Née en Italie au milieu du 16e siècle, la « commedia dell’arte » a influencé le cinéma burlesque (Chaplin, Laurel et Hardy, Louis de Funès) et marque encore le théâtre contemporain et les spectacles d’improvisation de son empreinte.
Le mot « Arte » signifie ici « métier ». À partir de 1545 des troupes professionnelles se forment pour créer des comédies d’un genre nouveau, s’éloignant des comédies « savantes » ou « érudites » de l’époque ; le but est ici de plaire et de divertir le public. La première de ces comédies est probablement née à Padoue. Les acteurs se mettent alors à sortir de leur texte et à improviser accidentellement, cherchant le contact avec le public.
Par la suite c’est l’improvisation qui devient la règle. Pour aider les acteurs à improviser, un canevas est mis au point dans la journée pour tracer les lignes générales du spectacle. Des éléments de jeu aident l’acteur à nourrir ses dialogues ; les acteurs sont presque tous masqués et apprennent des « lazzis », des tours, des jeux, une gestuelle, ainsi qu’une série de citations non pas récitées, mais fondues dans le discours du personnage.
Quels sont les personnages principaux de la commedia dell’arte ?
Les « zanni » (déformation du prénom Giovanni devenu Gianni puis Zanni en Italie du Nord), précurseurs des Arlequins, sont des serviteurs grossiers et agressifs.
Arlequin, valet souple et agile, a été créé à Bergame. Il porte un demi-masque et une mentonnière noire. Personnage malin, joueur, un peu paresseux. Son costume multicolore est généralement fabriqué de losanges ou de triangles rouges, noirs, et parfois aussi bleus ou jaunes.
Pantalone le riche vieillard amoureux, apparu à Venise, flotte entre le ridicule et le sérieux. et porte un masque brun à nez proéminent. C'est souvent un commerçant retraité, avare, trompé par sa femme et ses enfants. Mais il a des vues amoureuses sur les femmes jeunes.
Le Capitan, un faux brave, parfois amoureux, mais toujours vaincu par sa lâcheté. Son masque est couleur chair, un nez immense et de longues moustaches. Par ses attitudes, il se croit irrésistible auprès des femmes, alors qu’elles se moquent de lui.
Le Docteur, né à Bologne, pédant et souvent complice de Pantalone. Son masque couvre le front et le nez.
Les amoureux sont non masqués et parlent un langage difficile à comprendre, les « concetti ».
Les amoureuses se prénomment souvent Isabelle, Colombine ou Béatrice, elles peuvent être tendres ou perfides. Les amoureux, Flavio, Léandre ou Lelio sont élégants, maniérés, cultivés ou ridicules.
On pense évidemment aux personnages de Molière ou de Marivaux, à Aldo Maccione ou encore à Jim Carey.
Développement historique de la commedia dell’arte
Aux 17e et 18e siècles, des acteurs de « l’Arte » venus d’Italie se produisent à Paris. Une compagnie s’y installe en 1653 et compte parmi ses acteurs illustres Scaramouche qui inspire Molière. La troupe est chassée par Louis XIV en 1697 à cause du scénario de « La fausse prude » faisant allusion à madame de Maintenon, que le roi a épousée en 1683. Goldoni s’installe à Paris de 1762 à 1764 pour y écrire des pièces. Les troupes italiennes étant revenues à Paris après 1716, un processus de « francisation » de la commedia conduit des auteurs français à écrire pour eux.
Même si les pièces françaises comprennent moins de jeu improvisé, le style de la commedia dell’arte y est manifeste, par exemple dans « Les jeux de l’amour et du hasard » de Marivaux. L’influence « de la commedia dell’arte » s’affirme ainsi dans beaucoup d’œuvres théâtrales françaises du 18e siècle.
La commedia dell’arte à Paris de nos jours
Le théâtre de la Gaîté Montparnasse et le théâtre Silvia Monfort programment souvent des pièces de Carlo Goldoni.
Au Théâtre du Ranelagh se produit en ce moment l’adaptation d’une pièce de Carlo Goldoni, « Arlequin, serviteur de deux maîtres », transposée dans les années 1920 avec musique, chant, danse et combats de rue, dans une ambiance de Jazz et de mafia. Il faut dire que le sujet s’y prête :
Le frère de Béatrice, homme peu recommandable, est assassiné. Florindo, l’homme à qui elle est promise, est accusé à tort. S’ensuit une traque à Venise où les jeunes amants travestis se cachent avec le concours maladroit de leur Arlequin de valet…
Comme on peut le constater, la commedia dell’arte continue à inspirer metteurs en scène, producteurs et troupes d’improvisation. Un bel hommage aux troupes italiennes du 16e siècle qui ont placé l’acteur au centre de la création théâtrale.
Certains metteurs en scène au 20e siècle attribuent à la « commedia dell’arte » la dénonciation de la domination des serviteurs par les maitres. Le théâtre déroulerait ainsi une comédie de masques pour convaincre tous les Arlequins de la salle que la révolte est possible contre les maitres !
Pour aller plus loin :
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/commedia_dellarte/35450
https://arts.toutcomment.com/article/quels-sont-les-personnages-de-la-commedia-dell-arte-6989.html
Extrait de la pièce "Arlequin, valet de deux maîtres" de Goldoni
Le mot « Arte » signifie ici « métier ». À partir de 1545 des troupes professionnelles se forment pour créer des comédies d’un genre nouveau, s’éloignant des comédies « savantes » ou « érudites » de l’époque ; le but est ici de plaire et de divertir le public. La première de ces comédies est probablement née à Padoue. Les acteurs se mettent alors à sortir de leur texte et à improviser accidentellement, cherchant le contact avec le public.
Par la suite c’est l’improvisation qui devient la règle. Pour aider les acteurs à improviser, un canevas est mis au point dans la journée pour tracer les lignes générales du spectacle. Des éléments de jeu aident l’acteur à nourrir ses dialogues ; les acteurs sont presque tous masqués et apprennent des « lazzis », des tours, des jeux, une gestuelle, ainsi qu’une série de citations non pas récitées, mais fondues dans le discours du personnage.
Quels sont les personnages principaux de la commedia dell’arte ?
Les « zanni » (déformation du prénom Giovanni devenu Gianni puis Zanni en Italie du Nord), précurseurs des Arlequins, sont des serviteurs grossiers et agressifs.
Arlequin, valet souple et agile, a été créé à Bergame. Il porte un demi-masque et une mentonnière noire. Personnage malin, joueur, un peu paresseux. Son costume multicolore est généralement fabriqué de losanges ou de triangles rouges, noirs, et parfois aussi bleus ou jaunes.
Pantalone le riche vieillard amoureux, apparu à Venise, flotte entre le ridicule et le sérieux. et porte un masque brun à nez proéminent. C'est souvent un commerçant retraité, avare, trompé par sa femme et ses enfants. Mais il a des vues amoureuses sur les femmes jeunes.
Le Capitan, un faux brave, parfois amoureux, mais toujours vaincu par sa lâcheté. Son masque est couleur chair, un nez immense et de longues moustaches. Par ses attitudes, il se croit irrésistible auprès des femmes, alors qu’elles se moquent de lui.
Le Docteur, né à Bologne, pédant et souvent complice de Pantalone. Son masque couvre le front et le nez.
Les amoureux sont non masqués et parlent un langage difficile à comprendre, les « concetti ».
Les amoureuses se prénomment souvent Isabelle, Colombine ou Béatrice, elles peuvent être tendres ou perfides. Les amoureux, Flavio, Léandre ou Lelio sont élégants, maniérés, cultivés ou ridicules.
On pense évidemment aux personnages de Molière ou de Marivaux, à Aldo Maccione ou encore à Jim Carey.
Développement historique de la commedia dell’arte
Aux 17e et 18e siècles, des acteurs de « l’Arte » venus d’Italie se produisent à Paris. Une compagnie s’y installe en 1653 et compte parmi ses acteurs illustres Scaramouche qui inspire Molière. La troupe est chassée par Louis XIV en 1697 à cause du scénario de « La fausse prude » faisant allusion à madame de Maintenon, que le roi a épousée en 1683. Goldoni s’installe à Paris de 1762 à 1764 pour y écrire des pièces. Les troupes italiennes étant revenues à Paris après 1716, un processus de « francisation » de la commedia conduit des auteurs français à écrire pour eux.
Même si les pièces françaises comprennent moins de jeu improvisé, le style de la commedia dell’arte y est manifeste, par exemple dans « Les jeux de l’amour et du hasard » de Marivaux. L’influence « de la commedia dell’arte » s’affirme ainsi dans beaucoup d’œuvres théâtrales françaises du 18e siècle.
La commedia dell’arte à Paris de nos jours
Le théâtre de la Gaîté Montparnasse et le théâtre Silvia Monfort programment souvent des pièces de Carlo Goldoni.
Au Théâtre du Ranelagh se produit en ce moment l’adaptation d’une pièce de Carlo Goldoni, « Arlequin, serviteur de deux maîtres », transposée dans les années 1920 avec musique, chant, danse et combats de rue, dans une ambiance de Jazz et de mafia. Il faut dire que le sujet s’y prête :
Le frère de Béatrice, homme peu recommandable, est assassiné. Florindo, l’homme à qui elle est promise, est accusé à tort. S’ensuit une traque à Venise où les jeunes amants travestis se cachent avec le concours maladroit de leur Arlequin de valet…
Comme on peut le constater, la commedia dell’arte continue à inspirer metteurs en scène, producteurs et troupes d’improvisation. Un bel hommage aux troupes italiennes du 16e siècle qui ont placé l’acteur au centre de la création théâtrale.
Certains metteurs en scène au 20e siècle attribuent à la « commedia dell’arte » la dénonciation de la domination des serviteurs par les maitres. Le théâtre déroulerait ainsi une comédie de masques pour convaincre tous les Arlequins de la salle que la révolte est possible contre les maitres !
Pour aller plus loin :
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/commedia_dellarte/35450
https://arts.toutcomment.com/article/quels-sont-les-personnages-de-la-commedia-dell-arte-6989.html
Extrait de la pièce "Arlequin, valet de deux maîtres" de Goldoni
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