Un message universel sur le devenir de l’agriculture familiale bousculé par la modernité, depuis un coin de Catalogne baigné par le soleil : Ours d’Or à Berlin, Nos Soleils (Alcarràs) sera mercredi en salles en France.
Nos Soleils (Alcarràs) n’est que le deuxième film de Carla Simon, qui s’impose à 37 ans comme l’un des prodiges du cinéma espagnol. Par sa sensibilité, sa simplicité et sa profondeur, le film l’avait emporté lors de la dernière Berlinale, le président du jury, le réalisateur américain M. Night Shyamalan saluant la performance des acteurs, des non-professionnels, qui ont su « montrer la tendresse et le combat d’une famille », et mettre en lumière « notre dépendance à la terre ».
Le film suit la famille Solé, qui cultive depuis trois générations des centaines de pêchers sur les terres de riches propriétaires. Mais les propriétaires veulent déraciner les arbres pour y installer des panneaux solaires, et proposent aux Solé de s’adapter à cette nouvelle donne, ou de partir. Le chef de famille, Quimet, refuse de voir son monde disparaître.
Autour de lui, c’est tout un fragile équilibre familial, des enfants aux personnes âgées, qui menace de s’effondrer. Le film se montre à la fois émouvant et profond sur les questions de la modernisation à marche forcée des campagnes ou du conflit entre économie et écologie. Sa force vient aussi de son authenticité : Carla Simon connaît très bien cet univers, elle qui a grandi près de cette petite ville d’Alcarràs et a remercié sa famille, « qui cultivait des pêches et sans laquelle (elle) n’aurait jamais été aussi proche de ce monde ».
« C’était une très grande famille, dans laquelle les émotions étaient partagées, c’est pourquoi nous avons décidé de faire un film choral », a-t-elle expliqué.
Le casting s’est déroulé sur ses terres d’enfance, en écumant les fêtes de village pour effectuer quelque 9.000 auditions et constituer une petite troupe transgénérationnelle d’acteurs, pour un film tourné en catalan. » On voit tout de suite si quelqu’un est agriculteur à sa peau, à ses mains, à sa façon de conduire un tracteur », estime la cinéaste.
« Passer du travail agricole au fait de montrer la dureté de ce travail et combien il est peu valorisé, cela m’a apporté de la satisfaction », a expliqué à Berlin l’un des acteurs, Albert Bosch, jeune agriculteur dans le civil.
Mention spéciale pour la façon qu’a Carla Simon de filmer les enfants, elle qui a perdu très jeune ses parents malades du Sida, une tragédie dont elle s’était inspirée pour son premier film Été 93 (2017). Une connexion avec les plus jeunes qui semble « naturelle, peut-être parce que j’ai vécu une enfance vulnérable. J’aime leur parler et les diriger. Ils apportent aussi quelque chose aux adultes : ils les obligent à être plus spontanés », explique-t-elle.
À sa façon, le film est aussi un réquisitoire politique, appelant à davantage se soucier sur le terrain des conséquences de la modernité et des grandes décisions économiques. La réalisatrice a d’ailleurs dédié son Ours d’Or « aux gens qui cultivent la terre », soulignant l’importance de l’agriculture pour la société et de leur travail pour « remplir nos assiettes ».
« Ce modèle d’agriculture familiale n’est pas facile à maintenir à l’heure actuelle, parce qu’il est plus en plus difficile de réguler le prix des fruits payés à certains. Il y a de plus en plus de grandes entreprises dédiées à l’agriculture », a-t-elle expliqué. Si dans le film, le drame arrive par l’irruption d’un projet de panneaux solaires, en concurrence avec l’exploitation des terres, la cinéaste rejette tout manichéisme. « Il me paraissait intéressant que toutes les options soient valides : qu’il n’y ait pas une façon de bien faire et une autre qui soit mauvaise ».
AFP
Nos Soleils (Alcarràs) n’est que le deuxième film de Carla Simon, qui s’impose à 37 ans comme l’un des prodiges du cinéma espagnol. Par sa sensibilité, sa simplicité et sa profondeur, le film l’avait emporté lors de la dernière Berlinale, le président du jury, le réalisateur américain M. Night Shyamalan saluant la performance des acteurs, des non-professionnels, qui ont su « montrer la tendresse et le combat d’une famille », et mettre en lumière « notre dépendance à la terre ».
Le film suit la famille Solé, qui cultive depuis trois générations des centaines de pêchers sur les terres de riches propriétaires. Mais les propriétaires veulent déraciner les arbres pour y installer des panneaux solaires, et proposent aux Solé de s’adapter à cette nouvelle donne, ou de partir. Le chef de famille, Quimet, refuse de voir son monde disparaître.
Autour de lui, c’est tout un fragile équilibre familial, des enfants aux personnes âgées, qui menace de s’effondrer. Le film se montre à la fois émouvant et profond sur les questions de la modernisation à marche forcée des campagnes ou du conflit entre économie et écologie. Sa force vient aussi de son authenticité : Carla Simon connaît très bien cet univers, elle qui a grandi près de cette petite ville d’Alcarràs et a remercié sa famille, « qui cultivait des pêches et sans laquelle (elle) n’aurait jamais été aussi proche de ce monde ».
« C’était une très grande famille, dans laquelle les émotions étaient partagées, c’est pourquoi nous avons décidé de faire un film choral », a-t-elle expliqué.
Le casting s’est déroulé sur ses terres d’enfance, en écumant les fêtes de village pour effectuer quelque 9.000 auditions et constituer une petite troupe transgénérationnelle d’acteurs, pour un film tourné en catalan. » On voit tout de suite si quelqu’un est agriculteur à sa peau, à ses mains, à sa façon de conduire un tracteur », estime la cinéaste.
« Passer du travail agricole au fait de montrer la dureté de ce travail et combien il est peu valorisé, cela m’a apporté de la satisfaction », a expliqué à Berlin l’un des acteurs, Albert Bosch, jeune agriculteur dans le civil.
Mention spéciale pour la façon qu’a Carla Simon de filmer les enfants, elle qui a perdu très jeune ses parents malades du Sida, une tragédie dont elle s’était inspirée pour son premier film Été 93 (2017). Une connexion avec les plus jeunes qui semble « naturelle, peut-être parce que j’ai vécu une enfance vulnérable. J’aime leur parler et les diriger. Ils apportent aussi quelque chose aux adultes : ils les obligent à être plus spontanés », explique-t-elle.
À sa façon, le film est aussi un réquisitoire politique, appelant à davantage se soucier sur le terrain des conséquences de la modernité et des grandes décisions économiques. La réalisatrice a d’ailleurs dédié son Ours d’Or « aux gens qui cultivent la terre », soulignant l’importance de l’agriculture pour la société et de leur travail pour « remplir nos assiettes ».
« Ce modèle d’agriculture familiale n’est pas facile à maintenir à l’heure actuelle, parce qu’il est plus en plus difficile de réguler le prix des fruits payés à certains. Il y a de plus en plus de grandes entreprises dédiées à l’agriculture », a-t-elle expliqué. Si dans le film, le drame arrive par l’irruption d’un projet de panneaux solaires, en concurrence avec l’exploitation des terres, la cinéaste rejette tout manichéisme. « Il me paraissait intéressant que toutes les options soient valides : qu’il n’y ait pas une façon de bien faire et une autre qui soit mauvaise ».
AFP
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