Depuis plus de trois ans, la pandémie de Covid-19 ébranle le monde, faisant plusieurs millions de décès à travers la planète. Malgré les campagnes de désinformation sur la pandémie et notamment sur les vaccins à ARN contre le Covid-19, la vaccination aurait permis, selon des études de modélisation scientifiques, de réduire le fardeau de cette pathologie, en termes de vies humaines et d’économie mondiale.
La vaccination constitue indéniablement l’une des plus importantes révolutions scientifiques de l’histoire de l’humanité, ayant contribué à l’éradication de la variole en 1980 et la peste bovine en 2010, et au contrôle de nombreuses maladies infectieuses telles que la rubéole, la diphtérie et la poliomyélite dans le monde. Pour de nombreuses pathologies, le succès de cette stratégie dépend, en grande partie, de l’acceptation de la vaccination par le public. Alors que cette dernière s’est avérée très efficace pour réduire le fardeau mondial des flambées épidémiques, des maladies infectieuses et des décès associés à celles dites évitables par la vaccination, les doutes qui minent l’acceptation des vaccins persistent. Ce scepticisme, ainsi que les propagandes erronées et trompeuses, constituent, à eux seuls, un risque significatif de résurgence de maladies évitables par la vaccination en raison des retards, des perturbations et des rejets du développement, de la livraison, de la disponibilité et de la recherche de vaccins. Cela fut (partiellement) le cas de la pandémie de coronavirus qui ébranle la planète depuis plus de trois ans. En effet, depuis l’émergence du SARS-CoV-2 en 2019, diverses théories du complot, rumeurs conspirationnistes et idées saugrenues ont vu le jour, faisant répandre une vague épidémique de désinformation (surnommée "infodémie" par l’Organisation mondiale de la santé), mettant en question l’origine et la nature du virus, mais également l’innocuité et l’efficacité des vaccins anti-Covid-19. Ceux-là ont toutefois permis, contre vents et marées, de mener la population mondiale à bon port, relevant de ce fait un défi de taille.
Au cours des deux années qui ont suivi le début de la campagne de vaccination anti-Covid-19 en Amérique du Nord, le 14 décembre 2020, lesdits vaccins ont permis d’éviter 18 millions d’hospitalisations et 3 millions de décès aux États-Unis. C’est ce que montre une nouvelle analyse de modélisation menée par une chercheuse de la faculté de médecine de l’Université du Maryland, Meagan C. Fitzpatrick, et ses collègues et rendue publique en décembre 2022. Cette étude, basée sur un modèle de simulation informatique, avait pour but d’évaluer la transmission de l’infection selon différents scénarios et ainsi d’estimer le nombre d’hospitalisations et de décès qui ont pu être prévenus aux États-Unis, depuis le lancement de la campagne de vaccination, c’est-à-dire entre le 12 décembre 2020 et le 30 novembre 2022. Selon les résultats obtenus, il s’agit de 3.255.656 décès, 18.585.131 hospitalisations et 119.851.779 infections évités grâce à la généralisation de la vaccination aux États-Unis où plus de 655 millions de doses ont été administrées durant le délai précité. Ainsi, 80% de la population américaine ont reçu au moins une dose de vaccin. La campagne de vaccination aurait également permis, selon cette étude, aux États-Unis d’économiser 1,15 billion de dollars en termes de frais médicaux qui auraient autrement été encourus.
Si l’année 2022 a été témoin de la victoire éclatante des vaccins anti-Covid-19 dans l’endiguement ou du moins la stabilisation de la pandémie, la flambée massive des contaminations en Chine, depuis près d’un mois, a suscité l’inquiétude du monde. Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Ghebreyesus, avait déclaré, au cours d’une conférence de presse hebdomadaire, que «l’OMS est très préoccupée par l’évolution de la situation en Chine» tout en appelant cette dernière à «concentrer ses efforts sur la vaccination des personnes les plus à risque». En effet, la Commission nationale de la santé (NHC), en Chine, avait annoncé, en novembre dernier, que seuls 65,8% des Chinois âgés de plus de 80 ans ont été pleinement vaccinés (au moins deux doses du vaccin). Un pourcentage nettement plus bas chez ceux âgés de plus de 60 ans, qui atteindrait «30 ou 35%», selon une déclaration de Jean-Louis Rocca, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI), pour Radio France, le 28 novembre 2022. Cela serait dû, selon lui, au manque de «confiance dans le vaccin et dans son efficacité». Par ailleurs, selon une étude publiée le 10 mai 2022, dans Nature Medicine, si une nouvelle vague de Covid-19, causée par un variant d’Omicron, se propageait de manière incontrôlée en Chine continentale (ce qui est le cas actuellement), on prévoit 1,10 décès pour 1.000 habitants sur une période de 6 mois. Les auteurs de cette étude estiment qu’environ 77% du nombre de décès en Chine surviendraient chez des personnes non vaccinées, dont la majorité serait âgée de 60 ans ou plus. Ces résultats mettent en évidence «le rôle clé de l’augmentation du taux de vaccination chez les personnes âgées» pour limiter le fardeau d’une telle vague et ainsi éviter de submerger le système de santé.
L’OMS a classé, en 2019, la réticence à la vaccination parmi les dix principales menaces mondiales sur la santé. Cette hésitation serait liée à divers facteurs socio-économiques et démographiques. Les préoccupations concernant l’innocuité et l’efficacité des vaccins en seraient les causes les plus courantes dans les pays à revenu élevé, alors que pour les pays à revenu faible et intermédiaire, cela serait dû essentiellement à des croyances culturelles et religieuses, des expériences historiques négatives avec la médecine étrangère et les campagnes de vaccination. Par exemple, les médias en France ont eu, en 2009, une influence critique sur la montée de la réticence aux vaccins qui a coïncidé avec la polémique publique sur la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1. Ainsi, le gouvernement français, qui prévoyait vacciner 70% de la population générale, aurait dépensé près d’un milliard d’euros pour lutter contre ce virus. Toutefois, avant le début de la vaccination, de vives tensions avaient explosé dans les médias autour de la politique vaccinale, des dépenses encourues et de la sécurité du vaccin. Au final, seuls 8% des Français avaient été vaccinés. Dès lors, le sujet de l’innocuité des vaccins a presque constamment fait la une des journaux, les médias exprimant leurs inquiétudes (souvent non fondées) vis-à-vis le vaccin contre le papillomavirus humain, les vaccins multivalents et l’utilisation d’adjuvants à base d’aluminium.
Par ailleurs, en 2003 et 2004, un boycott de la vaccination antipoliomyélitique a eu lieu dans cinq États à majorité musulmane du nord du Nigéria (Kano, Zamfara, Kaduna, Niger et Bauchi) suite à des rumeurs véhiculées par des chefs religieux et politiques, selon lesquelles ledit vaccin oral faisait partie d’un complot américain pour propager le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et provoquer l’infertilité. Bien que la véracité de ces rumeurs n’ait jamais été prouvée, le grand public du nord du Nigeria est resté sceptique à l’égard de la médecine occidentale. Il en est de même pour le Pakistan qui avait presque éradiqué la poliomyélite au milieu des années 2000. Cependant, en 2005, 28 nouveaux cas (correspondant à 1,4% des cas mondiaux de poliomyélite) ont été signalés. En outre, la fausse campagne de vaccination contre l’hépatite B, organisée en 2011 par l’agence centrale de renseignement américaine (CIA), pour collecter l’ADN des proches d’Oussama ben Laden (fondateur du groupe terroriste al-Qaëda) afin d’identifier sa localisation avant l’opération Neptune Spear (l’opération durant laquelle il a été tué), a eu des conséquences dramatiques au long terme dans le nord-ouest du Pakistan. Cette opération avait ainsi soulevé des inquiétudes quant aux motifs des campagnes de vaccination, y compris celle de la poliomyélite, entraînant une flambée des cas de polio qui sont passés de 198 en 2011 à 306 en 2014, représentant 85% du nombre total de cas dans le monde. Au moins 70 membres des équipes de vaccination ont été tués au Pakistan depuis 2012. Les talibans avaient alors revendiqué la responsabilité de ces attaques, affirmant que les campagnes de vaccination étaient une couverture pour des missions d’espionnage ou de renseignement. Les organisations de santé publique du monde entier ont alors critiqué la campagne de la CIA pour l’impact négatif qu’elle a eu sur les initiatives de santé publique du Pakistan.
Loin de toute querelle et débat politique, religieux ou social, la vaccination demeure une arme sûre et efficace pour lutter contre les épidémies, dont le Covid-19. Les données épidémiologiques et les résultats scientifiques ont prouvé que les vaccins anti-Covid-19 et la biotechnologie des vaccins à ARN, constituent des outils puissants de la riposte à la pandémie.
La vaccination constitue indéniablement l’une des plus importantes révolutions scientifiques de l’histoire de l’humanité, ayant contribué à l’éradication de la variole en 1980 et la peste bovine en 2010, et au contrôle de nombreuses maladies infectieuses telles que la rubéole, la diphtérie et la poliomyélite dans le monde. Pour de nombreuses pathologies, le succès de cette stratégie dépend, en grande partie, de l’acceptation de la vaccination par le public. Alors que cette dernière s’est avérée très efficace pour réduire le fardeau mondial des flambées épidémiques, des maladies infectieuses et des décès associés à celles dites évitables par la vaccination, les doutes qui minent l’acceptation des vaccins persistent. Ce scepticisme, ainsi que les propagandes erronées et trompeuses, constituent, à eux seuls, un risque significatif de résurgence de maladies évitables par la vaccination en raison des retards, des perturbations et des rejets du développement, de la livraison, de la disponibilité et de la recherche de vaccins. Cela fut (partiellement) le cas de la pandémie de coronavirus qui ébranle la planète depuis plus de trois ans. En effet, depuis l’émergence du SARS-CoV-2 en 2019, diverses théories du complot, rumeurs conspirationnistes et idées saugrenues ont vu le jour, faisant répandre une vague épidémique de désinformation (surnommée "infodémie" par l’Organisation mondiale de la santé), mettant en question l’origine et la nature du virus, mais également l’innocuité et l’efficacité des vaccins anti-Covid-19. Ceux-là ont toutefois permis, contre vents et marées, de mener la population mondiale à bon port, relevant de ce fait un défi de taille.
Modèle de simulation
Au cours des deux années qui ont suivi le début de la campagne de vaccination anti-Covid-19 en Amérique du Nord, le 14 décembre 2020, lesdits vaccins ont permis d’éviter 18 millions d’hospitalisations et 3 millions de décès aux États-Unis. C’est ce que montre une nouvelle analyse de modélisation menée par une chercheuse de la faculté de médecine de l’Université du Maryland, Meagan C. Fitzpatrick, et ses collègues et rendue publique en décembre 2022. Cette étude, basée sur un modèle de simulation informatique, avait pour but d’évaluer la transmission de l’infection selon différents scénarios et ainsi d’estimer le nombre d’hospitalisations et de décès qui ont pu être prévenus aux États-Unis, depuis le lancement de la campagne de vaccination, c’est-à-dire entre le 12 décembre 2020 et le 30 novembre 2022. Selon les résultats obtenus, il s’agit de 3.255.656 décès, 18.585.131 hospitalisations et 119.851.779 infections évités grâce à la généralisation de la vaccination aux États-Unis où plus de 655 millions de doses ont été administrées durant le délai précité. Ainsi, 80% de la population américaine ont reçu au moins une dose de vaccin. La campagne de vaccination aurait également permis, selon cette étude, aux États-Unis d’économiser 1,15 billion de dollars en termes de frais médicaux qui auraient autrement été encourus.
Inquiétude mondiale
Si l’année 2022 a été témoin de la victoire éclatante des vaccins anti-Covid-19 dans l’endiguement ou du moins la stabilisation de la pandémie, la flambée massive des contaminations en Chine, depuis près d’un mois, a suscité l’inquiétude du monde. Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Ghebreyesus, avait déclaré, au cours d’une conférence de presse hebdomadaire, que «l’OMS est très préoccupée par l’évolution de la situation en Chine» tout en appelant cette dernière à «concentrer ses efforts sur la vaccination des personnes les plus à risque». En effet, la Commission nationale de la santé (NHC), en Chine, avait annoncé, en novembre dernier, que seuls 65,8% des Chinois âgés de plus de 80 ans ont été pleinement vaccinés (au moins deux doses du vaccin). Un pourcentage nettement plus bas chez ceux âgés de plus de 60 ans, qui atteindrait «30 ou 35%», selon une déclaration de Jean-Louis Rocca, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI), pour Radio France, le 28 novembre 2022. Cela serait dû, selon lui, au manque de «confiance dans le vaccin et dans son efficacité». Par ailleurs, selon une étude publiée le 10 mai 2022, dans Nature Medicine, si une nouvelle vague de Covid-19, causée par un variant d’Omicron, se propageait de manière incontrôlée en Chine continentale (ce qui est le cas actuellement), on prévoit 1,10 décès pour 1.000 habitants sur une période de 6 mois. Les auteurs de cette étude estiment qu’environ 77% du nombre de décès en Chine surviendraient chez des personnes non vaccinées, dont la majorité serait âgée de 60 ans ou plus. Ces résultats mettent en évidence «le rôle clé de l’augmentation du taux de vaccination chez les personnes âgées» pour limiter le fardeau d’une telle vague et ainsi éviter de submerger le système de santé.
Réticence et conséquences
L’OMS a classé, en 2019, la réticence à la vaccination parmi les dix principales menaces mondiales sur la santé. Cette hésitation serait liée à divers facteurs socio-économiques et démographiques. Les préoccupations concernant l’innocuité et l’efficacité des vaccins en seraient les causes les plus courantes dans les pays à revenu élevé, alors que pour les pays à revenu faible et intermédiaire, cela serait dû essentiellement à des croyances culturelles et religieuses, des expériences historiques négatives avec la médecine étrangère et les campagnes de vaccination. Par exemple, les médias en France ont eu, en 2009, une influence critique sur la montée de la réticence aux vaccins qui a coïncidé avec la polémique publique sur la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1. Ainsi, le gouvernement français, qui prévoyait vacciner 70% de la population générale, aurait dépensé près d’un milliard d’euros pour lutter contre ce virus. Toutefois, avant le début de la vaccination, de vives tensions avaient explosé dans les médias autour de la politique vaccinale, des dépenses encourues et de la sécurité du vaccin. Au final, seuls 8% des Français avaient été vaccinés. Dès lors, le sujet de l’innocuité des vaccins a presque constamment fait la une des journaux, les médias exprimant leurs inquiétudes (souvent non fondées) vis-à-vis le vaccin contre le papillomavirus humain, les vaccins multivalents et l’utilisation d’adjuvants à base d’aluminium.
Par ailleurs, en 2003 et 2004, un boycott de la vaccination antipoliomyélitique a eu lieu dans cinq États à majorité musulmane du nord du Nigéria (Kano, Zamfara, Kaduna, Niger et Bauchi) suite à des rumeurs véhiculées par des chefs religieux et politiques, selon lesquelles ledit vaccin oral faisait partie d’un complot américain pour propager le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et provoquer l’infertilité. Bien que la véracité de ces rumeurs n’ait jamais été prouvée, le grand public du nord du Nigeria est resté sceptique à l’égard de la médecine occidentale. Il en est de même pour le Pakistan qui avait presque éradiqué la poliomyélite au milieu des années 2000. Cependant, en 2005, 28 nouveaux cas (correspondant à 1,4% des cas mondiaux de poliomyélite) ont été signalés. En outre, la fausse campagne de vaccination contre l’hépatite B, organisée en 2011 par l’agence centrale de renseignement américaine (CIA), pour collecter l’ADN des proches d’Oussama ben Laden (fondateur du groupe terroriste al-Qaëda) afin d’identifier sa localisation avant l’opération Neptune Spear (l’opération durant laquelle il a été tué), a eu des conséquences dramatiques au long terme dans le nord-ouest du Pakistan. Cette opération avait ainsi soulevé des inquiétudes quant aux motifs des campagnes de vaccination, y compris celle de la poliomyélite, entraînant une flambée des cas de polio qui sont passés de 198 en 2011 à 306 en 2014, représentant 85% du nombre total de cas dans le monde. Au moins 70 membres des équipes de vaccination ont été tués au Pakistan depuis 2012. Les talibans avaient alors revendiqué la responsabilité de ces attaques, affirmant que les campagnes de vaccination étaient une couverture pour des missions d’espionnage ou de renseignement. Les organisations de santé publique du monde entier ont alors critiqué la campagne de la CIA pour l’impact négatif qu’elle a eu sur les initiatives de santé publique du Pakistan.
Loin de toute querelle et débat politique, religieux ou social, la vaccination demeure une arme sûre et efficace pour lutter contre les épidémies, dont le Covid-19. Les données épidémiologiques et les résultats scientifiques ont prouvé que les vaccins anti-Covid-19 et la biotechnologie des vaccins à ARN, constituent des outils puissants de la riposte à la pandémie.
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