Dans son immense atelier en banlieue de New Delhi, le grand couturier indien Rahul Mishra rêve, comme jadis le peintre Claude Monet, « d’accomplir l’impossible », en œuvrant à « Cosmos », la collection qu’il dévoilera aux défilés haute couture à Paris le 23 janvier.
« Je rêve beaucoup, je me perds souvent dans un rêve de nouveau monde », confie le créateur, « une fois revenu du rêve, j’en parle à mon équipe, je le raconte, parfois je le dessine et le montre. Alors ce rêve devient un rêve commun, tout le monde commence à croire en cette idée ». L’atelier flambant neuf, qu’il a conçu dans ses moindres détails, est en effervescence. Ses designers, tailleurs, couturiers, brodeurs sont accaparés par « Cosmos ». « Je rêve d’accomplir l’impossible, comme Claude Monet disait en 1885 : « je veux peindre l’air » », déclare-t-il dans un sourire lumineux.
Ses créations sont constituées de myriades de broderies qu’une cinquantaine d’hommes composent suivant des techniques traditionnelles, assis sur des nattes devant leur « adda » (métiers à broder), au premier étage de l’atelier.
« Plus que le défilé final (...) c’est le processus de création qui m’excite », ajoute le grand couturier de 43 ans. Regard vif derrière des lunettes métalliques, il en livre aussitôt la formule : « Un peu de science, un peu d’art, un peu de mode, un peu de fantasmes, un peu d’amour ». Mais le processus créatif est aussi parsemé de doutes et d’échecs dont Rahul Mishra affirme se réjouir.
« Nous célébrons nos ratages parce que nous tentons la nouveauté », s’enflamme-t-il, « la beauté de tenter de créer du nouveau, l’excitation et l’intention de créer du nouveau valent d’être célébrées ». « Nous mettons, à chaque fois, nos artisans à l’épreuve, avec de nouvelles techniques, de nouvelles couleurs, de nouvelles idées », poursuit-il, « ce que nous créons est une expression collective. » Issu d’un milieu modeste et rural de l’Uttar Pradesh (nord), il a à cœur d’apporter du travail aux artisans jusque dans leurs villages. « Quand on vient d’un pays qui compte 4,5 millions d’artisans, il vaut mieux faire quelque chose qui les implique », souligne-t-il, « plus nous serons inclusifs, mieux ce sera ».
À dix ans, il a compris que l’art était sa vocation. « Sans n’avoir jamais vu personne dessiner, je ne connaissais aucun artiste, tout ce que je regardais devenait dessin : les fleurs, les arbres, mon chien... », raconte-t-il, « je n’avais jamais pensé devenir créateur de mode, je voulais être un artiste ». Son père médecin l’a pourtant poussé sur une voie scientifique, mais dès qu’il a pu prendre son envol, il est parti étudier à l’Institut national de design (NID) à Ahmedabad, dont il est sorti diplômé en section mode en 2008 avant de rejoindre Milan. Peu après avoir remporté l’International Woolmark Prize en 2014, il s’est tourné vers la broderie à la main, « plus exigeante en temps et en technique que le tissage manuel ». La même année, la Fédération de la haute couture et de la mode à Paris l’a inclus dans le calendrier du prêt-à-porter avant de l’intégrer en haute couture en 2020. « J’étais le premier styliste indien à y participer », dit-il. Son compatriote Gaurav Gupta y figure pour la première fois cette année.
Si « l’inspiration est partout » affirme Rahul Mishra, la nature demeure sa principale source. Désignant sur un mannequin, une longue jupe et sa brassière, dans la collection « Tree of Life » (2022), que l’on croirait brodées par le printemps lui-même, le couturier fait valoir que « cette œuvre d’art comprend 120 couleurs, la plus colorée que j’ai jamais conçue ». « Historiquement, personne n’a jamais utilisé autant de couleurs pour un seul ouvrage », affirme-t-il, « à peine 200 artistes à travers l’Inde sont capables de réaliser de telles pièces ». « Plus on ajoute de couleurs, plus l’ouvrage devient difficile à reproduire », poursuit-il.
Cette pièce a exigé 5.000 heures de travail. Selon lui, « la lenteur du processus offre une nouvelle approche de la durabilité, c’est une durabilité mature autorisant une durabilité sociale ». Ses créations, magnifiées par des stars de cinéma, comme Cate Blanchett et Michelle Yeoh l’an dernier pour des magazines de mode, n’excèdent pas 12.500 euros. Rahul Mishra lancera en mars, à Paris ou Londres, sa nouvelle collection de « prêt-à-porter ». Le styliste promet « une alternative assez sérieuse à la fast fashion » et l’ouverture de boutiques d’ici cinq ans, grâce à une coentreprise créée en 2022 avec Reliance Brand (Balanciaga, Armani), l’un des principaux distributeurs de marques de luxe en Inde.
« Nous allons ouvrir un magasin à Londres fin 2023, et recherchons des emplacements à Paris, Dubaï et New York », assure-t-il, « mon objectif le plus ambitieux est d’employer un jour plus d’un million de personnes à travers le monde ».
AFP
« Je rêve beaucoup, je me perds souvent dans un rêve de nouveau monde », confie le créateur, « une fois revenu du rêve, j’en parle à mon équipe, je le raconte, parfois je le dessine et le montre. Alors ce rêve devient un rêve commun, tout le monde commence à croire en cette idée ». L’atelier flambant neuf, qu’il a conçu dans ses moindres détails, est en effervescence. Ses designers, tailleurs, couturiers, brodeurs sont accaparés par « Cosmos ». « Je rêve d’accomplir l’impossible, comme Claude Monet disait en 1885 : « je veux peindre l’air » », déclare-t-il dans un sourire lumineux.
Ses créations sont constituées de myriades de broderies qu’une cinquantaine d’hommes composent suivant des techniques traditionnelles, assis sur des nattes devant leur « adda » (métiers à broder), au premier étage de l’atelier.
« Plus que le défilé final (...) c’est le processus de création qui m’excite », ajoute le grand couturier de 43 ans. Regard vif derrière des lunettes métalliques, il en livre aussitôt la formule : « Un peu de science, un peu d’art, un peu de mode, un peu de fantasmes, un peu d’amour ». Mais le processus créatif est aussi parsemé de doutes et d’échecs dont Rahul Mishra affirme se réjouir.
« Nous célébrons nos ratages parce que nous tentons la nouveauté », s’enflamme-t-il, « la beauté de tenter de créer du nouveau, l’excitation et l’intention de créer du nouveau valent d’être célébrées ». « Nous mettons, à chaque fois, nos artisans à l’épreuve, avec de nouvelles techniques, de nouvelles couleurs, de nouvelles idées », poursuit-il, « ce que nous créons est une expression collective. » Issu d’un milieu modeste et rural de l’Uttar Pradesh (nord), il a à cœur d’apporter du travail aux artisans jusque dans leurs villages. « Quand on vient d’un pays qui compte 4,5 millions d’artisans, il vaut mieux faire quelque chose qui les implique », souligne-t-il, « plus nous serons inclusifs, mieux ce sera ».
À dix ans, il a compris que l’art était sa vocation. « Sans n’avoir jamais vu personne dessiner, je ne connaissais aucun artiste, tout ce que je regardais devenait dessin : les fleurs, les arbres, mon chien... », raconte-t-il, « je n’avais jamais pensé devenir créateur de mode, je voulais être un artiste ». Son père médecin l’a pourtant poussé sur une voie scientifique, mais dès qu’il a pu prendre son envol, il est parti étudier à l’Institut national de design (NID) à Ahmedabad, dont il est sorti diplômé en section mode en 2008 avant de rejoindre Milan. Peu après avoir remporté l’International Woolmark Prize en 2014, il s’est tourné vers la broderie à la main, « plus exigeante en temps et en technique que le tissage manuel ». La même année, la Fédération de la haute couture et de la mode à Paris l’a inclus dans le calendrier du prêt-à-porter avant de l’intégrer en haute couture en 2020. « J’étais le premier styliste indien à y participer », dit-il. Son compatriote Gaurav Gupta y figure pour la première fois cette année.
Si « l’inspiration est partout » affirme Rahul Mishra, la nature demeure sa principale source. Désignant sur un mannequin, une longue jupe et sa brassière, dans la collection « Tree of Life » (2022), que l’on croirait brodées par le printemps lui-même, le couturier fait valoir que « cette œuvre d’art comprend 120 couleurs, la plus colorée que j’ai jamais conçue ». « Historiquement, personne n’a jamais utilisé autant de couleurs pour un seul ouvrage », affirme-t-il, « à peine 200 artistes à travers l’Inde sont capables de réaliser de telles pièces ». « Plus on ajoute de couleurs, plus l’ouvrage devient difficile à reproduire », poursuit-il.
Cette pièce a exigé 5.000 heures de travail. Selon lui, « la lenteur du processus offre une nouvelle approche de la durabilité, c’est une durabilité mature autorisant une durabilité sociale ». Ses créations, magnifiées par des stars de cinéma, comme Cate Blanchett et Michelle Yeoh l’an dernier pour des magazines de mode, n’excèdent pas 12.500 euros. Rahul Mishra lancera en mars, à Paris ou Londres, sa nouvelle collection de « prêt-à-porter ». Le styliste promet « une alternative assez sérieuse à la fast fashion » et l’ouverture de boutiques d’ici cinq ans, grâce à une coentreprise créée en 2022 avec Reliance Brand (Balanciaga, Armani), l’un des principaux distributeurs de marques de luxe en Inde.
« Nous allons ouvrir un magasin à Londres fin 2023, et recherchons des emplacements à Paris, Dubaï et New York », assure-t-il, « mon objectif le plus ambitieux est d’employer un jour plus d’un million de personnes à travers le monde ».
AFP
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