Les divisions au sein du Conseil supérieur de la magistrature face à l’affaire William Noun et, de manière générale, au sujet de la gestion du dossier de l’enquête, bloquée, sur l’explosion du port de Beyrouth, sont apparues au grand jour à la faveur d’un communiqué publié au nom de cette instance, suivi d’un contre-communiqué de son président, Souheil Abboud.
Dans l’après-midi, samedi, un texte signé du CSM, au ton virulent, est parvenu aux médias. Il y est question de critiques adressées à tous ceux qui, depuis vendredi, fustigent la démarche du juge Zaher Hamadé, qui avait ordonné l’interpellation et la détention de William Noun, frère de Joe Noun, l’un des pompiers tués dans l’explosion du 4 août 2020, pendant qu’ils essayaient d’éteindre le feu au hangar n° 12 où était stocké le nitrate d’ammonium. L’explosion de cette matière avait pulvérisé le port ainsi que plusieurs quartiers de la capitale, tué 226 personnes, blessé au moins 7.500 autres et laissé près de 300.000 personnes sans toit pendant des mois.
William Noun a été interpellé vendredi parce qu’il avait cassé une vitre du Palais de justice, pendant qu’il participait à un sit-in des parents des victimes de l’explosion, qui réclamaient un déblocage de l’enquête et protestaient contre toute velléité de remplacer par un autre magistrat, le juge d’instruction, Tarek Bitar, empêché de poursuivre son enquête parce qu’il avait retenu la responsabilité administrative d’un certain nombre d’officiels dans le cadre de ses investigations. Le jeune homme a été interpellé par des agents du service de Sécurité de l’État dont le chef, Tony Saliba, fait partie des officiels épinglés par Tarek Bitar. Le magistrat lui reproche un manquement aux devoirs de la fonction.
Dans ce texte attribué au CSM, les magistrats prennent fait et cause outrageusement pour le juge Zaher Hamadé, dont on dit qu’il est proche du président de la Chambre et chef d’Amal, Nabih Berry, qui assure une couverture politique à deux anciens ministres et députés actuels, poursuivis dans le cadre de la même affaire, Ali Hassan Khalil, et Ghazi Zeaïter. Les deux battent sans doute le record libanais des recours présentés contre un juge d’instruction pour l’empêcher de poursuivre sa mission et ne pas avoir à répondre de leurs actes, au cas où les soupçons de négligence contre eux, se confirmeraient. Le communiqué attribué au CSM évoque timidement les causes du geste de William Noun. Selon une source judiciaire, citée par la LBCI, le juge Hamadé aurait exigé un communiqué du CSM en sa faveur pour remettre le jeune homme en liberté.
Mais moins de deux heures plus tard, le président du CSM a diffusé un autre communiqué dans lequel il a expliqué qu’«aucun texte n’a été publié par le Conseil supérieur de la magistrature, conformément aux règles en vigueur». «Ce qui s’est passé, c’est qu’il y a eu des délibérations au sujet de la diffusion d’un communiqué portant sur l’évolution des événements qui se sont produits dernièrement» à savoir l’interpellation de William Noun et le tollé que celle-ci a suscité. M. Abboud a précisé qu’«il n’y a pas eu d’entente sur sa teneur qui faisait toujours l’objet d’un débat». «Ce qui est parvenu aux médias est un projet de communiqué qui n’a pas été approuvé pour publication», a-t-il affirmé.
Le texte en question stigmatise «des ingérences dans les affaires de la justice et des attaques» contre celle-ci «notamment contre le parquet de la cour d’appel à Beyrouth, de la part d’autorités supposées respecter l’action d’un magistrat qui obéit à sa conscience». Certes, le communiqué s’engage à n’épargner aucun effort pour faire valoir la justice dans l’affaire de l’explosion du port, mais s’étend longuement sur les critiques adressées à la justice. Il conclut en indiquant qu’«un objectif fixé par un citoyen, aussi honorable et légitime soit-il, ne justifie les moyens illicites et punissables par la loi», et que «la justice ne servira pas de bouc émissaire».
Les divisions au sein du CSM ne sont cependant que le reflet des influences politiques sur l’action de la magistrature dont une partie résiste quand même aux tentatives d’instrumentalisation de la justice. Lors des débats au cours de la réunion du CSM, le juge Abboud avait essayé sans succès d'inclure au texte, un paragraphe, appelant les hommes politiques à cesser d'intervenir dans les affaires de la justice. Des membres du CSM s'y sont opposés. Il se pourrait qu'ils soient les mêmes qui ont fait fuiter le communiqué, non approuvé, à la presse.
Sans commenter ce qui s’est passé au sein du Conseil supérieur de la magistrature, le Club des juges du Liban a exhorté les parents des victimes d’«éviter les actes contraires aux lois (…) et qui peuvent contribuer à miner la justice». Il leur a demandé, dans un communiqué, de «concentrer leur action, sur le terrain et juridiquement, contre ceux qui sont responsables du blocage de l’enquête». «Il en est de même pour certains députés qui savent très bien que les causes de ce blocage sont d’ordre strictement politique. Ces derniers ciblent cependant mal parce que le populisme au détriment de la magistrature est facile», selon le texte.
Dans l’après-midi, samedi, un texte signé du CSM, au ton virulent, est parvenu aux médias. Il y est question de critiques adressées à tous ceux qui, depuis vendredi, fustigent la démarche du juge Zaher Hamadé, qui avait ordonné l’interpellation et la détention de William Noun, frère de Joe Noun, l’un des pompiers tués dans l’explosion du 4 août 2020, pendant qu’ils essayaient d’éteindre le feu au hangar n° 12 où était stocké le nitrate d’ammonium. L’explosion de cette matière avait pulvérisé le port ainsi que plusieurs quartiers de la capitale, tué 226 personnes, blessé au moins 7.500 autres et laissé près de 300.000 personnes sans toit pendant des mois.
William Noun a été interpellé vendredi parce qu’il avait cassé une vitre du Palais de justice, pendant qu’il participait à un sit-in des parents des victimes de l’explosion, qui réclamaient un déblocage de l’enquête et protestaient contre toute velléité de remplacer par un autre magistrat, le juge d’instruction, Tarek Bitar, empêché de poursuivre son enquête parce qu’il avait retenu la responsabilité administrative d’un certain nombre d’officiels dans le cadre de ses investigations. Le jeune homme a été interpellé par des agents du service de Sécurité de l’État dont le chef, Tony Saliba, fait partie des officiels épinglés par Tarek Bitar. Le magistrat lui reproche un manquement aux devoirs de la fonction.
Dans ce texte attribué au CSM, les magistrats prennent fait et cause outrageusement pour le juge Zaher Hamadé, dont on dit qu’il est proche du président de la Chambre et chef d’Amal, Nabih Berry, qui assure une couverture politique à deux anciens ministres et députés actuels, poursuivis dans le cadre de la même affaire, Ali Hassan Khalil, et Ghazi Zeaïter. Les deux battent sans doute le record libanais des recours présentés contre un juge d’instruction pour l’empêcher de poursuivre sa mission et ne pas avoir à répondre de leurs actes, au cas où les soupçons de négligence contre eux, se confirmeraient. Le communiqué attribué au CSM évoque timidement les causes du geste de William Noun. Selon une source judiciaire, citée par la LBCI, le juge Hamadé aurait exigé un communiqué du CSM en sa faveur pour remettre le jeune homme en liberté.
Mais moins de deux heures plus tard, le président du CSM a diffusé un autre communiqué dans lequel il a expliqué qu’«aucun texte n’a été publié par le Conseil supérieur de la magistrature, conformément aux règles en vigueur». «Ce qui s’est passé, c’est qu’il y a eu des délibérations au sujet de la diffusion d’un communiqué portant sur l’évolution des événements qui se sont produits dernièrement» à savoir l’interpellation de William Noun et le tollé que celle-ci a suscité. M. Abboud a précisé qu’«il n’y a pas eu d’entente sur sa teneur qui faisait toujours l’objet d’un débat». «Ce qui est parvenu aux médias est un projet de communiqué qui n’a pas été approuvé pour publication», a-t-il affirmé.
Le texte en question stigmatise «des ingérences dans les affaires de la justice et des attaques» contre celle-ci «notamment contre le parquet de la cour d’appel à Beyrouth, de la part d’autorités supposées respecter l’action d’un magistrat qui obéit à sa conscience». Certes, le communiqué s’engage à n’épargner aucun effort pour faire valoir la justice dans l’affaire de l’explosion du port, mais s’étend longuement sur les critiques adressées à la justice. Il conclut en indiquant qu’«un objectif fixé par un citoyen, aussi honorable et légitime soit-il, ne justifie les moyens illicites et punissables par la loi», et que «la justice ne servira pas de bouc émissaire».
Les divisions au sein du CSM ne sont cependant que le reflet des influences politiques sur l’action de la magistrature dont une partie résiste quand même aux tentatives d’instrumentalisation de la justice. Lors des débats au cours de la réunion du CSM, le juge Abboud avait essayé sans succès d'inclure au texte, un paragraphe, appelant les hommes politiques à cesser d'intervenir dans les affaires de la justice. Des membres du CSM s'y sont opposés. Il se pourrait qu'ils soient les mêmes qui ont fait fuiter le communiqué, non approuvé, à la presse.
Sans commenter ce qui s’est passé au sein du Conseil supérieur de la magistrature, le Club des juges du Liban a exhorté les parents des victimes d’«éviter les actes contraires aux lois (…) et qui peuvent contribuer à miner la justice». Il leur a demandé, dans un communiqué, de «concentrer leur action, sur le terrain et juridiquement, contre ceux qui sont responsables du blocage de l’enquête». «Il en est de même pour certains députés qui savent très bien que les causes de ce blocage sont d’ordre strictement politique. Ces derniers ciblent cependant mal parce que le populisme au détriment de la magistrature est facile», selon le texte.
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