Le retour du juge Tarek Bitar sur le devant de la scène dans le dossier de l’explosion criminelle du 4 août 2020 au port de Beyrouth relance l'enquête sur ce dossier et la place au centre des préoccupations des capitales concernées.
Ce retour donne lieu à deux lectures différentes : la première l'impute à la rencontre entre le juge Bitar et les magistrats français, qui auraient donné le feu vert international pour relancer l’enquête. La seconde lecture nie toute influence étrangère et attribue la relance de l’enquête au seul aspect judiciaire.
Tout compte fait, ce retour en force du juge Bitar prend une signification particulière et ne peut être réduit aux seules divisions internes au Palais de justice, mais concerne aussi le problème libanais dans son ensemble qui porte sur la spoliation de la souveraineté au profit de l'axe iranien, qui pèse de tout son poids dans la vie politique libanaise.
Pour cette raison, ce nouvel épisode constitue un nouveau départ, loin de l’attentisme caractéristique du paysage politique local, dans le sens où un choc à ce niveau est devenu nécessaire pour provoquer un changement.
La réalité libanaise laisse entrevoir un horizon peu prometteur, où les crises se multiplient sans issue et les bombes à retardement s’accumulent, menaçant d’aggraver la situation économique et sécuritaire. Ce même paysage est miné par une volonté de blocage - visant surtout le processus d’élection d’un président de la République - dû à la rupture de l’alliance entre les partenaires d’hier au niveau des camps «souverainiste» et de la résistance, sachant que l’apathie ambiante ne peut en aucun cas être palliée par le sit-in d’une poignée de députés au sein du Parlement.
D'aucuns seraient amenés à penser que la décision du juge Bitar de relancer l’enquête aurait été prise sous l’impulsion de la France, pour faire pression sur les différents acteurs locaux. Parmi les mesures de pression mises en place, il y a eu la volonté de mettre en exergue les conséquences de la visite de la délégation judiciaire européenne, enquêtant sur la prétendue «implication» de la Banque du Liban et des banques privées dans les dossiers de «blanchiment d’argent, de transfert illicite de fonds, de détournement de fonds et de corruption». En effet, le contenu de ces dossiers permettra de mettre en lumière les transferts de fonds effectués par les responsables politiques libanais, et facilitera ainsi les sanctions contre les individus accusés de crimes financiers, au Liban comme en Europe.
Selon certaines sources, cette pression à caractère judiciaire pourrait paver la voie à un résultat positif dans la perspective de la réunion des représentants des cinq pays (États-Unis, Arabie Saoudite, Qatar, Égypte, France) qui se tiendra à Paris, début février.
Mais quelles seront les conséquences de cette pression ? La déclaration de l’ambassade américaine demandant une enquête rapide et transparente sur l’explosion criminelle du port était-elle vraiment nécessaire ? Une telle déclaration ne va-t-elle pas inciter certains à accuser le juge Bitar d'obéir aux ordres du Grand Satan et de comploter contre la «Résistance» ?
Où mènera la pression internationale ? Aboutira-t-elle à une prise de décision positive au terme de la réunion de Paris, sachant que l’Iran n’y assistera pas ? Le plan échafaudé par la France pour le Liban tiendra-t-il sans le maillon manquant ?
Au Liban, les expériences passées ne présagent rien de bon, puisque c’est l’extérieur régional qui régit la scène libanaise - aujourd’hui encore plus que jamais. Force est de constater, somme toute, qu’il existe davantage d’obstacles à l’action internationale que d’éléments facilitateurs, au vu des rapports envenimés entre l’Europe et l’Iran en raison des sanctions imposées par le Vieux Continent aux Gardiens de la révolution islamique.
Ajoutons à cela le dossier gelé des pourparlers sur le nucléaire iranien, qui creuse davantage le fossé entre les États-Unis et l’Iran. Il conviendrait également d'aborder la position des pays du Golfe face aux menaces de l'Iran, qui instrumentalise ses milices dans les pays qu'il domine, dont évidemment le Liban. Sans compter qu’avec la guerre entre la Russie et l'Ukraine qui menace l'équilibre mondial, le Liban est une priorité moindre pour la communauté internationale.
Le dossier libanais n'est pas près d’être débloqué de sitôt, si bien que la pression internationale exercée par le truchement du juge Bitar, malgré son importance, ne portera pas ses fruits immédiatement, même si elle va au-delà de la forme juridique pour appréhender les suspects protégés par leur immunité. En toute vraisemblance, les alliés de l’Iran sont bel et bien capables de supporter cette pression en usant de leurs stratégies habituelles qui consistent à déstabiliser le pays.
Ce retour donne lieu à deux lectures différentes : la première l'impute à la rencontre entre le juge Bitar et les magistrats français, qui auraient donné le feu vert international pour relancer l’enquête. La seconde lecture nie toute influence étrangère et attribue la relance de l’enquête au seul aspect judiciaire.
Tout compte fait, ce retour en force du juge Bitar prend une signification particulière et ne peut être réduit aux seules divisions internes au Palais de justice, mais concerne aussi le problème libanais dans son ensemble qui porte sur la spoliation de la souveraineté au profit de l'axe iranien, qui pèse de tout son poids dans la vie politique libanaise.
Pour cette raison, ce nouvel épisode constitue un nouveau départ, loin de l’attentisme caractéristique du paysage politique local, dans le sens où un choc à ce niveau est devenu nécessaire pour provoquer un changement.
La réalité libanaise laisse entrevoir un horizon peu prometteur, où les crises se multiplient sans issue et les bombes à retardement s’accumulent, menaçant d’aggraver la situation économique et sécuritaire. Ce même paysage est miné par une volonté de blocage - visant surtout le processus d’élection d’un président de la République - dû à la rupture de l’alliance entre les partenaires d’hier au niveau des camps «souverainiste» et de la résistance, sachant que l’apathie ambiante ne peut en aucun cas être palliée par le sit-in d’une poignée de députés au sein du Parlement.
D'aucuns seraient amenés à penser que la décision du juge Bitar de relancer l’enquête aurait été prise sous l’impulsion de la France, pour faire pression sur les différents acteurs locaux. Parmi les mesures de pression mises en place, il y a eu la volonté de mettre en exergue les conséquences de la visite de la délégation judiciaire européenne, enquêtant sur la prétendue «implication» de la Banque du Liban et des banques privées dans les dossiers de «blanchiment d’argent, de transfert illicite de fonds, de détournement de fonds et de corruption». En effet, le contenu de ces dossiers permettra de mettre en lumière les transferts de fonds effectués par les responsables politiques libanais, et facilitera ainsi les sanctions contre les individus accusés de crimes financiers, au Liban comme en Europe.
Selon certaines sources, cette pression à caractère judiciaire pourrait paver la voie à un résultat positif dans la perspective de la réunion des représentants des cinq pays (États-Unis, Arabie Saoudite, Qatar, Égypte, France) qui se tiendra à Paris, début février.
Mais quelles seront les conséquences de cette pression ? La déclaration de l’ambassade américaine demandant une enquête rapide et transparente sur l’explosion criminelle du port était-elle vraiment nécessaire ? Une telle déclaration ne va-t-elle pas inciter certains à accuser le juge Bitar d'obéir aux ordres du Grand Satan et de comploter contre la «Résistance» ?
Où mènera la pression internationale ? Aboutira-t-elle à une prise de décision positive au terme de la réunion de Paris, sachant que l’Iran n’y assistera pas ? Le plan échafaudé par la France pour le Liban tiendra-t-il sans le maillon manquant ?
Au Liban, les expériences passées ne présagent rien de bon, puisque c’est l’extérieur régional qui régit la scène libanaise - aujourd’hui encore plus que jamais. Force est de constater, somme toute, qu’il existe davantage d’obstacles à l’action internationale que d’éléments facilitateurs, au vu des rapports envenimés entre l’Europe et l’Iran en raison des sanctions imposées par le Vieux Continent aux Gardiens de la révolution islamique.
Ajoutons à cela le dossier gelé des pourparlers sur le nucléaire iranien, qui creuse davantage le fossé entre les États-Unis et l’Iran. Il conviendrait également d'aborder la position des pays du Golfe face aux menaces de l'Iran, qui instrumentalise ses milices dans les pays qu'il domine, dont évidemment le Liban. Sans compter qu’avec la guerre entre la Russie et l'Ukraine qui menace l'équilibre mondial, le Liban est une priorité moindre pour la communauté internationale.
Le dossier libanais n'est pas près d’être débloqué de sitôt, si bien que la pression internationale exercée par le truchement du juge Bitar, malgré son importance, ne portera pas ses fruits immédiatement, même si elle va au-delà de la forme juridique pour appréhender les suspects protégés par leur immunité. En toute vraisemblance, les alliés de l’Iran sont bel et bien capables de supporter cette pression en usant de leurs stratégies habituelles qui consistent à déstabiliser le pays.
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