloir se rendre à Kaboul et Téhéran pour discuter avec les autorités.

"L'Afghanistan c'est le pire des pires", a-t-il affirmé. "Réprimer les femmes de cette manière est sans équivalent".

L'Autrichien de 58 ans, arrivé en poste à la mi-octobre, s'est dit consterné par le fait que près de 75 ans après la Déclaration universelle des droits de l'Homme, le monde assiste à des efforts croissants, y compris "de manière insidieuse", pour priver les femmes et les filles de leurs droits.

"Je suis très préoccupé par ces retours en arrière et la diffusion d'idées rétrogrades", a déclaré à l'AFP Volker Türk.

Si la misogynie et les efforts visant à stopper la marche vers l'égalité des genres ne sont pas nouveaux, il estime qu'il existe désormais "une manière plus systématique, plus organisée de contrer les droits des femmes".
Atteintes multiples en Iran et en Afghanistan

L'exemple le plus frappant, selon M. Türk, est celui de l'Afghanistan, où les talibans ont privé les femmes d'université et d'enseignement secondaire, et ont interdit aux ONG de les employer. (AFP)

L'exemple le plus frappant, selon M. Türk, est celui de l'Afghanistan, où les talibans ont privé les femmes d'université et d'enseignement secondaire, et ont interdit aux ONG de les employer.

Ces attaques contre les femmes sont "un rappel de ce à quoi la pensée perverse peut conduire", et "nous devons nous assurer que ce qui se passe dans ce pays ne devienne pas la norme à l'avenir", a-t-il assuré.


Comme l'avait fait l'an dernier sa prédécesseure, l'ancienne présidente chilienne Michelle Bachelet, le Haut-Commissaire entend aller en Afghanistan pour discuter "avec les autorités de facto afin qu'elles comprennent que le développement de leur pays doit inclure les femmes".

L'Autrichien a également demandé à se rendre en Iran, secoué par des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre d'une jeune femme après son arrestation pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique, mais Téhéran n'a pas encore répondu.

Le Haut-Commissaire souhaite demander à l'Iran "l'abrogation de certaines des pratiques discriminatoires à l'égard des femmes et des jeunes filles". Il souhaite également discuter de la répression des manifestations, qui, selon l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, a fait au moins 476 morts, tandis que plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées.

M. Türk s'est alarmé en particulier des condamnations à mort de manifestants. Deux hommes ont déjà été pendus.
Misogynie et sexisme

Aux États-Unis, la lutte pour garantir le droit à l'avortement a battu son plein en 2022 (AFP)

Au-delà des mesures prises par les États, M. Türk pointe du doigt les réseaux sociaux, "où les commentaires misogynes et sexistes semblent être autorisés (...), et prospérer".

Il a souligné la nécessité de mettre en place des "garde-fous" pour que ces réseaux sociaux "soient responsables et ne jettent pas de l'huile sur le feu" notamment "sur les questions de genre".

Les algorithmes utilisés par les plateformes peuvent "très rapidement faire en sorte que les discours de haine soient amplifiés d'une manière très dangereuse", a-t-il déclaré.

Peu de temps après son arrivée à la tête du Haut-Commissariat, l'Autrichien avait écrit une lettre ouverte au nouveau propriétaire de Twitter Elon Musk, le pressant de s'assurer que les droits de l'Homme soient respectés sur le réseau social.

Il avait initialement prévu de contacter l'équipe qui travaillait sur les questions des droits humains chez Twitter, mais, a-t-il expliqué à l'AFP, "nous n'avons pu joindre aucun d'entre eux parce qu'ils venaient tous d'être licenciés".

Bien qu'alarmé par les attaques actuelles contre les droits des femmes, M. Türk voit cela "comme une dernière tentative du patriarcat pour montrer sa force": "C'est le vieux monde qui se meurt".

Avec AFP
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