Les pourparlers prévus initialement le 17 janvier à Moscou entre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian ont été reportés d'un commun accord, a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères.
Avant le report de la visite en question, M. Abdollahian avait explicitement déclaré que celle-ci «s’inscrivait dans le cadre des démarches visant à résoudre la crise ukrainienne et intervenait sur base d’une demande reçue par la République islamique».
Il est possible que la partie à l'origine de cette demande ait eu ses propres raisons pour se rétracter à la dernière minute. Il est probable aussi qu'à ce stade, ce soit la réalité militaire sur le terrain qu'il faille modifier et non pas apporter une solution à la crise en Ukraine.
De plus, les responsables russes ont plus que jamais besoin, à l’heure actuelle, de remonter le moral de leurs troupes, qui croyaient effectuer «une opération militaire éclair spéciale» et rentrer chez elles aussitôt. Ainsi, les militaires russes sont pris au piège d'une guerre sans fin, dont l'issue est incertaine, et où ils se retrouvent confrontés au monde entier, en plus de l'Ukraine.
L’Iran, de son côté, est bien conscient des raisons de ce report, et de la difficulté de faire face au monde entier et de persuader les grandes puissances de lui octroyer un rôle, au regard de son importance régionale, ainsi que de sa capacité à s’imposer et à étendre son influence à travers les assassinats, l’intimidation, l’appauvrissement des populations et le sabotage des pays que la République islamique s’enorgueillit de contrôler. En conséquence, et pour atteindre cet objectif, l’Iran a toujours dû faire face à des situations semblables à celles rencontrées par Moscou à cette échelle.
À moins que le report de la visite du ministre Abdollahian ne soit pas lié à la crise ukrainienne et qu’il faille élargir le prisme de lecture à d’autres pays concernés tels que la Turquie et la Syrie, et se pencher sur leur rapprochement, chaperonné par la Russie malgré les difficultés et les écueils. Les dernières manifestations de ce rapprochement se reflètent dans l’entretien téléphonique entre le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, lundi dernier, pour décider des prochaines étapes en vue de normaliser les relations entre la Turquie et le régime syrien.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle Téhéran a fait usage de chantage avec Damas s’agissant des exportations du pétrole iranien. En effet, l'Iran, qui vendait à la Syrie le baril de pétrole à 30 dollars, soit la moitié du prix du marché, avec des délais de paiement flexibles et à crédit la majorité du temps, a subitement augmenté le prix à 70 dollars le baril et exigé le paiement anticipé des cargaisons futures, en dollars frais de surcroît, alors que la crise du carburant bat son plein en Syrie, comme indiqué par le Wall Street Journal.
Ou bien, le Kremlin n’y voit tout simplement aucune gêne à fixer la date de la visite, et faire marche arrière par la suite, surtout si le visiteur est un allié, de second rang, qui plus est.
Sans compter que le Kremlin semble peu soucieux des besoins de l'Iran en termes de reconnaissance internationale. Une indifférence qui n'est pas sans rappeler le manque de réaction face aux frappes répétées d'Israël contre les bases iraniennes en Syrie. Peu importe si le régime de wilayat al-Fakih est en proie à des crises aiguës, qui menacent sa pérennité et l’affaiblissent comme c’est notamment le cas avec «la République islamique», laquelle continue de réprimer son peuple, sans réussir à juguler le soulèvement, malgré les détentions, les tortures et les exécutions des opposants. De plus, l’exécution de Rida Akbari, l'ancien haut responsable iranien, qui se trouve être aussi citoyen britannique, a fortement mécontenté les Européens, qui se sont associés à l’indignation occidentale face à l’Iran. Partant, les relations entre l’Iran et l’Europe, déjà mises à mal par le soulèvement suite à l’assassinat de la jeune Mahsa Amini par les Basij pour port inapproprié du voile, se retrouvent profondément déséquilibrées.
Certes, l'Iran exerce toujours un contrôle dans les pays qui constituent le «croissant chiite» (axe géopolitique comprenant l’Irak, la Syrie et le Liban). La visite de M. Abdollahian à Damas et Beyrouth pour s’enquérir de la situation de ses «administrés» et adresser des messages depuis le Liban en réponse au dernier communiqué égypto-saoudien, en est une parfaite illustration.
Néanmoins, Moscou a son propre agenda, notamment en Syrie, qui n'est pas nécessairement aligné sur celui de son allié iranien, ce qui a entraîné le report de la visite sans pour autant mettre en porte-à-faux la Russie qui a justifié ce report en avançant qu’il a été convenu entre les deux parties.
Avant le report de la visite en question, M. Abdollahian avait explicitement déclaré que celle-ci «s’inscrivait dans le cadre des démarches visant à résoudre la crise ukrainienne et intervenait sur base d’une demande reçue par la République islamique».
Il est possible que la partie à l'origine de cette demande ait eu ses propres raisons pour se rétracter à la dernière minute. Il est probable aussi qu'à ce stade, ce soit la réalité militaire sur le terrain qu'il faille modifier et non pas apporter une solution à la crise en Ukraine.
De plus, les responsables russes ont plus que jamais besoin, à l’heure actuelle, de remonter le moral de leurs troupes, qui croyaient effectuer «une opération militaire éclair spéciale» et rentrer chez elles aussitôt. Ainsi, les militaires russes sont pris au piège d'une guerre sans fin, dont l'issue est incertaine, et où ils se retrouvent confrontés au monde entier, en plus de l'Ukraine.
L’Iran, de son côté, est bien conscient des raisons de ce report, et de la difficulté de faire face au monde entier et de persuader les grandes puissances de lui octroyer un rôle, au regard de son importance régionale, ainsi que de sa capacité à s’imposer et à étendre son influence à travers les assassinats, l’intimidation, l’appauvrissement des populations et le sabotage des pays que la République islamique s’enorgueillit de contrôler. En conséquence, et pour atteindre cet objectif, l’Iran a toujours dû faire face à des situations semblables à celles rencontrées par Moscou à cette échelle.
À moins que le report de la visite du ministre Abdollahian ne soit pas lié à la crise ukrainienne et qu’il faille élargir le prisme de lecture à d’autres pays concernés tels que la Turquie et la Syrie, et se pencher sur leur rapprochement, chaperonné par la Russie malgré les difficultés et les écueils. Les dernières manifestations de ce rapprochement se reflètent dans l’entretien téléphonique entre le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, lundi dernier, pour décider des prochaines étapes en vue de normaliser les relations entre la Turquie et le régime syrien.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle Téhéran a fait usage de chantage avec Damas s’agissant des exportations du pétrole iranien. En effet, l'Iran, qui vendait à la Syrie le baril de pétrole à 30 dollars, soit la moitié du prix du marché, avec des délais de paiement flexibles et à crédit la majorité du temps, a subitement augmenté le prix à 70 dollars le baril et exigé le paiement anticipé des cargaisons futures, en dollars frais de surcroît, alors que la crise du carburant bat son plein en Syrie, comme indiqué par le Wall Street Journal.
Ou bien, le Kremlin n’y voit tout simplement aucune gêne à fixer la date de la visite, et faire marche arrière par la suite, surtout si le visiteur est un allié, de second rang, qui plus est.
Sans compter que le Kremlin semble peu soucieux des besoins de l'Iran en termes de reconnaissance internationale. Une indifférence qui n'est pas sans rappeler le manque de réaction face aux frappes répétées d'Israël contre les bases iraniennes en Syrie. Peu importe si le régime de wilayat al-Fakih est en proie à des crises aiguës, qui menacent sa pérennité et l’affaiblissent comme c’est notamment le cas avec «la République islamique», laquelle continue de réprimer son peuple, sans réussir à juguler le soulèvement, malgré les détentions, les tortures et les exécutions des opposants. De plus, l’exécution de Rida Akbari, l'ancien haut responsable iranien, qui se trouve être aussi citoyen britannique, a fortement mécontenté les Européens, qui se sont associés à l’indignation occidentale face à l’Iran. Partant, les relations entre l’Iran et l’Europe, déjà mises à mal par le soulèvement suite à l’assassinat de la jeune Mahsa Amini par les Basij pour port inapproprié du voile, se retrouvent profondément déséquilibrées.
Certes, l'Iran exerce toujours un contrôle dans les pays qui constituent le «croissant chiite» (axe géopolitique comprenant l’Irak, la Syrie et le Liban). La visite de M. Abdollahian à Damas et Beyrouth pour s’enquérir de la situation de ses «administrés» et adresser des messages depuis le Liban en réponse au dernier communiqué égypto-saoudien, en est une parfaite illustration.
Néanmoins, Moscou a son propre agenda, notamment en Syrie, qui n'est pas nécessairement aligné sur celui de son allié iranien, ce qui a entraîné le report de la visite sans pour autant mettre en porte-à-faux la Russie qui a justifié ce report en avançant qu’il a été convenu entre les deux parties.
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